L’existence de la blockchain est en train de révolutionner le monde de l’art : cette technologie permettant d’authentifier et de sécuriser les œuvres, on assiste à une certaine numérisation de l’art. Ceci, grâce aux NFT, des jetons cryptographiques non fongibles, ou non fungible token. Comment fonctionnent-ils, constituent-ils une option pérenne? Quel avenir pour le monde artistique?
Le NFT, c’est quoi ?
Le NFT est, comme son nom l’indique, un jeton virtuel représentant un identifiant unique, d’où le terme non-fongible, ce qui signifie que contrairement à une cryptomonnaie, il n’est pas interchangeable. Sa valeur est unique, et propre à lui-même. D’où l’intérêt pour le monde de l’art, qui a de suite vu le potentiel de ce qui s’apparente ni plus ni moins qu’à un système d’authentification. La blockchain est potentiellement en mesure de fournir un certificat d’authenticité quasi inviolable, permettant de certifier l’authenticité des œuvres d’art.
De grosses multinationales et des musées intéressés par l’idée
Ce qui donne sa valeur au NFT est bien évidemment son unicité, et cela a été vu avec des œuvres générées aléatoirement telles que les CryptoPunks, dont certaines pièces peuvent se vendre à plus de 300 000 dollars, avec un record à 7,58 M de dollars. Et la récente acquisition par Visa de l’un de ces NFT montre bien que l’entreprise a cerné l’engouement de ses clients pour le concept, mais aussi que l’entreprise se veut moderne et dans l’air du temps.
Par ailleurs, certains musées ont également été tentés par l’idée, et si on peut encore se dire que ce ne sera pas le cas de tous, certains, à l’instar d’un musée New Yorkais, vont totalement s’y consacrer, quand d’autres s’y mettent plus ou moins timidement.
Récemment, la Galerie des offices a vendu la version NFT d’une peinture de Michel Ange, NFT qui s’est arraché pour la modique somme de 140 000 euros. Et après cette dernière, ce sera probablement une dizaine de musées italiens qui lui emboiteront le pas.
Quel intérêt pour les collectionneurs et les musées?
Si pour les collectionneurs, l’idée d’avoir une reproduction numérisée de très haute qualité, consultable à tout moment, semble séduisante, l’intérêt des musées est tout autre : il est en effet possible de générer de nouveaux revenus sans pour autant se séparer de l’œuvre, ce qui permet d’entretenir ces dernières plus facilement.
Dans le monde de l’art en général, cela permet également de s’affranchir des intermédiaires. De la même manière qu’un écrivain, ou qu’une autrice de BD ont pu le faire via des plateformes de crowdfunding, -on pense à des plumes telles que Maliki, qui constitue l’un des plus gros succès de la plateforme Ulule– les NFT permettent de récupérer des bénéfices plus gros que s’il avait fallu passer par des plateformes plus conventionnelles, et surtout, permettent de contourner un point de la loi française, qui est l’interdiction de vendre des tableaux de musées, considérés comme des biens inaliénables au sens de l’article L451-5 du code du patrimoine. A terme, pourquoi ne pas envisager un mécénat permettant d’ouvrir les musées à un public de plus en plus grand, voire la gratuité de la culture, comme proposé dans cet article de la firme Talium Assets, qui propose la tokenisation des œuvres d’art ?
Le fait de devenir copropriétaire d’une œuvre permet également une certaine liberté : affranchis des contraintes liées à la faisabilité ou au caractère bankable de leur œuvre, les artistes comme l’artiste électro Jacques, qui a récemment découpé un de ses single en 194 NFT, peuvent vendre “à la demande” et se détacher ainsi des maisons de disques en produisant des morceaux plus atypiques, financés par le public qui percevrait ainsi une petite part du bénéfice total. Le Nyan Cat, un meme internet, à été vendu récemment pour 500 000 dollars, permettant à son créateur de récupérer un peu d’argent sur sa création.
Des entreprises de plus en plus nombreuses à se jeter dans la mêlée
Et les entreprises prêtes à franchir le pas et à se diversifier sont elles aussi nombreuses. Sorare a récemment réussi à lever 680 millions de dollars pour son jeu de football basé sur la blockchain mi septembre, et le 30 du même mois, c’est au tour de Tiktok d’annoncer se lancer dans la vente de NFT, permettant ainsi aux fans de se procurer des clips vidéos de leurs artistes favoris, et d’ouvrir par là le monde des NFT aux ados et préados, principal public de l’application.
Les NFT développent peu à peu leur potentiel, et si des critiques et questionnements subsistent, notamment en matière d’environnement, où les choses bougent, notamment grâce au lancement du Crypto Climate Accord, qui compte faire en sorte que 100% de la blockchain devienne fonctionnelle grâce aux énergies renouvelables d’ici 2025.