Peu de secteurs ne sont pas touchés par l’innovation, la Formule 1 ne fait pas exception. Focus sur ce sport de vitesse en avance sur la transformation numérique.

L’informatique a toujours été une part importante dans la F1, et ce depuis le début les années 1980 où la conception assistée par ordinateur a fait son apparition. Par la suite, les équipes utilisent des simulateurs perfectionnés afin de reproduire le comportement des F1 en piste, puis ont recours à des supercalculateurs notamment pour prévoir l’usure des pneus. 
Depuis quelques années, la Formule 1 utilise la technologie Big Data pour améliorer les performances des pilotes et de leur voiture. Jusqu’à 300 capteurs sont placés sur une monoplace et permettent de transmettre une quantité pharaonique de données aux ordinateurs de l’écurie. En quelques secondes, les ingénieurs peuvent déterminer l’étendue des dégâts lors d’un accrochage, alors qu’il leur fallait plusieurs minutes il y a seulement 5 ans. 
Pendant un weekend de course, chaque voiture produit un demi-téraoctet de données, sans parler des données produites pendant la semaine qui peuvent aller de 5 à 10 To. Tout est mesuré. 
Chaque information est importante, car elles sont toutes en interrelations. Pour toucher à un élément, il faut prendre en compte l’impact qu’il pourra avoir sur les autres éléments. 
Les données récoltées permettent également d’anticiper et éviter certains problèmes au fur-et-à-mesure des données récoltées et analysées. Par exemple, les données sur les temps de course, les données GPS, ainsi que la météo permettent de prédire la dégradation des pneumatiques ou encore si un arrêt au stand sera nécessaire. 

L’exemple de Mercedes-AMG Petronas Motorsport

L’écurie abrite le champion du monde Lewis Hamilton et a reçu pour la cinquième fois le titre des constructeurs. Ce succès s’explique par la technologie mise en place que les ingénieurs cherchent toujours à repousser.  
Face à cette quantité colossale de données, il s’agit d’être capable de les traiter le plus rapidement possible pour progresser plus vite que la concurrence. Pour cela, les écuries s’allient avec des entreprises spécialisées dans l’analyse des données et du data visualisation. Selon Matt Harris, le DSI de l’équipe, l’accès aux données et une visualisation efficace ont permis le succès de l’écurie. 
Pour le stockage, Mercedes utilise Pure Storage et la technologique flash ce qui permet une gestion efficace des données sur la piste et en usine.
Pour le téléchargement, Mercedes a développé avec Qualcomm une technologie permettant d’extraire les données en mouvement, donc les données pendant la course. Celle-ci se base sur la 5G et le 60GHz. La récolte de ces données en mouvement leur permet de gagner du temps dans l’analyse des performances et donc de faire la différence sur le circuit. 
L’écurie utilise le réseau développé par Tata Communications pour envoyer les données à une équipe d’ingénieurs chargés d’analyser les données pour configurer au mieux la monoplace. 
Quant à l’analyse et la visualisation des données, l’écurie utilise depuis 2017 les outils Big Data de Tibco, qui leur permet d’avoir des flux de données visuels, prédictifs et en temps réel. L’équipe est ainsi plus efficace dans la gestion des problèmes qui s’imposent à eux et peuvent prendre la meilleure décision, même dans un laps de temps restreint comme les 90 minutes entre l’échauffement et les tours de qualification. 

Pas qu’une affaire d’ingénieurs 

La technologie fait aujourd’hui partie intégrante du travail d’équipe chez Mercedes-AMG Petronas Motorsport. Même si les données récoltées sont utilisées par les ingénieurs, elles servent également au pilote. On peut prendre comme exemple les données GPS qui lui permettent de connaitre le moment opportun pour freiner par rapport à ses concurrents. Les professionnels comme les amateurs de Formule 1 le savent, une course se joue sur ces petits détails. 
Alors que de nombreuses entreprises se questionnent encore sur l’opportunité de certaines technologies et la manière de les mettre en place, la Formule 1 et surtout Mercedes ont encore beaucoup de projets en tête : la réalité augmentée pour le design et la maintenance ou encore la blockchain pour la protection des données … Des idées qui deviendront certainement concrètes dans très peu de temps. 
 

A propos de Cecilia DI PIETRO