« Si vous faites quelque chose et que vous ne voulez que personne ne le sache, …peut-être devriez-vous déjà commencer par ne pas le faire ! »
Eric E. Schmidt, Président exécutif de Google

Nos données existent déjà quelque part : sur un ordinateur, un serveur, dans les administrations, chez le médecin, chez l’employeur et plus au moins ouvertement sur les réseaux sociaux.
Est-ce que nous sommes tous victimes d’espionnage ? Vit-on dans un monde de surveillance ? Ou bien, est-ce qu’on évolue dans une société plus libre dans laquelle on ne se cache plus rien puisque de toute façon ce n’est plus possible ?

1
Crédits photo : http://www.itespresso.fr

Même en débranchant complètement téléphone et internet, nous sommes surveillés en permanence ; partout le nombre de caméras ne cesse d’augmenter, dans la rue, devant les distributeurs et jusque dans le métro. Les caméras sont de plus en plus nombreuses, rien qu’à Hambourg on n’en dénombre 50 000, d’autres villes d’Allemagne s’équipent et c’est la même chose en France où le système de surveillance dans les lieux publics a triplé ces dernières années. En Grande-Bretagne, les habitants des grandes villes passent devant des cameras 300 fois par jour.
Les caméras de surveillance sont devenues depuis longtemps une réalité. Mais si ces caméras peuvent rendre nos villes plus sûres, après tout, pourquoi ne pas en être reconnaissant ? Grâce aux caméras la police peut élucider beaucoup plus de délits et arrêter les coupables bien plus rapidement. Pourtant à l’origine, les cameras ont été mises en place pour décourager les délinquants et non pas pour favoriser les enquêtes. Force est de constater qu’elles n’ont pas rempli leur mission première. Dans certains quartiers en Allemagne, le nombre d’actes de violence n’a pas baissé malgré les caméras, elles n’empêchent pas les criminels d’agir.
Source : Eurostat
Source : Eurostat 2013

On ne peut toutefois ignorer le sentiment de sécurité qu’elles procurent. Aujourd’hui toutes les rames et les stations du métro d’Hambourg sont équipées de caméras et les passagers se sentent plus en sécurité. Des études l’ont prouvé, les usagers peuvent enfin prendre le métro sans se sentir menacé. Mais le prix de ce sentiment de sécurité ne cesse de s’alourdir, en Allemagne et en France la police doit encore flouter les entrées des logements et des fenêtres, mais sur les caméras privées, il est impossible de le faire. En Grande-Bretagne, de plus en plus de vidéos croustillantes débarquent ainsi à la télévision et sur internet en guise de divertissement. Cela, les allemands n’en veulent pas, ils se montrent nettement plus sensibles que les Britanniques.  
Le respect de la vie privée ne signifie pas qu’on a le droit de se déplacer dans les lieux publics sans être observé, en Allemagne si. Exemple avec Google street view, dans d’autres pays les gens s’en amusent et tournent le système en dérision, en Allemagne il a fait l’objet d’un débat passionné et aujourd’hui les Google cars ne circulent plus dans les rues du pays. Peut-être les Allemands prennent-ils le concept de la vie privée un peu trop au pied de la lettre.
Mais à force de tout accepter, les barrières ne cessent de reculer. De nos jours, il est impossible de contrôler les cameras privées. Dans les centres commerciaux par exemple, chaque client est désormais considéré comme un délinquant potentiel, pourtant ce n’est pas là que le besoin de sécurité se fait plus sentir. Alors à quoi servent vraiment ces caméras? À surprendre les gens entraine de fumer ! Quelques chapardages isolés, justifient-ils parfois ce qui apparente à un flicage systématique ?
Maigre consolation, un centre commercial n’a pas assez de personnel pour regarder toutes les vidéos. En outre s’il ne se passe rien, celles-ci doivent être effacées au bout de 70 heures, alors pourquoi s’inquiéter ?  Peut-être que l’état de surveillance, ne semble plus si loin. À Middlesbrough en Angleterre, la police peut même directement interpeller les personnes observées par hautparleur interposé.
De plus en plus de caméras nous espionnent et avec les menaces terroristes, nous avons encore de plus en plus tendance à les accepter. La présence de certaines se justifie peut-être, mais pas au prix des libertés individuelles.
Voulons-nous réellement vivre sous une surveillance constante ? Une chose est sûre, bientôt il sera trop tard pour revenir en arrière.
Une personne surfant quelques minutes sur le net commence à relever ses emails, comme nous sommes des millions à le faire régulièrement. Cet individu n’est pas le seul à lire la question de son ami, Google aussi. Le géant du web scanne les messages pour y trouver des mots-clés à des fins publicitaires, par exemple le mot « vacances ». Mieux encore, Google mémorise l’adresse de l’ordinateur, son type de navigateur, son système d’exploitation pour pouvoir l’identifier facilement plus tard. Google place également ces informations sur l’ordinateur de la personne, c’est ce qu’on appelle les cookies (suite d’informations enregistrées sur l’ordinateur). L’individu s’attèle maintenant à programmer ses vacances, Google a retenu la requête ainsi que les résultats sélectionnés, mais même en quittant la page, cet individu n’échappe pas à la soif d’informations du géant du web. L’agence de voyages qu’il a choisi commercialise son espace publicitaire via une filiale de Google. Ici aussi chaque clic de l’individu est mémorisé, Google ne sait pas seulement ce qui a été cliqué mais il sait aussi par qui. En théorie, le nombre d’informations accumulées à son sujet permet de dresser un véritable portrait-robot : l’individu s’intéresse au football, aux alcools forts, à la politique, il a un deuxième portable, il fréquente les sites de rencontres…n’est-ce-pas effrayant ?!
On peut effacer les cookies sur nos ordinateurs, c’est efficace,  mais ça n’empêche pas notre fournisseur d’accès internet de conserver des informations sur nous et de pouvoir nous reconnaitre. En outre, on peut être identifié grâce à notre comportement, c’est-à-dire aux pages que nous regardons, à l’ordre dans lequel nous les lisons, le temps que nous passons dessus…c’est un comportement unique et c’est à cela qu’ils peuvent nous reconnaitre. Les géants d’internet tel que Google et Facebook sont d’énormes sociétés qui gagnent de l’argent grâce à la collecte d’informations. Ce sont les données personnelles de chaque individu qui les enrichissent, plus ils ramassent des informations sur une personne, plus c’est efficace pour leurs objectifs publicitaires et mieux ils peuvent cibler la clientèle.
Aujourd’hui nous révélons toutes nos informations sur internet, ou bien ce sont nos appareils (smartphones…) qui se chargent discrètement de le faire. Par exemple, dans le cas où on possède un smartphone, aussitôt qu’il est allumé, il envoie des données et je suis localisable en permanence. Si en plus, j’utilise le système d’exploitation Android, Google sait à tout moment où je me trouve et ce que je cherche sur internet. Tous mes contactes et mes rendez-vous sont enregistrés sur un serveur de Google. Par sécurité, c’est très pratique pour moi mais aussi pour Google.
Vers quelle société sommes nous dirigés ?
D’après certains spécialistes de la sécurité informatique, nous nous dirigeons vers une société de moins en moins libre. Quand on sait que nous sommes surveillés, nous nous comportons différemment. De nombreuses études sociologiques le prouvent, mais il suffit de regarder pour se rendre compte : si je sais que je suis observé, je suis différent. Actuellement la collecte des données se fait plutôt clandestinement et les gens n’ont pas le choix.
 
Hakim BouarabaHakim BOUARABA
Etudiant en Master 2 Commerce électronique à l’Université de Strasbourg, je suis passionné par le domaine du numérique, les innovations technologiques et le droit de l’internet.

A propos de Hakim Bouaraba

Cette publication a un commentaire

  1. Dubois

    Bravooo monsieur Schmidt, vous partagez le même point de vue que celui exprimé par les dirigeants de la CIA et de la NSA ‘si vous ne faites rien de mal, alors vous n’avez rien à craindre de la surveillance de nos agents sur internet’. Mais que pensent ces gens du terme ‘intimité’ ou bien ‘le respect de la vie privée’ ? personnellement je pense que les leaders européens doivent aller en avant dans la création d’un réseau internet qui ne passe pas par les états unis pour faire fuir nos données personnelles des griffes des agences de surveillances.

Les commentaires sont fermés.