Le vocable de trading haute-fréquence (THF) recouvre une réalité peu connue par le grand public : des ordinateurs ultra-rapides utilisent de puissants algorithmes mathématiques afin de détecter et d’exploiter les micromouvements des marchés financiers avec une échelle de temps de l’ordre de la dizaine de millisecondes. Malgré cette méconnaissance du public, 70% des transactions aux Etats-Unis et plus de 50% en Europe sont réalisées par des algorithmes à haute fréquence. Rapide présentation de cette nouvelle technique de trading fondée sur les nouvelles technologies
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Dans une logique d’augmentation des opérations et des profits les acteurs de la finance ont développé l’utilisation d’automates capables à la fois de collecter des informations et de prendre des décisions en un temps très court. L’humain se bornant dans cette technique à programmer la machine, la surveiller et la faire évoluer. Le succès de cette technique sur les marchés financiers est indéniable et est basé sur la puissance de l’algorithme et la rapidité de traitement de l’information. Les algorithmes, jalousement gardés secret par les acteurs du THF, permettent de programmer l’ordinateur pour la collecte et l’exécution des ordres.
La course folle à la … rapidité
Mais le nerf de la guerre est la rapidité d’exécution des ordres.  En effet, sur les marchés la prise de décision et l’envoi des ordres doit être les plus faibles possibles, afin de devancer la concurrence. Un chiffre permet d’illustrer l’avance considérable que possèdent ces supers ordinateurs : 37 microsecondes, qui est la vitesse à laquelle les THF passent des ordres sur NYSE Euronext, la bourse new yorkaise. A titre comparatif un flash d’appareil photo dure une milliseconde et un clignement d’œil 250 millisecondes. Difficile donc de réaliser des opérations boursières plus rapidement que les THF, les investisseurs traditionnels ne pouvant pas concurrencer la vitesse de ces puissantes machines.
Cette course folle à la rapidité prend parfois de curieuses formes : les opérateurs de THF veulent placer leurs serveurs informatiques au plus près de l’infrastructure de marché, payant ainsi des millions de dollars, afin de raccourcir au maximum la longueur des câbles transmettant l’information et gagner quelques microsecondes ou millisecondes dans la vitesse de transmission des messages.
De la liquidité aux éventuels risques systémiques
Certes, les THF permet d’offrir une certaine liquidité aux investisseurs, ce qui est d’un bienfait indéniable. En effet en se portant contrepartie des achats et des ventes des autres investisseurs, les THF permettent à ceux-ci de se retirer des marchés aussi vite qu’ils y sont entrés, et ce notamment lors de moments de grandes tensions boursières.
Cependant, cette méthode de trading peut infliger des dommages collatéraux bien supérieurs à leurs apports bénéfiques, comme la démontrer dernièrement l’affaire du faux tweet de l’agence Associated press annonçant à tort un attentat à la maison blanche. D’autant plus qu’une véritable guerre est déclarée entre les acteurs utilisant cette technique : certains sont en veille constante pour repérer d’autres algorithmes, tenter d’en comprendre la stratégie pour ensuite jouer contre lui.
De plus, de nombreux problèmes juridiques peuvent se poser. En effet les opérateurs de marché conçoivent des algorithmes à la limite de la légalité, voire hors la loi, n’hésitant pas à commettre des infractions boursières, telle que la manipulation de cours, par le biais notamment de la stratégie de quote stuffing (consistant à inonder le marché d’ordres, rapidement annulés, créant ainsi une illusion de mouvement sur le titre en cause). Enfin, il convient de souligner que les THF refusent de communiquer leurs algorithmes aux régulateurs, estimant qu’ils relèvent de la propriété intellectuelle et du secret de fabrication. En somme, de nombreuses questions auxquelles les spécialistes du droit devront apporter une réponse…
 
Nicolas Milinkiewicz
 

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