Le Revenge Porn ou « revanche pornographique » est une pratique consistant en la diffusion en ligne et au public de photos ou vidéos sexuellement explicite d’une personne sans son consentement dans le but d’une vengeance personnelle afin de blesser et d’humilier.
En quoi est-ce un fléau digital ?
Le revenge porn est un phénomène mondial. C’est un fléau digital sévissant sur Internet, plus précisément sur les réseaux sociaux et des sites dédiés. En effet, l’essor du numérique a constitué un véritable espace privilégié pour le revenge porn en permettant une diffusion la plus large possible de ces images intimes par le « porno vengeur ».
En moyenne, 53% des cas se font sur Facebook et Messenger, mais également sur Snapchat à hauteur de 11% et sur Instagram avec 4% des cas.
Concernant les victimes, selon une étude de la Data & Society Research Institute, environ 4% des internautes américains sont menacés ou victimes. Et, selon une étude de l’Institut royal de technologie de Melbourne, 1 Australienne sur 5 (de 18 à 45 ans) a été victime de revenge porn.
Quelles sont les sanctions actuelles ?
 Plusieurs Etats ont légiféré pour sanctionner le revenge porn. En France, c’est la loi pour une République numérique du 7 octobre 2016 qui est venu renforcer le Code Pénal en créant l’article 226-2-1 durcissant les sanctions pénales dans les cas spécifiques de contenus à caractère sexuel. Désormais, le délit de vengeance pornographique, qui constitue une atteinte à la vie privée, est puni de 2 ans d’emprisonnement de 60.000€ d’amende.
Le problème est que le temps judiciaire n’est pas celui des médias : il faut prouver la culpabilité devant la justice avec des preuves comme une capture d’écran faite par un huissier ou une constatation de la mise en ligne par un agent de police. Cela nécessite donc que le contenu reste un certain temps. Les victimes, qui ne peuvent agir qu’à posteriori, préféreront supprimer leur image le plus vite possible afin de limiter le préjudice subi.
Quelles sont les solutions existantes pour lutter contre ce fléau ?
 Face à ce genre de cyberviolences à caractère sexuel, les géants du web ont déployés des contre-mesures pour les limiter. Par exemple en 2015, Google annonçait prendre position contre le revenge porn dans ses résultats de recherche en mettant en place un formulaire pour que les victimes puissent retirer du référencement les contenus préjudiciables publiés sans leur consentement. Cette initiative relativement limitée et nécessitant une action de la victime ne concerne que les résultats de recherche Google, mais permettrait de lutter contre la facilité d’accès au revenge porn.
Les réseaux sociaux s’y sont aussi attelés en instaurant des règles de conduite, des techniques de modération et des dispositifs de signalement pour contrecarrer ces cyberviolences. Toute entorse à ces règles pouvant entraîner le blocage ou la suspension des comptes concernés. Mais les sanctions n’étant pas couplées à des mesures pénales, elles sont inefficaces d’autant plus qu’il est facile de recréer un compte fermé.
En novembre 2017, Facebook annonce le lancement d’un programme-pilote testé actuellement en Australie en partenariat avec la eSafety. Ce système préventif vise à se prémunir d’une atteinte : les individus envoient en amont à Facebook leurs contenus compromettants afin d’empêcher leur future publication par le biais d’un hachage. Cela leur attribuera un sceau numérique pour empêcher la diffusion des contenus sur Facebook, Instagram ou Messenger. Si cette initiative proactive est nécessaire, elle est imparfaite et controversée au vu de la protection des données personnelles. En effet, pour empêcher la diffusion des contenus, le procédé requiert leur stockage sur les serveurs pendant une « courte » période afin d’y apposer le “hash”. Donc pendant le laps de temps entre l’envoi de l’image par l’utilisateur et le moment où elle est supprimée des serveurs, l’image est stockée, or, ce sont des données sensibles relevant de la vie privée. Ce stockage inquiète, d’autant plus que Facebook n’est pas à l’abri d’une cyberattaque. Et par rapport au RGPD, seules les filiales Facebook situées dans l’UE seraient concernées par les mesures de protection des données, mais quand sera-t-il hors UE ?
Ces solutions existantes ne sont pas suffisantes et restent imparfaites pour lutter efficacement conte ce fléau 2.0. L’élaboration de moyens efficace de lutte est donc encore nécessaire et seul le temps le permettra.

A propos de Marina LI