« Dites-moi qu’est-ce que la blockchain » ? Voici la question que j’ai posée à Google, à des intervenants de ma formation, des professionnels sur des salons, mon professeur d’informatique, des collègues … Je me suis alors lancée le défi d’expliquer à mon tour ce qu’est la blockchain, mais surtout de tenter de la faire comprendre au plus grand nombre.
Classiquement la blockchain (chaîne de blocs) est définie comme étant une technologie de stockage et de transmission d’informations numériques, ordonnées chronologiquement, sécurisée et infalsifiable. Reprenons.
Une technologie de stockage d’informations numérique : il s’agit d’une base de données numérique contenant tout l’historique des échanges. Comme l’écrit le mathématicien Jean-Paul Delahaye, il faut s’imaginer « un très grand cahier, que tout le monde peut lire librement et gratuitement, sur lequel tout le monde peut écrire, mais qui est impossible à effacer et indestructible. »
 
Un registre accessible à tous : Sur ce point il faut distinguer la blockchain publique et privée.
La blockchain privée : ici tout le monde ne peut pas y avoir accès. Elle appartient à un acteur qui définit ses collaborateurs et ses validateurs. Le simple fait d’avoir été invité à rentrer dans la blockchain permet d’établir la confiance dans l’information qui sera diffusée.
Par exemple Carrefour a développé sa propre blockchain pour la traçabilité de ses poulets. L’entreprise aura au préalable définit quels seront les acteurs qui feront partie de la blockchain et qui pourront rentrer des informations tel que le lieu d’élevage ou d’abattage de ses poulets. Nous ne pourrons pas valider ni écrire ses informations mais seulement les lire via un QR code.
La blockchain publique : Pour pouvoir écrire dans la blockchain il faut s’identifier, donc créer un compte, ceci étant accessible à tous. Chaque personne ayant un compte peut également vérifier la validité des transactions, sans intermédiaire.
En revanche personne ne peut écarter l’hypothèse que ce qu’il reçoit est erroné ou frauduleux. Les transactions erronées ou frauduleuses n’ont pratiquement aucune chance d’échapper à ces contrôles et de parvenir jusqu’à la blockchain, puisque des milliers de personnes vont vérifier l’information, ce qui va créer un consensus.
Toutefois il est important de garder à l’esprit que la blockchain n’est pas un registre de la vérité mais un registre de preuve ! Une fois l’information validée qui correspond à un bloc, il est horodaté et ajouté à la chaîne. En cas de désaccord il sera possible de vérifier à tout moment ce qui a été dit à l’instant T.
 
Infalsifiable et sécurisée :
Le registre de la blockchain est sécurisé car il est distribué. Si vous vouliez corrompre le registre il faudrait pouvoir le faire sur tous les ordinateurs du réseau.
Explication imagée : Les spectateurs de l’événement, ceux qui valident l’information, s’accordent sur le fait que le bâtiment vient de s’effondrer. Si l’on voulait modifier ou falsifier les événements dans la blockchain il faudrait faire affirmer à une majorité de personnes ayant assisté à l’événement que le bâtiment n’est jamais tombé, au même moment et sans concertation préalable.
Pour résumer : il s’agit d’une écriture comptable d’opérations numériques, partagées entre de multiples parties prenantes. Elle ne peut être mise à jour que par consensus entre une majorité de participants au système (blockchain publique). Si la blockchain est plus sécurisée que la moyenne grâce au chiffrement des données, elle n’est pas non plus infaillible.
 
Potentiel de la blockchain :
Elle pallie les insuffisances de certains mécanismes juridiques et économiques. Et notamment l’insécurité liée à l’absence de date certaine d’une opération ou d’une création. En droit d’auteur par exemple elle pourrait servir à prouver la date de la création et ainsi faire valoir ses droits dessus.
La blockchain facilite le commerce avec des opérateurs que l’on ne connait pas. Étant par essence sécurisée, cela ne nécessite pas de faire confiance à des tiers. Elle permettrait donc de supprimer les intermédiaires tels que les établissements bancaires, les officiers ministériels, les huissiers et les notaires. L’opération et sa date n’ont plus besoin d’être certifiées par un tiers de confiance. Les organismes tenant des registres, tel que le cadastre, deviennent eux aussi inutiles.
 
Pour aller plus loin : vidéo de vulgarisation sur la blockchain

A propos de Camille VAUGARNY