Quayside, une ancienne zone industrielle dans la ville de Toronto est supposée subir des changements extrêmes dans les prochaines années. 
Les autorités canadiennes en coopération avec Sidewalk Lab, une filiale de Alphabet Inc., sont prêts à transformer Quayside en un quartier résidentiel du futur, en mettant les dernières technologies et innovations au service des résidents. Le but est d’optimiser les services qu’une ville offre et de rendre la vie dans ce quartier intelligent le plus agréable possible.
Sidewalk Lab a déjà une vision précise de son projet. Elle veut mettre en place, entre autres, des voitures sans conducteur, des rues transformables qu’on peut adapter selon les besoins, des trottoirs chauffants qui sont supposés faire fondre la neige afin de garantir l’accessibilité et d’autres innovations qui simplifient la vie des humains. Dans un temps où un grand nombre des achats se font en ligne, Sidewalk Lab veut introduire des « robots livreurs » qui amènent les paquets aux clients. La vie publique des résidents sera gérée à partir d’une plateforme unique, responsable de toutes les démarches administratives. Mais avant tout la filiale de Google veut garantir un réseau Wifi de haute capacité pour tous les résidents. En effet, le PDG de Sidewalk Lab affirme que le quartier sera « construit à partir d’internet ». Internet est la fondation sur laquelle repose tous les services innovants qui seront mis à la disposition des résidents. Le projet Quayside cherche non seulement à tester les nouvelles technologies mais aussi à optimiser l’essentiel, comme la fourniture et gestion d’eau potable.
Néanmoins le projet n’est pas une utopie. Afin de pouvoir effectuer les différents aspects du projet, il faut détenir le nouvel or noir, la donnée. Quayside subit un grand nombre de critiques. Certains ne sont pas convaincus que le besoin de sécurisation des données à caractère privé des résidents sera satisfait. Il existe un grand scepticisme par rapport à la fiabilité de Google qui ne peut être considéré comme leader en ce qui concerne la responsabilité sociale.

Un des problèmes du projet est que la gérance, la collection, le stockage et l’utilisation des données font encore l’objet de nombreuses discussions entre les autorités locales, les résidents et Sidewalk Lab. Bianca Wylie fondatrice de l’Open Data Institute of Toronto critique « qu’il ne faut pas négocier la politique avec un marchand ». Elle estime qu’il est essentiel que les autorités canadiennes fournissent un cadre législatif et réglementaire pour le traitement des données sans apport de Google. Du « bad buzz » créé par la démission de Saadia Muzaffar du comité de conseil de Toronto Waterfront a forcé Sidewalk Lab à utiliser une bonne partie de son budget afin de sauver l’image du projet et de gagner des alliés.
Certaines critiques ont comparé le projet au roman 1984 de Georges Orwell et l’ont appelé « a colonizing experiment in surveillance capitalism attempting to bulldoze important urban, civic and political issues ». Au vu des nombreuses critiques, on peut conclure que la ville intelligente du futur semble être en confrontation directe avec le respect de la sphère privée des résidents.

A propos de Bill MARTELING