You are currently viewing L’intelligence artificielle : Une solution pour les déserts médicaux

La question des déserts médicaux et son impact sur l’accès aux soins de la population sont aujourd’hui au centre du débat public. Il s’agit d’abord d’un révélateur des difficultés d’accès aux soins liées aux évolutions de la répartition territoriale des professionnels de santé et notamment des médecins généralistes. Les déserts médicaux représentent une réalité préoccupante dans de nombreux pays, y compris en France. Ces zones géographiques, souvent rurales ou périurbaines, souffrent d’une pénurie de professionnels de santé, rendant l’accès aux soins difficile.

Alors que le nombre de médecins baisse fortement, l’accès aux soins pour tous et partout sur le territoire est plus que jamais au cœur des préoccupations des Français. Beaucoup de praticiens arrivent aujourd’hui à l’âge de la retraite et les nouvelles générations ne sont pas assez nombreuses pour compenser ces départs. Pour les patients, ceci se traduit par des difficultés croissantes à trouver un médecin traitant. Ceux qui en disposent voient les délais d’attente s’allonger pour obtenir un rendez-vous et les consultations sans rendez-vous sont parfois difficiles à obtenir. Avec l’évolution rapide des technologies, une question se pose : l’intelligence artificielle (IA) peut-elle être une solution viable pour combler ces lacunes ?

L’IA représente un saut technologique susceptible d’améliorer le service public de la santé par une meilleure organisation des soins, faisant gagner à la fois en qualité des soins pour les patients et en temps de travail pour les professionnels. L’IA constitue ainsi un levier d’amélioration du système de santé.

Les inégalités territoriales d’accès aux soins constituent une préoccupation croissante dans un contexte de pénurie de personnels médicaux. Un rapport d’information sénatorial d’avril 20221 signalait que désormais 30,2 % de la population vivait dans une zone d’intervention prioritaire (ZIP), c’est-à-dire dans un « désert médical ». Le phénomène s’aggrave (la proportion était de 18 % il y a une décennie) et touche à la fois des territoires ruraux et des territoires périurbains (en Île-de-France, 62,4 % de la population francilienne est concernée par une offre de soins insuffisante ou des difficultés dans l’accès aux soins).

Des solutions numériques peuvent apporter une réponse partielle à cette problématique et des cabines de télémédecine ont fait leur apparition depuis quelques années. On en compterait aujourd’hui environ 5 000, majoritairement situées au sein des officines de pharmacie. Les téléconsultations représentent désormais 4 % de l’ensemble des consultations en médecine de ville. Si la téléconsultation permet d’avoir accès à un médecin à distance, sans avoir besoin de se déplacer jusqu’à un cabinet éloigné du domicile, elle ne règle cependant pas la question de la pénurie de temps médical. En outre, elle ne permet pas d’effectuer les mêmes examens cliniques (auscultation) que lors d’un rendez-vous classique. Pour réduire la fracture dans l’accès aux soins, encore faut-il aussi réduire la fracture numérique : la télémédecine suppose l’achèvement d’une couverture numérique de bonne qualité de l’ensemble du territoire.

L’IA peut être intégrée aux solutions de télémédecine pour en améliorer les performances, en interprétant en direct des données captées dans les cabines de télémédecine ou en guidant l’entretien avec le patient. Cette aide n’est pas forcément très différente de celle fournie par les mêmes solutions d’IA déployées au sein d’un cabinet médical. Elle peut cependant être encore plus utile en télé médecine, en réduisant les inconvénients de cette pratique par une meilleure prise en compte des données médicales collectées, en accélérant les temps d’examen clinique, ce qui, au final, fait gagner du temps médical.

L’IA constitue donc potentiellement un outil de meilleure organisation du processus de soins et de réduction des inégalités territoriales de santé, mais ne règle pas à elle seule la question des déserts médicaux. La nécessité d’un échange direct entre le patient et le médecin impose un maillage territorial plus équilibré de l’implantation des cabinets médicaux.

Si l’IA n’est pas une solution miracle, le déploiement d’outils l’utilisant pourrait permettre de limiter les pertes d’information, de mieux guider le déroulement d’un protocole de soins, de déclencher des alertes quand des anomalies sont repérées, et donc d’éviter les erreurs ou les mauvais choix. Lors de son audition, la société Doctolib, éditeur de logiciel d’aide à la prescription à destination des médecins, indiquait que le signalement des interactions médicamenteuses inadéquates était déjà intégré à son offre logicielle.

Le numérique, qui abolit les distances, change la donne pour les six millions de Français privés de médecins traitants. Chiffres à l’appui, le directeur de Pari­Santé Campus montre que la téléconsultation reste ainsi plébiscitée dans les zones médicales très peu couvertes, preuve de son utilité au-delà de la crise sanitaire provoquée par le Covid-19. Mais les horizons de la télémédecine ne se limitent pas à la seule téléconsultation. « Le numérique améliore le parcours du soin des patients. Les malades chroniques ont souvent besoin d’enchaîner les rendez-vous physiques, or ce suivi peut être assuré par télésurveillance, à l’aide de dispositifs connectés », développe Antoine Tesnière.
Est-ce à dire que les nouvelles technologies, l’intelligence artificielle en tête, finiront par suppléer les médecins dans les déserts médicaux ? « Certaines études américaines ont montré que des algorithmes automatisés des paramètres de la voix sont capables de déceler des pathologies, l’infarctus du myocarde notamment », avance Antoine Tesnière.`

D’autres chercheurs et théoriciens de la santé estimes, que les objets connectés peuvent effectivement constituer à atténuer les problèmes posés par les déserts médicaux. Les applications mobiles peuvent encourager les comportements sains et fournir des rappels pour la prise de médicaments, les rendez vous médicaux, et les exercices physiques. Il n’est pas superflu d’envisager une gestion des maladies chroniques pour des patients atteints des pathologies comme le diabète, l’hypertension, d’après une étude menées par les chercheurs de l’université de Boston, des dispositifs connectés peuvent permettre un suivi continu et une gestion plus proactive de leur condition.

En conclusion, la problématique de l’intelligence artificielle pour palier la question des déserts médicaux offre de nombreuses solutions potentielles pour améliorer l’accès aux soins dans les déserts médicaux. Toutefois, il est important de noter que l’adoption de ces technologies nécessite des infrastructures appropriées (comme l’accès à Internet), une formation adéquate pour les utilisateurs, et une intégration avec les systèmes de santé existants pour être véritablement efficace.

Simon Landry AMOUGUI

M2 droit de l’économie numérique – Promotion 2023/2024

SOURCES:

  1. Matthieu Frélaut – Les déserts médicaux
  2. Sénat – Rapport sur l’IA et l’avenir du service public
  3. Le Figaro – Le numérique, un remède contre les déserts médicaux?

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