L’image vieillissante des étables et des fermes de nos grands-parents semble remonter à loin. L’agriculture du XXème siècle subissait déjà une modernisation renversante grâce à l’utilisation accrue d’intrants chimiques et le remplacement de la traction animale par la traction motorisée, conduisant vers un modèle hégémonique d’agriculture intensive.
Après la mécanisation et la robotisation, l’Intelligence Artificielle (IA) pourrait également bouleverser le monde agricole et le travail des agriculteurs.
La numérisation transforme en profondeur le travail du secteur agricole. Tracteurs autonomes, drones, machines à traire connectées, étables high-tech, autant de technologies connexes qui ouvrent la voie vers une multitude de données.
 

Les Datas, mine d’or pour l’optimisation agricole.

 
Capables de recueillir des données 24h/24, certains objets connectés, tels que les capteurs, traceurs, outils de mesure, jouent un rôle prépondérant dans la révolution technologique du monde agricole. En effet, les capteurs permettent de mesurer de nombreuses informations : taux d’acidité du sol, météo, nutriments présents, taux d’humidité, santé des plantes, etc. Il s’agira pour l’agriculteur de mieux comprendre et interpréter son environnement sous forme de données statistiques, utiles à la prise de décision.
 
Rappelons que le principe de l’IA réside dans la possibilité pour une machine de comprendre son environnement et par une capacité de rationalité technologique, de prendre des mesures liées à un but précis.
 

Mais pourquoi l’agriculture est-elle un secteur à part dans la révolution numérique ?

 
L’agriculture est l’un des domaines les plus difficiles à contrôler dans le but de quantification statistique. Même au sein d’un seul champ, les conditions et données à prendre en compte sont multiples et imprévisibles : conditions difficiles (pluie, boue), changements dans la qualité des sols, présence de maladies et rongeurs.
Le déploiement de l’IA dans l’agriculture s’avère plus hasardeux que dans d’autres domaines (médecine, banque). Chaque environnement est unique, ce qui rend d’autant plus difficile le travail des scientifiques dans l’élaboration des programmes et des protocoles usant ces nouvelles technologies.
 

Et l’agriculteur dans tout ça ?

 
L’intervention de ces nouvelles technologies dans le secteur primaire vient redessiner les compétences mêmes des agriculteurs, techniciens et autres professionnels du secteur. Ces derniers se sont majoritairement bien intégrés dans le phénomène de mécanisation de leur travail mais l’enjeu réside aujourd’hui dans la capacité pour eux de savoir collecter et traiter les données collectées. Il leur reste donc à faire l’essentiel du travail …
 
Attention, l’IA n’est pas encore prête à remplacer toute l’expérience humaine, mais elle aura un impact sensible sur l’efficience des pratiques culturales. Pour réussir à nourrir une population croissante et répondre aux défis du réchauffement climatique, l’agriculture va donc devoir s’adapter. A l’heure où certains grands groupes pharmaceutiques nouent des alliances avec les GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple), pourrons-nous voir également se créer de telles alliances dans quelques années avec les géants de l’industrie agro-alimentaire comme Monsanto ?

A propos de Camille MINEUR