La Lutte contre le Blanchiment d’argent et le Financement du Terrorisme est un phénomène qui n’est pas récent. Les premiers textes imposant de nouvelles obligations aux banquiers remontent à une loi du 12 juillet 1990. A l’époque, le banquier se voyait obligé de lutter préventivement contre le blanchiment d’argent en se voyant imposer l’obligation de vigilance et de déclaration. Ces deux obligations n’ont cessé de se renforcer avec le temps car cette lutte préventive contre le blanchiment a connu de grosses évolutions sous l’impulsion du droit de l’Union européenne mais surtout avec la mise en place des innovations technologiques, comme la Blockchain ou les algorithmes d’Intelligence Artificielle, qui deviennent une réponse à ces problématiques.
Aujourd’hui, le Blanchiment d’argent et le Financement du Terrorisme représentent des menaces croissantes, avec des défis amplifiés par l’usage des cryptoactifs et la complexité des transactions financières modernes. Ces problématiques, touchant à la fois la sécurité mondiale et la stabilité économique, appellent des réponses technologiques adaptées. Parmi elles, l’intelligence artificielle (IA), le Machine Learning, le Big Data et la blockchain jouent un rôle crucial dans la détection et la prévention des activités criminelles.
Les Cryptoactifs : Un nouveau terrain de jeu pour les criminels
Les actifs numériques ont révolutionné le paysage financier en offrant une certaine autonomie vis-à-vis des intermédiaires traditionnels tels que les banques. Cette indépendance a facilité l’anonymat dans les transactions, attirant à la fois des investisseurs légitimes et des acteurs criminels. Face à ces enjeux, les autorités et le secteur financier investissent dans des technologies pour anticiper et contrer les activités illicites. Les cryptoactifs, notamment les cryptomonnaies, sont devenus un terrain de jeu pour les criminels en raison de leur anonymat relatif, de leur décentralisation et de leur capacité à faciliter des transactions rapides et transfrontalières. L’absence d’intermédiaires traditionnels et les régulations parfois insuffisantes dans certaines régions permettent de dissimuler des flux financiers suspects, rendant plus difficile leur détection.
Les différents outils technologiques pour la détection des fraudes
Avec l’emergence des nouvelles technologiques, on retrouve désormais de nombreux outils aidant les différents acteurs dans leur mission de détection des fraudes:
- Les algorithmes d’Intelligence Artificielle et le « Machine Learning »
Le Machine Learning permet d’analyser de vastes volumes de données et de détecter des schémas suspects en temps réel. Grâce à des algorithmes de plus en plus sophistiqués, l’IA identifie rapidement les comportements atypiques dans les transactions financières, une technique largement employée par les institutions bancaires pour détecter les activités inhabituelles.
- Le Big Data
Le Big Data joue un rôle essentiel dans la collecte et l’analyse de données massives. Désormais, il est possible de prédire des transactions suspectes et d’identifier des réseaux à risque. Cette approche permet aux acteurs financiers de détecter plus facilement les réseaux criminels et d’anticiper des activités illicites.
- Blockchain : un outil de transparence et de traçabilité
La blockchain, technologie décentralisée, renforce la transparence des transactions financières. Elle permet le stockage sécurisé d’informations sans autorité centrale, limitant l’anonymat des transactions, souvent exploité par les criminels. En surveillant les flux financiers, la blockchain aide à tracer les actifs et à prévenir leur utilisation à des fins de Blanchiment d’argent et de Financement de Terrorisme. Cette transparence peut parfois poser des questions en matière de confidentialité et de respect des droits individuels.
- La surveillance instantanée dans les institutions financières
Les banques adoptent désormais des systèmes de surveillance en temps réel pour bloquer les transactions risquées. Ces systèmes analysent les données instantanément et peuvent stopper une transaction dès qu’un risque est identifié. Cette réactivité permet de bloquer les activités de BFT avant qu’elles ne se propagent.
- KYC Infogreffe : un nouvel outil mis en place par les greffiers des tribunaux de commerce
KYC Infogreffe est une solution de surveillance conçue pour la connaissance du client, reposant sur des documents officiels et validés par les greffiers des tribunaux de commerce. Ce service permet de contrôler l’ensemble des documents certifiés relatifs aux acteurs et clients, afin de se conformer aux exigences de lutte contre le Blanchiment d’argent et le Financement du Terrorisme.
Le respect de la vie privée : un enjeu essentiel
L’utilisation de technologies de surveillance soulève des questions importantes en matière de vie privée. Le besoin de protection contre les crimes financiers doit être équilibré avec le respect des droits individuels. Les législations devront s’adapter pour encadrer l’usage de ces technologies et garantir une utilisation éthique, sécurisée et respectueuse des libertés fondamentales.
Les technologies telles que l’IA, le Big Data et la blockchain offrent des outils puissants pour anticiper, détecter et bloquer les activités criminelles dans le secteur financier. Bien que leur efficacité soit indéniable, il reste crucial de renforcer leur encadrement pour éviter les dérives en matière de vie privée et garantir le respect des droits des individus dans la lutte contre le Blanchiment d’argent et le Financement du Terrorisme.
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