De nombreuses recherches et études axées sur l’utilisation des technologies virtuelles pour le traitement des malades psychologiques ont vu le jour. Ce modèle hybride de soin entre vérité et virtualité est une technique prometteuse pour les patients souffrants de troubles mentaux.
La schizophrénie est une maladie mentale caractérisée par des symptômes assez sévères et dangereux. Elle cause , par exemple, différents types d’hallucinations (auditives, visuelles et encore des hallucinations olfactives et gustatives) qui peuvent être très pénibles et désagréables, bouleversant le quotidien des individus. De plus, des sensations corporelles et physiques hallucinatoires peuvent également apparaître. Encore, des délires de pensée ou de contrôle, des troubles de mémoire, une dégradation des aptitudes quotidiennes, isolement social etc. Son traitement classique correspond à la prise de pilules et de substances médicamenteuses afin d’atténuer les symptômes et d’essayer de générer une réhabilitation psychosociale du patient.
Les patients schizophrènes peuvent être violents et dangereux pour leur entourage. Le nombre de personnes touchées par cette maladie est d’une personne sur cinq en France. Elles traduisent souvent des délires et d’hallucinations qui aboutissent à une perte de contrôle mental et physique. Généralement prenant forme d’un démon, les hallucinations perçues sont reproduites par les spécialistes en vue de créer un dialogue entre ce dernier et le patient.
D’un autre côté, se posent les symptômes négatifs se traduisant par la non-socialisation et le refus d’exercice d’activité quotidienne. Pouvant également apparaître sous forme de trouble de penser, d’attention, de concentration, ou peut se manifester sous forme d’isolement social, de perte d’énergie et de manque d’intérêt.
La thérapie par réalité virtuelle appliquée à la santé mentale
Alexendre Dumais, psychiatre et chercheur en technologie appliquée à la maladie mentale, a conçu un projet destiné à réduire les hallucinations auditives des patients atteints de schizophrénie. Après plusieurs études et recherches, sa conclusion est arrivée au fait qu’on doit pouvoir établir une conversation, un dialogue, entre le patient et ses hallucinations. Compliquée en clinique, c’est ce qu’a pu proposer la réalité virtuelle.
L’exemple du premier patient à participer à ce projet : Richard, souffrant de schizophrénie depuis plus de 25 ans. Grâce au casque de réalité virtuelle, il a enfin eu l’occasion de se retrouver face à face avec son démon. Pour le faire, ce dernier a dû écrire ses hallucinations au psychiatre, qui a par la suite créé un environnement virtuel adéquat formé d’un certain avatar caractérisant la créature hallucinée.
Ce type de thérapie pourrait en premier temps paraître effrayant, mais, permet au patient de comprendre l’importance de la gestion de ses émotions et de le permettre de confronter ses peurs. Ce projet ayant démontré des résultats prometteurs, fut la première étape qui a fait lancer la TERV afin de traiter la schizophrénie.
Aussi répandu comme étant une confusion entre réalité et hallucinations, il a été difficile de croire que cette pathologie peut être traitée par la réalité virtuelle. Malgré cette présomption, un premier essai sur quatre schizophrènes a montré une forte motivation de ces derniers au traitement en question. Cette technologie immersive a permis aux patients de se rendre compte de la différence entre réalité et virtualité, en acceptant une réhabilitation et en montrant une meilleure orientation temporo-spatiale. Durant le processus, les patients effectuent des tâches de difficultés variées, du simple fait d’attraper des balles jusqu’à des gestes répétitifs rapides nécessitant une forte concentration, ainsi que des exercices de mémoire. Toutes ces études ont démontré une meilleure confiance en soi, un développement des compétences ainsi qu’une meilleure intégration sociale.
Des chercheurs de l’université de Montréal ont également analysé la possibilité d’utilisation d’un avatar[1] virtuel à travers les casques de réalité virtuelle pour le traitement de la schizophrénie. Pour cette dernière, l’utilisation d’un avatar permet non seulement d’utiliser la méthode de la voix, mais a aussi permis aux patients de voir cette personne. Cette méthode vise à atténuer les hallucinations auditives que pourraient confronter le patient et de faire face à ces dernières en autorisant les schizophrènes à prendre plus de contrôle.
Le psychiatre prend généralement le contrôle de l’avatar dans un premier temps en essayant de transmettre les mêmes hallucinations vécues par le patient et, au fur et à mesure des séances, le discours proposé par l’avatar peut être graduellement changé et adapté. Enfin, les patients remarquent que l’avatar n’est autre qu’une personne irréelle. Ainsi, les patients constatent enfin que les mots entendus par la voix hallucinée « imbécile », « bon à rien », etc ne proviennent que de leurs propres pensées et ne reflètent pas la vérité.
Estime de soi, soulagement, confiance et contrôle, c’est ce qu’apporte la TERV à la schizophrénie.