La décision de la Cour européenne des droits de l’homme du 9 avril 2024 a condamné la Suisse pour inaction climatique et en plus une décision de la Cour suprême indienne a accentué la pression européenne pour la gestion des déchets plus responsable.
En effet, le traitement des déchets électroniques est un enjeu primordial face au réchauffement climatique et à la pollution globale. Mais sur l’origine de cette crise, une idée reçue subsiste : la conviction parfois émise que des régions telles que la Chine, l’Inde, ou encore le continent africain – qu’on retrouve classées parmi les plus gros contributeurs à la pollution mondiale – devraient endosser cette responsabilité. Cela relève d’une vision simpliste de l’analyse, qui en occulte des éléments fondamentaux.
Prenons un exemple concret : en 2021, un habitant des États-Unis émettait en moyenne 14,6 tonnes de CO₂, contre seulement 1,8 tonne pour un habitant de l’Inde (source : Banque mondiale).
Si la population détermine la pollution totale d’un pays, ce n’est pas le nombre d’habitants qui en est directement responsable. Les modes de vie, les systèmes économiques et les historiques industriels des nations jouent un rôle prépondérant. Ce sont les pays développés, avec leurs modèles de production et de consommation insoutenables, qui sont historiquement les principaux responsables des émissions de gaz à effet de serre. Avec la pollution environnementale qui empire d’année en année, est-ce que les pays développés vont enfin se retrouver à payer une taxe environnementale pour réparer ces dégâts?
Les stratagèmes des pays développés : délocalisation et exportation de déchets
Depuis l’ère coloniale, l’Afrique, l’Asie sont devenues les « dépotoirs du monde », recevant des millions de tonnes de déchets mal triés, souvent illégaux, pour un traitement local peu réglementé.
Malgré leurs revendications indépendantistes visant à boycotter tous les objets et systèmes coloniaux en provenance d’Europe, ces pays nouvellement sortis de l’ère coloniale ont dû accepter les déchets en provenance des mêmes pays colonisateurs pour pouvoir bâtir leurs nouveaux États sans que ces déchets ou mêmes d’autres investissements aient des répercussions graves et inhumaines.
Ceci démontre bien historiquement l’irresponsabilité des pays développés bien consciemment de leur stratagème et qui savent se servir même leur pression économique. Cette pratique entraîne non seulement une pollution massive, mais aussi des risques sanitaires graves pour les populations locales. Depuis la fermeture des frontières récentes de la Chine à l’encontre de cette pratique, une mauvaise gestion de déchets a été révélée et certains pays comme la Malaisie a refusé une délocalisation trop encombrante.
L’injustice écologique face à l’inaction des pays
L’inégalité écologique s’aggrave avec l’inaction des pays occidentaux en matière de tri, de recyclage et de réduction des déchets. Au lieu de mettre en place des solutions circulaires (comme la réparation ou le recyclage efficace des appareils électroniques), ils préfèrent externaliser ces responsabilités, laissant les pays récepteurs assumer les coûts humains et environnementaux.
La décision de la Chine de mettre fin à l’importation de déchets solides à partir du 1er janvier 2021 marque un tournant important.
Cependant, les mécanismes de justice commencent à émerger La condamnation récente de la Suisse par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) pour son inaction climatique marque une étape importante, Cette décision datant d’avril 2024, qui rappelle le droit fondamental à un environnement sain, a encouragé d’autres pays à revendiquer des injustices écologiques.
Inspirée par cette décision, la Cour suprême indienne a inséré un droit environnemental viable renforcé pour ses concitoyens qui paient le prix malgré eux de cette injustice écologique. L’Inde, qui reçoit une grande partie des déchets électroniques mondiaux, souffre des impacts directs de cette irresponsabilité : contamination des sols, détérioration de la qualité de l’air et augmentation des maladies liées à la pollution.
Si l’Inde suivait l’exemple de la Chine en fermant ses frontières aux déchets, cela pourrait créer une crise majeure de gestion des déchets pour les pays occidentaux et aggraver la situation des pays africains et asiatiques qui dépendent économiquement de cette industrie dépendant historiquement ayant des schémas coloniales permettant aux pays récemment décolonisés d’accepter un gain financier au dépens de leur survie.
Vers une taxe environnementale pour les pays développés?
La condamnation de la Suisse par la CEDH et l’activisme judiciaire en Inde marquent un tournant vers une justice climatique plus équitable. Ces décisions reflètent une prise de conscience mondiale : les pays développés doivent assumer leurs responsabilités historiques en matière de pollution et soutenir les pays en développement dans leur transition écologique.
La mise en place d’une taxe environnementale et climatique et d’un cadre réglementaire international pourrait constituer une réponse efficace à ces défis, garantissant un avenir plus durable pour tous.
Source : Amnesty International