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Les Cyberviolences à caractère sexuel chez les adolescents

«Une fille de ma classe était amoureuse d’un gars et il lui a demandé un jour comme ça « Envoie-moi une photo de toi toute nue», et elle l’a envoyée par amour parce qu’il lui a dit « sinon je te quitte  ». Et après les photos, elles ont fait le tour des réseaux sociaux. Au début, il l’avait postée en privé, mais après il a commencé à la menacer, faire des chantages « donne-moi ci, donne-moi ça, sinon la photo elle va faire le tour du collège». C’était terrible pour elle, il n’aurait jamais dû lui faire ça. »Témoignage de Djibril, 16 ans. 

L’histoire raconté par cet adolescent est loin d’être un cas isolé puisque 17% des filles déclarent avoir été confrontées à des Cyberviolences à caractère sexuel par le biais de photos, vidéos ou textos envoyées sous la contrainte et/ou diffusées sans l’accord et/ou reçues sans avoir envie. 

  • La cyberviolence c’est quoi ? 

La Cyberviolence est la violence qui s’exprime à travers les outils numériques (notamment internet, téléphones portables et les jeux vidéo). 

La cyberviolence peut prendre de multiples formes :

  • violences ponctuelles (insultes, humiliation, intimidation, mise en ligne de photos ou vidéos intimes, etc.)
  • violences répétées relevant alors du cyberharcèlement.

Par définition, cette cyberviolence présente la spécificité de se situer dans le cyberespace, autrement dit, elle est intimement liée aux médias numériques. De fait, celle-ci a la capacité de se disséminer vers un très large public, d’être incessante, enfin, d’être difficilement punissable du fait de l’anonymat, rendant compliqué l’identification de l’auteur. 

Ce sont des violences sexistes ou sexuelles qui visent principalement les filles cependant les garçons peuvent aussi être touchés. 

  • Quelques exemples … 

  • Quand des photos de moi sont prises dans les vestiaires sans que je ne le sache et sont diffusées à toute ta classe avec des commentaires insultants. 
  • Quand mon ex met en ligne, sans mon accord, des photos ou vidéos intimes de moi, ou menace de le faire. 
  • Quand je reçois des messages à caractère sexuel qui me mettent mal à l’aise, après avoir posté un selfie par exemple. 
  • Pourquoi c’est grave ? 

Cette cyberviolence relève bien souvent du cyberharcèlement car une fois l’engrenage en marche, cette violence derrière l’écran dure et se répète. Celle-ci constitue une grave atteinte à la vie privée. 

Il est important d’en parler car elle s’est multipliée pendant les différents confinements, avec notamment l’apparition de comptes “fisha” ou “ficha”, “afficher” en verlan. Ces comptes fleurissent depuis sur les divers réseaux sociaux avec parfois d’énormes communautés, leur conférant un pouvoir de destruction énorme. On parle de communauté avoisinant parfois les 200 000 abonnés. 

L’objectif de ces comptes est de publier des photos et des vidéos, bien souvent d’adolescentes dénudées, à leur insu, pour les “afficher”. Des informations personnelles telles que nom, prénom, établissement scolaire, adresse ainsi que parfois le numéro de téléphone, y sont associées. 

Le procédé est toujours le même : 

  1. Le propriétaire souvent lui-même mineur demande l’envoi de photos / de nudes ou de vidéos de jeunes filles dénudées. 
  2. Ces contenus sont donc préalablement envoyés par messages privés aux fisheurs, possédant le compte, afin que ces derniers les publient sur les différents canaux. Les raisons de ces envoies sont souvent les mêmes : se venger d’une séparation. 
  3. La communauté se met à harceler la victime, l’insultant, ou lui demandant d’autres nudes, etc… un lunchage qui peut durer des mois. 

Les tentatives de “sextorision”, ou de chantages, y sont aussi très courantes, pour obtenir la suppression des photos et vidéos en question. 

Le contenu de ces comptes est parfois même monétisé, rendant ainsi payante l’adhésion. Ainsi, loin d’en décourager certains, il faut payer pour voir le contenu. 

Il est aussi possible que ces photos et images soient achetées par des sites pornographiques pour adultes, afin d’être utilisées dans un cadre publicitaire. Ce sont les mêmes que l’on peut parfois retrouver sur les bandeaux publicitaires ou fenêtres pop up de sites illégaux de streaming ou de jeux en ligne, par exemple. 

Ce qui est d’autant plus dur pour les victimes c’est qu’une fois sur les réseaux sociaux, il est difficile si ce n’est impossible d’effacer à tout jamais le contenu, car des captures d’écrans auront très certainement déjà été faites. La photo existera toujours dans le téléphone ou l’ordinateur d’une personne malgré la suppression sur un site ou un réseau social. 

  • Quelles sanctions ?

Les victimes sont nombreuses mais les plaintes se font plus rares. Faute de se rendre compte de la gravité des faits, ces jeunes victimes sont plongées dans un sentiment de honte et de culpabilité, et n’ont souvent pas conscience qu’il s’agit d’un délit. Et quand bien même ils en parlent, les parents, et de même les gendarmes se retrouvent eux aussi bien souvent démunis.  

La loi punit le cyberharcèlement de deux ans de prison et de 30 000 euros d’amende et la diffusion quant à elle est punie de deux ans d’emprisonnement et 60 000 euros d’amende. A chaque fois qu’une personne diffuse, elle se rend coupable et est auteur, elle-même, de cette dite infraction.  

La grande difficulté derrière ce phénomène est l’anonymat rendant très difficile la poursuite pénale, ainsi que la fermeture de ces comptes car lorsqu’un compte est fermé, d’autres renaissent. 

  • Victime ou témoin ? Que faire ? 

Si vous êtes victime, il est important dans un premier temps de porter plainte. À noter, qu’un gendarme n’a pas le droit de refuser votre plainte. Vous pouvez, en outre, appeler “e-enfance” au 3018, il s’agit d’une association dédiée à la défense des jeunes victimes de violence numérique. Celle-ci pourra signaler les contenus, et les faire supprimer plus rapidement car elle dispose de partenariats avec les différents réseaux sociaux.  

Vous pouvez aussi bloquer et signaler, le ou les utilisateurs vous harcelant, et ne surtout pas donner d’argent pour faire retirer lesdits contenus, car la somme sera toujours remisée à la hausse. 

Enfin, bien qu’il soit difficile pour les victimes, il est très important de conserver le plus de preuves possible (captures d’écrans et enregistrements). 

Si vous êtes témoin, il faut naturellement signaler et ne pas relayer les contenus en question. Et adopter une attitude bienveillante envers la victime ! 

 

Par Diane Lechevranton

Sources

https://www.google.com/searchq=le+cybersexisme+chez+les+adolescents&oq=le+cybersexisme+chez+les+adolescents&aqs=chrome..69i57j69i64j69i60.9492j0j7&sourceid=chrome&ie=UTF-8 

https://www.stop-cybersexisme.com/une-etude-inedite-sur-le-cybersexisme-chez-les-adolescent-e-s 

https://www.france.tv/slash/revenge/2916181-la-justice.html  

https://www.franceculture.fr/emissions/le-meilleur-des-mondes/comptes-fisha-revenge-porn-et-effet-de-meute-comment-lutter-contre-le-cyberharcelement 

https://www.stop-cybersexisme.com/que-faire-si-je-suis-directement-concerne-e-ou-bien-temoin 

https://m.centre-hubertine-auclert.fr/le-cybersexisme-c-est-quoi

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