Un groupe de personnes de genres variés travaillant dans un bureau open space
Zackary Drucker- The Gender Spectrum Collection (CC BY-NC-ND 4.0)

Popularisé via TikTok par l’utilisateur @zedlepplin, le quiet quitting, que certains qualifient de démission silencieuse mais qui peut également être entendu comme la grève du zèle, consiste pour un employé à ne faire que le strict minimum au travail. Ainsi, plus question pour les employés de faire plus que ce que leur fiche de poste indique, et les personnes qui conçoivent le travail de cette manière dans leur quotidien deviennent de plus en plus nombreuses.

Une situation symbole d’un changement de paradigme, ou un simple effet de mode ?

Il ne s’agit pas de ne plus vouloir travailler, mais de redéfinir ses priorités : d’après un article de Welcome to the Jungle, il s’agirait davantage d’un problème issu d’une époque plus que d’une tranche d’âge. En effet,  post confinement, les gens ont décidé de revoir leur définition en termes de travail : moins carriéristes et souhaitant se retrouver plus en phase avec leurs attentes en termes de temps personnel et de vie de famille, ils décident de refuser de laisser le travail créer un stress supplémentaire dans leurs vies.

La tendance s’inscrit dans la suite de la « Grande démission » américaine, où environ 4 millions de salariés ont quitté leur emploi en 2021 et dont on craint que cela ne fasse des émules en France. Certains, dont Dan Guez, co-fondateur du groupe OpenSourcing, pensent en revanche qu’il ne s’agit que d’une conséquence directe de la crise sanitaire, avec une déconnexion du monde du travail et un manque d’épanouissement professionnel. Et que ceci, ajouté à de multiples annonces anxiogènes (guerres, réchauffement climatique, catastrophes naturelles) pèse lourd sur le mental des jeunes générations inquiètes pour leur avenir.

Il faut dire que la santé mentale des plus jeunes n’est pas au beau fixe : 23% des salariés de moins de 30 ans estiment que leur santé mentale est mauvaise, contre 16% pour l’ensemble des salariés, 42% se disent stressés, contre 28% de l’ensemble des salariés, et 34% sont émotionnellement épuisés, (ils sont 22% pour l’ensemble des salariés) voire à bout de force (29% contre 19% de l’ensemble des salariés). Sur ces 23% de salariés de moins de 30 ans jugeant négativement leur santé mentale, c’est 44% des jeunes qui l’imputent au seul contexte professionnel, d’après une étude de Malakoff Humanis datée de juillet 2022.

Un rapport au travail de plus en plus changeant, sur fond d’anti-discrimination

Une étude issue de Gallup datant de 2017 pointait déjà le fait que seuls 6% des travailleurs étaient réellement impliqués dans leur emploi, 74 ne l’étaient pas, et 20% étaient activement désengagés en France. Par ailleurs, cette situation invite à se pencher non seulement sur le rapport entretenu entre les salariés et leur travail, mais aussi sur le travail effectué en lui-même.

Les femmes sont par exemple plus à même d’effectuer le travail que personne ne souhaite faire, et de surcroît, sont en proie à une plus grande souffrance au travail. Les infirmières et sages-femmes sont par exemple bien plus accidentées que les travailleurs du bâtiment, alors que l’on pourrait penser l’inverse au sein d’une société où la pénibilité est très corrélée à la virilité et où les femmes sont moins prises au sérieux que les hommes au sein de l’entreprise. Ce manque de considération et de reconnaissance de l’autorité des profils féminins conduit inévitablement à une réticence à accorder du crédit aux femmes ainsi qu’à leurs travaux et compétences, et par extension, n’incite pas ces femmes à se mettre en avant ni à s’impliquer plus que nécessaire au sein de l’entreprise.

Un mouvement qui incite les entreprises à œuvrer pour des salariés en forme sur leur lieu de travail

Il convient pour les entreprises de former les dirigeants au management des plus jeunes en entreprise, des salariés qui semblent pourtant être prêts à se donner à fond pour une réelle reconnaissance ainsi qu’une considération honnête de leurs aspirations personnelles. L’équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle, la flexibilité, le télétravail, la formation des managers et des chefs d’entreprises à ces nouvelles tendances sont autant de points qui devront faire l’objet de toute l’attention des entreprises si ces dernières souhaitent recruter, mais également fidéliser leurs nouvelles recrues.

Travailler encore et toujours sur la marque employeur, cette stratégie englobant la réputation de l’entreprise, les valeurs qu’elle souhaite diffuser et porter une attention toute particulière au bien-être en entreprise semble être la priorité pour éviter le turnover dans un marché du travail actuellement favorable aux salariés. Les candidat souhaitent et doivent pouvoir s’imaginer un avenir au sein d’une entreprise en expansion.