Nouvelle influence cette année au Salon du Livre, qui se déroulait du 21 au 24 mars à Paris : les spécialistes du livre numérique ont su se frayer un chemin à travers les descendants du papyrus. Malgré une réticence notable de la part des français, la lecture numérique tout de même su faire parler d’elle.
Un accroissement lent, mais sûr
Aux côtés d’Amazon, Brokeen ou Kobo, de nouveaux éditeurs numériques arrivent sur le marché du livre français. Ils offrent ainsi à la France une chance de dépasser les timides 3% que représente le livre numérique dans le chiffre d’affaires global de l’édition. Le rapide développement des ebooks en France amène une étincelle optimiste à la lecture moderne. Comme l’explique Marie-Pierre Sangouard, directrice des contenus Kindle : « En France, le rythme est moins soutenu qu’aux États-Unis ou qu’en Grande-Bretagne, mais le marché avance. Pour preuve, en 2011, nous proposions 40% des titres de la rentrée littéraire. En 2013, nous en avions 90%. » Par ailleurs, une étude du GfK avance que d’ici à 2017, le chiffre d’affaires du numérique atteindra le quadruple de sa proportion actuelle, c’est-à-dire 180 millions d’euros contre 44 millions en 2013. Cette hypothèse ne peut qu’être soutenue par le sort fleurissant des ebooks dans les pays anglo-saxons. Selon le dirigeant de Brokeen, Michaël Dahan, les ebooks outre-Atlantique représenteraient 20 à 25% du volume édité.
L’auto-édition : un double avantage
Grande nouveauté au sein des éditions numériques, c’est l’auto-édition d’auteurs qui ne doit pas passer par les mailles du filet de l’édition traditionnelle. Certains auteurs ayant connus la gloire littéraire grâce à ce moyen, témoignaient notamment au Salon. La britannique, E. L. James a ainsi réussi à imposer son style et son œuvre à l’intérieur d’un cercle littéraire plutôt fermé. « Fifty Shades of Grey » a en effet d’abord été un succès de l’auto-édition avant de devenir un best-seller de l’édition sur papier. Kindle confirme que « dans son top 5 des meilleures ventes, 3 titres proviennent de l’autoédition via leur plateforme Kindle Digital Publishing ». Ce succès est double dans le sens, où il peut suivre la direction inverse : de nombreux best-sellers sur papier passent ensuite à l’édition numérique en proie à d’autres lecteurs.
Il existe ensuite d’autres maisons d’édition spécialisées uniquement dans l’auto-édition, comme BoD (Books on Demand). Ils s’agrandissent de jour en jour pour diverses raisons : « Les auteurs tricolores ont recours à l’auto-édition pour la simplicité d’usage (73,7 %), la liberté conservée sur le contenu (68.4 %), le plaisir que cela lui procure (47,9 %) et enfin le contrôle des droits d’auteurs (47,4 %). »
Les limites du numérique : entre piratage et menace idéologique
Afin de faciliter l’accès au numérique aux lecteurs français, un jeune projet AllBrary, filiale de Xandrie du groupe français Innelec Multimédia, a eu l’idée de regrouper plus de 80% des éditeurs français et britanniques en une seule et unique bibliothèque multimédia. Cette plate-forme propose des jeux, logiciels, livres, presse, magazines, vidéos, musique, etc., accolée à une boutique en ligne et à un réseau social. « Nous voulons permettre aux internautes de trouver facilement des ouvrages, mais surtout de faciliter leur accès », explique un porte-parole de l’entreprise.
Cette utopie numérique reste néanmoins menacée par une réelle existence et présence du piratage. Ainsi, à chaque fois qu’un média culturel passe au format numérique, il doit faire face au piratage. La société Youboox, qui propose une plate-forme de lecture en streaming, a révélé le 21 mars 2014 qu’un livre numérique sur deux disponibles en ligne est piraté.
A côté de cela, un réel frein idéologique menace le fleurissement du livre numérique. Ainsi, le ton était donné au Salon du Livre à Paris avec une avalanche de pancartes avançant : « Un livre ça se prête, une tablette ça se pète ! »
Entre nouvelles ressources littéraires, plus de facilités et de transparence entre l’auteur et le lecteur, les ebooks marchent d’un pas timide mais décidé vers le futur. Le prix du livre numérique n’est pas le seul avantage de cette nouvelle lecture, il offre des nombreuses et diverses possibilités. Les français seraient-ils prêts à donner une nouvelle impulsion à l’édition en acceptant davantage la nouvelle forme de lecture ?
Fabio MARTINS-CERQUEIRA
Étudiant en M2 Commerce électronique, passionné de nouvelles technologies, de sport et de tout ce qui touche au monde des communications/marketing.