Amazon, société américaine mondialement connue pour sa plateforme de commerce électronique, cherche depuis plusieurs années déjà, à diversifier ses activités et s’attaque notamment au secteur des paiements. Après un premier essai avec l’« Amazon Dash » (une télécommande permettant de scanner les codes-barres des produits à acheter, directement chez nous), dont le succès n’est pour le moment pas réellement mesurable (dans la mesure où cette télécommande n’est disponible que sur invitation, et seulement aux Etats-Unis), Amazon réitère sa tentative de s’introduire dans nos habitations avec l’« Amazon Dash Button » et l’« Amazon DRS ». Simple lubie d’Amazon ou révolution de notre quotidien, qu’en est-il réellement?!
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L’« Amazon Dash Button », comment ça marche ?
De manière simplifiée l’« Amazon Dash Button » constitue une solution de commande et de paiement en ligne à partir d’un bouton apposé sur nos objets quotidiens : le « Dash Button ». Ce dernier permet, par simple pression, de commander des articles, et de payer directement, de manière transparente et automatisée.
Concrètement, cette innovation va se matérialiser par des boutons multicolores qui vont s’introduire partout dans nos placards et qui nous permettront de commander, en une pression, les produits qui nous manquent. Il s’agit en réalité d’une version physique de « l’achat en un clic » promu sur le site Internet d’Amazon, l’idée étant de réduire au maximum le nombre d’actions à effectuer pour se procurer un produit.
Chaque bouton, qui doit être commandé auprès du site Amazon, est programmé pour passer commande d’un produit dédié sur le portail en ligne, qui sera livré dans les 24 heures à son propriétaire. Ainsi, la personne qui souhaite commander un produit n’a qu’à appuyer sur ce bouton, qui va envoyer la demande par wifi à son compte client. Un grand nombre de marques ayant déjà signé un partenariat avec Amazon (par exemple Gilette pour commander des rasoirs ou Huggies pour des couches…) il semblerait que ce concept ait d’ores et déjà convaincu…
D’autant qu’Amazon semble avoir pensé à tout, puisqu’en cas de mauvaise manipulation (par exemple un appui involontaire sur le « Dash Button »), une notification est envoyée sur le smartphone de l’utilisateur pour le prévenir qu’une commande a été passée (et cela est doublé d’un système de sécurité qui bloque les nouvelles commandes tant que la précédente n’a pas été livrée).
Concrètement l’« Amazon Button Dash » ça implique quoi?
L’idée développée par Amazon est très simple : vous vous apprêtez à lancer votre machine à café, et vous utilisez la dernière capsule? D’une simple pression sur le bouton « Dash » d’Amazon vous commandez instantanément un nouveau paquet. Inutile de se connecter au site traditionnel d’Amazon, et de procéder à de nombreuse manipulations (entrer ses identifiants, son mot de passe, chercher le produit, le payer…), tout se fait automatiquement.
Ce procédé fonctionnant pour tous les produits de la vie courante, dès que l’un d’eux vient à manquer, au lieu de courir au supermarché, il suffit de cliquer sur ce bouton, portant le nom de la marque et du produit concerné, ce qui envoit directement via Internet une commande automatique à partir du compte Amazon du client concerné.

Une telle innovation s’inscrit parfaitement dans les orientations actuelles en matière de paiements. En effet, les moyens de paiement « traditionnels » (tels que les cartes bancaires ou les chèques) sont en train de s’effacer progressivement pour laisser place à des moyens de paiement que l’on pourraient qualifier d’intégrés à d’autres objets (mobile, objets connectés…), et l’« Amazon Dash Button » illustre bien cette tendance.

Mais si une telle technologie fait ses preuves et rencontre son public, elle impliquera nécessairement une présence renforcée d’Amazon à l’intérieur de nos habitations, ce qui, compte tenu des caractéristiques intrasèques de ce type de produit (aussi bien l’« Amazon Dash Button » que l’« Amazon DRS »), ne sera pas sans poser quelques problèmes…

L’« Amazon Dash Button », un bouton risqué ?

L’« Amazon Dash Button » n’est pas sans faille, puisqu’en effet, aux Etats-Unis, un spécialiste en sécurité (Ted Benson) est notamment parvenu à intercepter le signal émis par ces boutons de commandes afin de commander autre chose que les objets normalement prévus. S’il ne s’agit là que d’une expérience, elle a néanmoins le mérite de montrer qu’un tel hack est tout à fait envisageable, et pourrait avoir des conséquences non négligeables !

Par ailleurs, et cela constitue peut être le problème majeur de ce bouton, aucun écran n’existe sur les « Amazon Dash Buttons », ce qui signifie que le prix de vente du produit n’est donc pas affiché. De ce fait, le consommateur n’est pas informé en temps réel du prix du produit et de son éventuelle évolution avant le lancement de la commande. Autrement dit un consommateur peut être amené à acheter un produit sans connaître son prix réel au moment où il passe commande, ce que viennent confirmer les conditions d’utilisation de ce bouton où l’on peut lire : « Le coût total facturé pour chaque commande tiendra compte du prix du produit au moment où l’ordre de commande est effectué ».

Quoiqu’il en soit, pour les français qui seraient tentés par cette technologie, il faudra encore patienter, cette offre étant pour le moment exclusivement réservée aux abonnés “Prime” d’Amazon, outre-Atlantique.

Après l’ « Amazon Dash Button », l’« Amazon DRS » !

Amazon ne compte pas s’arrêter là, puisqu’elle développe en ce moment même ce qu’elle nomme le « Dash Replenishment Service » (DRS), qui peut se définir comme un programme informatique offrant la possibilité aux objets connectés domestiques de surveiller leurs stocks de produits et de prévenir leur épuisement en passant commande du matériel nécessaire à leur bon fonctionnement de façon autonome. Ainsi, à travers la construction d’un réseau reposant sur les technologies connectées, le géant américain du e-commerce souhaite faire du réapprovisionnement quelque chose d’automatique.

La clé de l’« Amazon DRS » se trouve dans la facilité de son interface de programmation à intégrer de nouveaux objets connectés dans son système : une modification de son codage informatique qui requiert moins d’une dizaine de lignes. Une telle accessibilité permet au logiciel d’être la porte d’entrée pour tout objet connecté clairement identifié à l’ensemble des produits fournis par Amazon.

L’« Amazon DRS » et ses nouveaux partenaires (déjà plus d’une douzaine de marques telles que General Electric, Samsung, Brita ou Whirlpool) développent ainsi une nouvelle solution qui tend à révolutionner le e-commerce et les tâches domestiques par la même occasion.

Avec une telle innovation il est possible d’imaginer que l’on entre dans une sorte de système de location longue durée pour la plupart des appareils du quotidien, qu’il faudrait payer à chaque usage. Cela impliquerait ainsi, pour les utilisateurs, la disposition d’appareils régulièrement réapprovisionnés que leurs fournisseurs auront intérêt à rendre les plus résistants et efficients possibles. Corrélativement, cela traduirait pour les marques, des relations renforcées avec leurs clients et une fidélité à long terme devenant la norme.

WYWYDRA_Alexis_PHOTO_2015DRA Alexis

Étudiant en Master 2 de Droit de l’Économie Numérique à la Faculté de Droit, de Sciences Politiques et de Gestion de Strasbourg, et membre actif de l’association MédiaDroit.

 

A propos de Alexis Wydra