Combien de familles ont vu leur sortie dominicale au McDo gâchée parce que la surprise du Happy Meal ne plaisait pas aux enfants ? McDo pense avoir trouvé la solution en utilisant l’impression 3D.
L’impression en 3D révolutionne le monde industriel, mais pas seulement. Cette technologie peut potentiellement intéresser de nombreux secteurs d’activité, notamment celui de la restauration.
Ainsi, Mark FABES, directeur des technologies et de la communication chez McDonald’s, indique que la chaîne de fast-food étudie la possibilité d’installer des imprimantes 3D dans ses restaurants. L’objectif serait de permettre aux – nombreux – enfants insatisfaits par le jouet proposé dans le célèbre menu Happy Meal de commander une « surprise » de leur choix directement en restaurant.
Une technologie adaptée au secteur de la restauration ?
L’utilisation de l’impression 3D induit des coûts relativement importants, bien qu’ils tendent à diminuer. Ces considérations économiques seront évidemment mises en balance avec l’important potentiel de cette technologie en termes de marketing puisque la célèbre surprise contenue dans le menu Happy Meal est l’objet d’attraction principal des enfants. Le fait de fabriquer l’objet sur mesure, devant les enfants, ne fera que renforcer cette attractivité.
Cependant, il y a un aspect particulièrement important qui doit être observé : celui de la toxicité des particules émises lors de l’impression. Plusieurs études ont déjà été menées sur le sujet. Des chercheurs de l’Institut de technologie de l’Illinois à Chicago ont ainsi mesuré ces particules dites « ultrafines » et ont exposé que, selon le type de matériau utilisé, plusieurs milliards de poussières microscopiques étaient émises durant le processus d’impression (sur ce sujet : « Le versant sombre des imprimantes 3D » publié sur lemonde.fr le 26 août 2013). L’opportunité d’un tel usage dans un restaurant sera donc à étudier au regard des préconisations d’hygiène et de santé publique.
Des enjeux juridiques et économiques importants
Par ailleurs, l’impression 3D, dans ce cadre précis, se heurtera aux dispositions légales relatives à la sécurité des jouets. À ce titre, la directive européenne 2009/48/CE (pdf) définit les exigences minimales de sécurité. Des organismes de normalisation européens vont, quant à eux, élaborer des normes techniques détaillées selon le type de produit. Les jouets ne respectant pas ces normes ne pourront pas être mis en libre circulation dans l’Union Européenne alors que ceux qui respectent la réglementation devront porter le marquage de conformité « CE » apposé par le fabriquant lui-même. La question est donc de savoir si l’utilisation des imprimantes 3D pour confectionner ces jouets permettra de satisfaire les normes européennes en matière de sécurité.
Enfin, le volet propriété intellectuelle d’un tel projet doit être mis en lumière, notamment dans sa dimension économique. Dans l’hypothèse où McDonald’s souhaiterait fabriquer des jouets représentant des personnages connus des enfants, la personnalisation de l’offre impliquerait de disposer d’un catalogue assez riche. Pour cela, la chaîne de fast-food devra conclure avec les titulaires de marques des contrats de licence, comme elle a pu le faire par le passé avec The Walt Disney Company par exemple. Cette richesse du catalogue pourrait toutefois se heurter au souhait des titulaires de marques de conclure seulement des contrats d’exclusivité.
Ces enjeux seront assurément étudiés par les équipes de Mark FABES, ce dernier précisant qu’il s’agit pour le moment « d’une simple idée ».
Adrien PITTION
Étudiant en Master 2 Gestion et Droit de l’Économie Numérique, curieux et passionné par l’innovation et les questions juridiques qu’elle engendre. J’éprouve un intérêt particulier pour le droit de la propriété intellectuelle appliqué aux nouvelles technologies.