Début février 2023, le vol d’un ballon espion chinois au-dessus des Etats-Unis a entraîné de nombreuses questions sur l’espionnage aérien. Cette pratique ne date en réalité pas d’hier, des satellites étant déployés depuis les années 60 par les services secrets.
Les satellites sont des objets spatiaux en gravitation autour d’un corps plus massif (en particulier des planètes). Si certains sont naturels, comme la lune autour de la Terre, ils ont en grande majorité été créés par l’Homme et mis en orbite autour de la Terre. Tel fut le cas pour la première fois en 1957 avec le lancement du célèbre Spoutnik par l’URSS. Dans la lignée de ce succès, les Soviétiques ont lancé entre 1970 et 1988 les satellites Rorsat ; équipés d’un radar actif, ils étaient capables de repérer les navires des membres de l’OTAN afin d’orienter les missiles soviétiques vers ces cibles à détruire. En réponse, les Américains ont mis au point le programme secret Corona et ses 144 satellites espions. Les ondes radio ne permettant pas de transmettre les photos prises par les satellites directement à un poste sur la terre ferme, elles étaient envoyées dans des capsules.
Grâce aux progrès de la technologie, les satellites constituent un œil toujours plus puissant dans le ciel pour les services de renseignement . Malgré leur difficulté à manœuvrer, « le principal avantage de ces plates-formes est la capacité à s’affranchir des questions de violation de souveraineté nationale compte tenu de leur altitude et de pouvoir couvrir la totalité des territoires ciblés. » Leur orbite, leur orientation et leur altitude peuvent varier en fonction de leurs missions. En outre, deux types de satellites sont à distinguer lorsqu’il s’agit d’espionnage :
- Les satellites d’observation : ils observent et photographient le sol grâce à leurs multiples capteurs (infrarouge, optique, radar, etc.).
- Les satellites de renseignement électronique qui peuvent intercepter les communications et/ou mesurer l’activité électronique dans leur périmètre de vision.
La France a également recours aux satellites depuis longtemps pour mener à bien ses missions de renseignement. Elle s’est notamment dotée d’un système d’observation optique en 1994 avec le programme intergouvernemental Hélios I, puis Hélios II en 2004 et 2009. Ce programme a coûté deux milliards d’euros. Ces satellites avaient toutefois un clair désavantage : « comme tout système militaire d’observation optique par satellite destiné à acquérir des images dans le spectre visible, ses capacités sont limitées à l’observation de jour et par temps clair, ce qui constitue une limitation importante à son utilisation. »
Plus récemment, en novembre 2021, les services français se sont dotés de trois satellites militaires CERES (CapacitÉ de Renseignement Electromagnétique Spatiale) leur donnant « une plus grande autonomie d’appréciation, de décision et d’action pour les armées sur le terrain ». Il a été développé par les Direction Générale des Armées (la DGA), en partenariat avec le Centre National de la Recherche Scientifique(CNRS) et les entreprises Airbus et Thalès. CERES constitue le premier système européen électromagnétique capable de détecter tout type d’émetteur électromagnétique depuis l’espace, comme des radars. Grâce aux quatre équations de James Maxwell (1861), l’électromagnétisme consiste aujourd’hui en « l’étude des charges électriques en mouvement relatif les unes par rapport aux autres, du champ électrique et du champ magnétique réunis dans le concept de champ électromagnétisme ». Pour identifier et situer un radar, les satellites analysent les signaux électromagnétiques qu’il émet. Situés à plusieurs kilomètres d’intervalle, les objets CERES ne reçoivent pas les signaux du radar à la même seconde ; en croisant ces données temporelles, on est capables de déceler sa position et même de connaître ses caractéristiques techniques. Ils sont effectivement équipés de capteurs et de milliers de composants électroniques qui, couplés à de nombreux algorithmes, permettent de traiter et d’analyser des centaines de données en simultané. Figurant parmi les systèmes satellitaires les plus puissants et les plus avancés du monde, CERES permet à la France de mieux assurer sa sécurité et de renforcer ses capacités de renseignement.
Sources :
- Le dictionnaire du renseignement, 2018, Olivier Brun, page 702 à 704
- https://www.defense.gouv.fr/drm/actualites/renseignement-dorigine-electromagnetique-satellites-ceres-france-se-dote-dun-systeme-unique-europe
- 9782804181765.pdf (furet.com)
- https://www.futura-sciences.com/sciences/definitions/physique-electromagnetisme-317/