« […] Jusqu’à récemment, les joueurs montaient sur le terrain et tout dépendait d’eux. À présent, les données constituent un moyen supplémentaire pour nous aider à faire progresser les joueurs et l’équipe. »
– Nuno Gomes, directeur du centre de formation du SL Benfica de 2015 à 2017
Big data et intelligence artificielle
Face à la puissance économique des plus grandes écuries du football – notamment grâce à des montants de droits télévisés plus généreux octroyés par les diffuseurs – les clubs du championnat portugais n’ont d’autre choix que de trouver des stratégies alternatives pour assurer leur succès sportif et leur survie financière. Une solution qui passe inévitablement par la vente des actifs les plus importants : leurs meilleurs joueurs.
C’est pourquoi Benfica mise gros sur le big data et l’intelligence artificielle pour le développement et la valorisation financière de ses footballeurs dès leur formation, au point d’en avoir créé son propre laboratoire d’analyse de données de performance : le Benfica LAB.
« Notre approche consiste à trouver la bonne pépite au bon moment. Mais nous croyons fermement que la technologie et l’innovation peuvent nous aider à être plus performants. […] Aujourd’hui, le défi des sciences du sport repose sur la modélisation des données pour nous permettre de prendre de meilleures décisions. »
– Domingos Soares de Oliveira, PDG du club lisboète depuis 2004
Machine learning et analyse prédictive
Le rôle du labo consiste tout d’abord à mesurer et assurer un suivi minutieux de toute une série d’indicateurs tels que le rythme cardiaque, la vitesse de course, le temps de récupération, les heures de sommeil ou encore l’apport calorique des athlètes.
Ensuite, à partir de ces données brutes et à l’aide du machine learning, le personnel établit des modèles prédictifs pour pouvoir communiquer aux staffs techniques et aux entraîneurs quels joueurs sont aptes à jouer avant un match, définir des programmes d’entraînement personnalisés, et par-dessus tout éviter toute blessure susceptible de freiner l’évolution et la valorisation des jeunes talents issus du centre de formation.
« Nous utilisons le machine learning et l’analyse prédictive afin de déterminer les facteurs qui mènent au succès. Les joueurs peuvent ensuite utiliser ces apprentissages pour optimiser leur performance et s’améliorer en permanence. »
– Bruno Mendes, responsable du Benfica LAB
Pour ce faire, le Benfica LAB utilise des outils Microsoft Cloud tels que Azure, une solution de stockage en nuage qui permet de centraliser tous les indicateurs mesurés dans un seul lac de données hautement sécurisé. Tout le personnel dédié peut ainsi en savoir plus sur ses propres athlètes et prédire au mieux leur condition physique, les données de performance correspondantes et leur temps de récupération nécessaire.
« […] Il y a encore cinq ans, on se servait de nos propres datacenters et serveurs pour tous les calculs. Actuellement, on utilise Microsoft Azure, un outil très puissant. Tous les clubs sont en quête de modèles prédictifs. Nous avons déjà de très bons modèles pour mesurer la charge physique et la fatigue des joueurs, mais le machine learning nous aide à aller encore plus loin. »
– João Copeto, directeur informatique du Benfica Lisbonne
Des résultats sans appel
Une stratégie qui porte bien ses fruits au vu des recettes réalisées par le club lisboète sur le marché des transferts au long des dernières saisons, avec un total s’élevant à 466,65 millions d’euros si l’on compte uniquement les ventes de joueurs issus du centre de formation – soit une moyenne de 35,9 millions par vente.
Transferts de joueurs formés à Benfica sur les dernières années |
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Joueur |
Vendu à |
Année |
Montant |
Rúben Dias | Manchester City | 2020 | 68 millions € |
João Félix | Atlético Madrid | 2019 | 127,20 millions € |
João Carvalho | Nottingham Forest | 2018 | 15 millions € |
Ederson Moraes | Manchester City | 2017 | 40 millions € |
Victor Lindelöf | Manchester United | 2017 | 35 millions € |
Nélson Semedo | FC Barcelone | 2017 | 35,70 millions € |
Gonçalo Guedes | Paris Saint-Germain | 2017 | 30 millions € |
Hélder Costa | Wolverhampton | 2017 | 15 millions € |
Renato Sanches | Bayern Munich | 2016 | 35 millions € |
Bernardo Silva | AS Monaco | 2015 | 15,75 millions € |
Ivan Cavaleiro | AS Monaco | 2015 | 15 millions € |
João Cancelo | FC Valence | 2015 | 15 millions € |
André Gomes | FC Valence | 2014 | 20 millions € |
Total | 466,65 millions € |
Malgré son coût non négligeable, la technologie de pointe peut donc tout à fait représenter un investissement à la fois rentable et durable pour valoriser les actifs d’un club de football, au point d’en assurer la compétitivité tant sur le plan des résultats sportifs que de la santé financière.