Afin de pouvoir se financer en cette période de récession, l’Elysée songerait à réattribuer les fréquences 700 MHz vers les opérateurs télécoms  au détriment de la TNT. Le but : dégager 3 milliards d’euros en cédant ces fréquences aux enchères.
C’est l’Elysée qui a pris directement les devants en annonçant une mise aux enchères à très court termes de ces fréquences dites « basses », ayant une portée supérieure par rapport aux fréquences traditionnelles permettant une meilleure pénétration dans les immeubles. La réattribution de ces fréquences devra supporter le développement de la 4G à travers le territoire en plus d’assouvir le besoin en financement de l’Etat.
Si le principe est acté, de nombreuses modalités restent néanmoins à définir alors qu’une certaine incompréhension règne parmi les acteurs en question. Le CSA, le ministère de la culture et de l’audiovisuel ainsi que Matignon se regrettent en effet de ne pas avoir été consulté par le Président de la République. La volonté de céder ces fréquences dès 2014 semble également faire grincer certaines dents du côté des acteurs économiques : les responsables des groupes audiovisuels déplorent le manque de consultation et le frein que produirait cette redistribution sur le développement de la TNT, tandis que certaines voix du côté des opérateurs télécoms s’élèvent pour dénoncer le mauvais timing de cette décision.
La question du financement de ces nouvelles fréquences
Avec l’augmentation des usages data sur mobiles, les opérateurs ont régulièrement besoin que le nombre de fréquences disponibles soit augmenté afin d’assurer la qualité de leurs services, notamment depuis l’implémentation de la 4G. Pourtant, les marges des opérateurs ne cessent de décroitre depuis l’entrée de Free sur le marché. SFR et Bouygues ont ainsi connu une baisse de 17% de leur chiffre d’affaire pouvant compromettre de tels investissements. Le chiffre de 3 milliard annoncé par l’Elysée leur semblent ainsi tout à fait disproportionné : en 2011, ceux-ci avait déjà dû débourser entre 600 millions et 1 milliards d’euros pour avoir accès aux fréquences de 800 et 600 MHz. Beaucoup de paramètres sont donc encore à régler avant d’atteindre un transfert effectif.
Mais cette décision intervient après l’ouverture du débat, au niveau européen, sur l’ouverture des fréquences basses aux opérateurs téléphoniques. C’est en ce sens que Neelie Kroes rappelle la nécessité d’implémenter un réseau 4G effectif à travers tous les Etats européens. La solution à ce développement passe par l’utilisation des basses fréquences. En France, fin 2013, seulement 30% de la population aura accès au réseau 4G, une progression encore trop lente pour la Commission.

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