Les robots représentent-ils une menace, ou vont-ils, au contraire, devenir les “meilleurs amis de l’homme” ?
Human and Shadow Hand
Dans la série suédoise “Real Humans” diffusée sur Arte, les héros s’appellent “hubots”. Robots d’apparence humaine, ils vivent dans les foyers, gardent les enfants, servent de partenaires sexuels, font la vaisselle, conduisent des voitures. Bref, rendent de petits et de grands services. Mais si l’on considère que les robots sont des pièces métalliques et plastiques articulées, équipées de moteurs et de capteurs reliés à un ordinateur, alors comment peut-on se poser la question de savoir si l’on peut être ami ou ennemi d’une telle quincaillerie ?
La question se pose car l’intelligence artificielle fait des progrès spectaculaires depuis quelques années. La création de robots capables de dépasser les humains n’est plus seulement une idée de science-fiction, elle est devenue réalité.

Le robot, meilleur ami de l’homme ?

Créée en 2005, Aldebaran, start-up française désormais aux mains d’un opérateur télécoms japonais (Softbank), est la spécialiste des robots humanoïdes de service à la personne. Son exemplaire le plus connu Nao, présent sur le plateau de “Salut les terriens !” (Canal+) a été écoulé à plus de six mille exemplaires auprès de professionnels, dans soixante-dix pays – USA, Japon et Chine en tête.
Selon Rodolphe Gelin Responsable Recherche chez Aldebaran, les robots permettront de maintenir à domicile des millions de personnes âgées dépendantes. Le devenir commercial de ces robots est par conséquent indubitablement lié au vieillissement de la population. Les robots permettront d’exercer auprès des personnes âgées une surveillance à domicile et même à terme leurs serviront d’aides comme le prévoit “Pepper”, plus grand que “Nao”, qui pourra “ouvrir une porte pour aller chercher les lunettes ou un verre d’eau dans la pièce à côté, suivre partout la personne âgée, lui rappeler de prendre ses médicaments, être son interface numérique unique et assurer le lien avec la famille en téléphonant ou envoyant un mail…
L’idée d’utiliser les robots à des fins utiles fait déjà son chemin, trois maisons de retraite belges utilisent déjà Nao comme répétiteur pour la mémoire, entraîneur sportif et animateur enjoué.

De la reconnaissance des robots en tant que sujet de droit

Alain Bensoussan évoque avec Vincent Touraine lors d’une interview au journal Le Monde le 29.05.2015, les implications juridiques de l’évolution de la robotique, induite de l’apparition de l’intelligence artificielle. S’ils ne sont pas doués de sensibilité, les robots dits “intelligents” sont dotés d’une autonomie décisionnelle réelle, permise par l’intelligence artificielle.
Ceci soulève une interrogation, car si dans les faits ils ne sont pas dotés d’un sens moral pour prendre de bonnes décisions, alors en cas de dérapage, qui sera responsable ? Leur constructeur, les personnes qui les programment, les robots eux-mêmes ? Mais alors, comment punir une machine ? Doter les robots de dernière génération de la personnalité juridique, c’est reconnaître un élément de différenciation par rapport aux objets. Le robot, jusqu’alors objet de droit, deviendrait ainsi sujet de droit. Il pourrait revendiquer le bénéfice de certains droits, mais également être astreint à certaines obligations légales.

Le visage humain des robots

Les robots vont menacer l’humanité”, prédit le célèbre physicien britannique Stephen Hawking. Mais si c’était uniquement notre imaginaire nourri, gavé de films et de bandes dessinées de sciences fictions qui nous faisait nous les représenter comme des êtres amicaux ou menaçants ?
Le Psychiatre Serges Tisseron dans son ouvrage “Le jour où mon robot m’aimera” (Albin Michel) pose le constat inverse et s’intéresse à  “l’empathie homme machine”. L’objectif est de concevoir un robot capable d’interagir avec un être humain en s’adaptant à lui, comme s’il était lui-même un être humain. Il semble que ce soit essentiel pour que nous puissions pleinement faire confiance à un robot. L’être humain souffre naturellement d’aversion pour tout comportement déviant de la part de ses congénères. Il en est de même pour les robots. La cohérence de leurs actions nous rassure. Plus que leur apparence, c’est la dissociation qui existe entre leur possible apparence humaine et le caractère non humain de leurs gestes, déplacements, mimiques et intonations qui dérange. Ce sont des humains discordants, et c’est ce qui, potentiellement, nous angoisse.
Le robot autostoppeur HitchBOT, en a fait les frais. Conçu par des chercheurs canadiens pour découvrir si les robots pouvaient faire confiance aux humains et après avoir paisiblement parcouru plus de 6 000 kilomètres au Canada il y a un an et visité une partie de l’Allemagne et des Pays-Bas, HitchBOT, a été détruit par un vandale aux États-Unis.
Apparemment rassurés par l’apparence sympathique et la politesse du petit robot, les automobilistes lui faisaient confiance et avaient jusque-là pris sans rechigner HitchBOT en stop, immortalisant ce moment spécial par de nombreuses photos partagées sur les réseaux sociaux. Son compte Twitter@hitchBOT compte plus de 60 000 abonnés. Peu avant sa destruction, HitchBOT confiait “Oh, mon corps a été endommagé“, “J’imagine que, parfois, de mauvaises choses arrivent aux gentils robots ! Mon voyage doit prendre fin pour le moment mais mon amour pour les humains ne s’éteindra jamais”.
Désiré Bruckmann Photo
DESIRE BRUCKMANN
Analyste et Veilleur Stratégique
En cours de spécialisation en E-business et Web-marketing. Étudiant en Master 2 « Commerce Électronique » (Université de Strasbourg) et titulaire d’un Master 2 « Marketing, Gestion Relation Client, Développement d’Affaires »

A propos de Désiré Bruckmann