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Réalisé par C. Ege ULAS

Les nouvelles technologies et plus particulièrement l’intelligence artificielle (IA), ont une grande capacité de trouver des solutions afin de perfectionner le quotidien des individus. Cependant, comme toute technologie, l’IA comporte des risques et des défis sociétaux complexes tels que la discrimination fondée sur l’âge.

L’âgisme peut être défini comme une discrimination liée à l’âge touchant les jeunes, mais aussi et surtout les aînés dans une société telle que la nôtre, basée sur le travail et la productivité. Il faut savoir que si la discrimination fondée sur l’âge est éliminée dès la conception de l’IA, ces technologies peuvent servir à améliorer la santé et le bien-être de ces personnes comme le précise l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans ses notes d’orientation intitulées « Age Discrimination in Artificial Intelligence for Health ». Les technologies d’IA peuvent révéler des résultats révolutionnaires dans de nombreux domaines tels que l’estimation des risques pour la santé, la personnalisation des méthodes de soins, la domotique ou encore l’accès à l’emploi… Cependant, sans encadrement, la discrimination fondée sur l’âge dans la société peut augmenter. Une raison majeure ressort, selon la Professeure Charlène H. Chu, de l’Université de Toronto, l’exclusion des personnes âgées du monde numérique est étroitement liée à un manque de données. De plus, les données utilisées par l’IA ne reflètent pas la réalité car elles sont déformées par les stéréotypes et les préjugés.

L’IA et l’âgisme dans le monde du travail

Avant de parler de la discrimination fondée sur l’âge dans les technologies d’IA en matière de la santé et de développer les notes d’orientation de l’OMS, il convient tout d’abord de discuter brièvement d’une réalité d’inégalité des chances en matière de recherche d’emploi. Il est certain que notre société se fonde aujourd’hui sur les notions de vitesse, de performance, de productivité… C’est ainsi dans cette optique là que les machines sont rentrées dans nos vies. Les algorithmes sont partout, de la justice jusqu’au secteur bancaire en passant par le domaine publicitaire, la santé, mais aussi le travail. L’Internet est devenu l’outil indispensable pour recruter et être recruté. En effet, les contenus des campagnes de recrutement en ligne sont parfois diffusés auprès de certains individus sur les réseaux sociaux. L’IA joue en réalité un rôle majeur dans cette diffusion, c’est cette dernière qui décide du public visé et de qui va voir cette offre d’emploi. En outre, très souvent certaines personnes ne sont pas ciblées par les algorithmes en étant considérées comme inactives et non productives en raison de leurs âges. Encore, les professionnels RH utilisent couramment des outils de gestion automatique des candidatures qui s’appuient sur des algorithmes d’IA. Ces logiciels contribuent également à creuser des situations d’inégalité dans la société en refusant automatiquement certains individus.

L’IA et la santé : la gérontechnologie

La santé est également un des domaines où l’IA et les biais algorithmiques sont présents. La « gérontechnologie » est un mot-valise qui désigne tous les dispositifs technologiques créés pour répondre spécifiquement aux besoins des personnes aînées. Un aspect de la gérontechnologie gravite autour de l’utilisation des technologies de la santé pour surveiller à distance ces personnes. C’est par exemple le cas du « Smart Carpet », une moquette intelligente proposée par l’Université de Manchester qui capte les chutes afin d’intervenir dans des brefs délais en informant les secours. Ces technologies fonctionnent en collectant des données sur les individus, dans le but de détecter des mouvements inhabituels. Il apparaît que l’usage de l’IA dans ce cadre n’est pas autre chose que de la bienveillance, ainsi se pose la question de savoir où se situent les problèmes en la matière. En fait, les technologies d’IA dans le cadre de la gérontechnologie, contiennent des algorithmes basés sur un traitement des données qui sont opaques, autrement dit peu transparents. Effectivement, c’est là où réside la difficulté, en d’autres termes, la problématique est dans l’organisation ou la modélisation des données qui peuvent créer des stéréotypes. On parle alors de l’âgisme systémique. Un deuxième élément péjoratif peut également être abordé. C’est le cas de l’isolement social. La « gérontechnologie » désigne tout un panorama d’outils technologiques conçus non seulement pour combler les besoins de personnes âgées, mais aussi pour limiter et remplacer la surveillance humaine. L’utilisation de l’IA accentue alors le sentiment d’isolement de ces personnes. La crise sanitaire en est la preuve, la volonté de protéger davantage les personnes aînées les a rendues plus vulnérables d’un point de vue notamment psychologique.

Les risques éventuels tels que l’âgisme doivent être pris en compte et les précautions nécessaires doivent être prises à cet égard. C’est la raison pour laquelle l’OMS met en avant huit considérations pour lutter contre les discriminations fondées sur l’âge dans les technologies d’IA. Il convient de citer par exemple le développement des technologies d’IA avec les seniors, la collecte de données représentatives de toutes les catégories d’âge, la mise en place d’un processus d’éthique ferme, etc.

Alors, la discrimination fondée sur l’âge est courante et dangereuse, mais il demeure possible de la combattre. C’est pourquoi, il est primordial d’investir dans une éducation intergénérationnelle.  

 

 

 

 

 

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