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Doucement le cercueil du frère d’arme Boomer, américain tombé au combat en Irak est mis en terre affublé des médailles Purple Heart et Bronze Star. La cérémonie est solennelle et bientôt 21 coups de feu retentissent pour saluer ses actions. Cette scène est presque banale en temps de guerre. A ceci près que Boomer est un robot.

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Source: http://www.knowtex.com/blog/

Un article du site du Journal The Atlantic relate une histoire dont même Isaac Asimov n’avait pas prévu l’existence dans son Cycle des Robots. Cet enterrement confirme une certaine humanisation de la machine qui, à l’instar de l’homme,
prend des risques pour sauver les vies des soldats et ce, alors que le robot est dépourvu de la moindre intelligence, étant donné qu’il est télécommandé par d’autres êtres humains.

Ce fait divers va à l’encontre de l’étude réalisée par Julie Carpenter à l’Université de Washington sur les relations que développent les êtres humains avec les machines. Elle explique, notamment par l’interview de démineurs, comment les soldats développent une certaine empathie envers des choses inanimées. La chercheuse prouve l’humanisation des robots par les soldats en citant notamment l’exemple du soldat qui profite de son loisir de pêche en compagnie de son robot. Elle nous explique aussi que les soldats aiment à appeler leurs robots du nom de leurs petites amies, mais jamais de celui de leurs ex…

Cette recherche souligne néanmoins le caractère contradictoire de cette relation. En effet, tous les soldats interrogés étaient totalement conscients du statut d’outil de leur robot. Pourtant, ils affirment qu’au moment de perdre de celui-ci, ils ne sont pas seulement frustrés face à une perte matérielle, mais ils ressentent un sentiment plus diffus, mal défini, pouvant correspondre à la perte d’un animal de compagnie, d’un ami, ou encore d’une partie d’eux même. En témoigne cette scène où une unité monte une opération de sauvetage pour porter secours à un robot sur le point de tomber d’un pont. En réalité il s’agit là de l’anthropomorphose déjà ancienne face à des outils dont nous nous servons, phénomène particulièrement révélateur en temps de guerre.
Cette empathie bien vivante en rapport à des objets de notre vie quotidienne n’est-elle pas quelque peu délirante ? Un article du Monde souligne l’exemple des portables en panne ou inutiles que nous ne jetons pas. Nous les investirions en réalité d’une mémoire, d’une partie de nous même, alors qu’il s’agit d’un simple objet inanimé, difficilement qualifiable d’intelligent. La multiplication des objets connectés, plus rapides, plus performants, bref plus empathiques, accentuera pourtant de plus en plus cette relation homme – machine dans le futur. Garder donc secrètement son premier iPhone serait-ce plus censé que d’enterrer un robot mort à la guerre ?
Guillaume SauterGuillaume SAUTER
Etudiant en droit de l’économie numérique, europhile convaincu et concerné par la révolution numérique, les questions de cybersécurité, de protection des données personnelles et de  sociologie humain-machine. Vous pouvez consulter mes profilsLogo Linkedin 1 et logo viadeo ou me contacter par Logo Mail1.

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