Sans titre
L’année 2014 marque un véritable bouleversement dans le monde du commerce électronique et notamment du secteur-clé de la monétique. D’une part, ces changements se traduisent concrètement par l’entrée sur la plateforme de l’e-commerce de nouveaux concurrents (Vantage Payment Systems – VPS, Fast Payment et M2T) mettant fin au monopole de fait de Maroc Télécommerce (MTC). De même, concernant le marché de la monétique, M2M SPS (Secure Payment Services) vient concurrencer le Centre Monétique Interbancaire (CMI).
D’autre part, ils s’illustrent également par l’élaboration d’un projet de loi bancaire prévoyant la création du statut d’opérateur de paiement soumis à un régime spécial d’agrément et à la définition d’un cahier des charges prévu à cet effet. Son entrée en vigueur, fixée au plus tard à la fin de cette année par la Bank Al-Maghrib (BAM), fait apparaître un double enjeu stratégique. Cela signifie donc non seulement l’ouverture du secteur de la monétique de manière à part entière – secteur jusqu’ici lié milieu bancaire –, mais également la possibilité pour les acquéreurs monétiques de se positionner comme de potentiels concurrents sur le marché connexe d’émission de cartes bancaires. Poursuivant des finalités interdépendantes, que sont l’efficacité des prestations de services de paiement et la protection des données bancaires du client, les prestataires de services de paiement (Payment Service Provider – PSP) et acquéreurs monétiques semblent avoir un destin lié. Toutefois, l’opérateur monétique semble être avantagé puisque, seul soumis à l’agrément de la BAM, il lui revient d’accorder son accréditation à chaque nouveau prestataire de services de paiement. Bien que le projet de loi pose des  conditions objectives d’homologation des PSP (un cahier des charges, une caution, une infrastructure sécurisée), celles-ci une fois remplies ne semblent pas conduire à l’obtention d’une accréditation de droit, mais restent à l’appréciation des opérateurs monétiques. Ayant homologué VPS l’année dernière, le CMI, premier opérateur monétique du Royaume du Maroc, semble jouer le jeu de l’ouverture à la concurrence.
Avec les nouvelles plateformes de transaction en ligne, Payzone et Blue TFS, VPS et Fast Payment offrent de manière respective une gamme de services, pour l’un, tridimensionnels, mettant en lien consommateurs, e-marchands et acquéreurs de paiement, et des services simplifiés et abordables pour l’autre.
Alors que le marché de l’e-commerce n’est, selon Mourad Mekouar, PDG de M2T, qu’à « un stade embryonnaire », le DGA du CMI, Ismail Bellali semble clore le marché des PSP, n’envisageant aucune nouvelle accréditation après celle de Fast Payment et plus récemment de VPS. Cette restriction temporaire semble aller à l’encontre du plein essor auquel le secteur du commerce en ligne semble être promis. A cela s’ajoutent des freins structurels de développement de ce marché au « potentiel réel » que sont la fragilité et l’obsolescence de nombre de systèmes d’information, des infrastructures et de la logistique.
Pour autant le potentiel de l’e-commerce est incontestable en témoigne l’intérêt des grands groupes internationaux (Rocket International, Avito, etc) renforcé par des conditions stratégiques propres à l’Etat marocain dont entre autre sa situation géographique. Cependant, si la monétique semble être un secteur florissant, l’activité du commerce en ligne a encore « du chemin à faire » comme le souligne Najoua Bensouda, Responsable marketing à la Société Générale.
 
Loukmane ABOUSSAID

Étudiant en Commerce électronique, passionné de l’univers du web et concerné par le reporting et la visualisation des données.

A propos de Loukmane Aboussaid