Uhuru est un programme entièrement français, qui vient d’être présenté, dans la continuité de l’affaire PRISM et avec la volonté croissante de sécuriser ses données. Ce téléphone crypte notamment les messages et les appels qui y transitent.

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Uhuru est un système d’exploitation, basé sur l’architecture Android de Google, mais reprogrammé et sécurisé en profondeur. Ce n’est donc pas l’appareil lui-même qui est sécurisé, mais son logiciel interne.
Ce système d’exploitation pour mobiles et tablettes a tout d’abord la particularité d’être open source, et permet donc à ses utilisateurs d’en vérifier l’architecture. Aujourd’hui, les smartphones sont particulièrement ciblés par les agences de renseignement et les sociétés commerciales, car ils contiennent énormément de données personnelles facilement exploitables. Le smartphone a en particulier –contrairement à un ordinateur classique- une puce GPS intégré qui permet de le localiser au mètre près. De plus, le répertoire électronique d’une personne est de plus en plus valorisé par les entreprises, et donne beaucoup d’informations sur ses habitudes et ses relations, surtout lorsque celles-ci sont recoupés entre plusieurs utilisateurs. Enfin, il est beaucoup plus facile d’accéder aux messages d’un téléphone portable qu’aux emails d’une personne sur son ordinateur. Il n’y a d’une part pas de mot de passe et d’autre part, tout est centralisé sur le téléphone. Accéder au téléphone, c’est accéder à l’essentiel des données personnelles d’une personne.
Le système Uhuru a également la particularité de fournir une fausse localisation aux applications trop curieuses (notamment en indiquant le siège de la NSA), et bloque les applications qu’il n’a pas certifiées directement. Cela limite grandement le choix des utilisateurs, mais la sécurité est à ce prix. Il faut donc se limiter pour l’instant à  500 applications, contre plusieurs millions sous Android. Et les certifications se font au compte goutte : il faut passer 11 étapes d’analyse pour être approuvé par l’OS.
Uhuru  (qui signifie « Liberté » et « Indépendance » en Swahili, langue d’Afrique de l’est) a aussi la faculté d’identifier les menaces, non pas uniquement selon leur signature (qui doit donc avoir été signalée préalablement), mais en fonction du comportement des applications.
Ce programme fait cependant face à une forte concurrence. Le groupe Français BULL propose lui aussi un téléphone sécurisé, mais cible d’avantage les entreprises et les administrations, du fait d’un prix prohibitif à plus de 2000€. L’Espagne propose également le « Blackphone », présenté au dernier salon de Barcelone comme un téléphone anti NSA et coûte environ 550€. Il faudra donc voir où se situera Uhuru lorsqu’il sera mis sur le marché.
Par ailleurs, le système Uhuru peut être installé sur la plupart des smartphones, mais nécessite la désinstallation du système d’exploitation qu’il contient. Cette opération étant très technique, il est préférable d’acheter un appareil sur lequel Uhuru a déjà été installé par le développeur.
 
Adrien LAURENT

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