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Le jeudi 26 mai 2023, la société américaine Neuralink annonçait via un tweet avoir reçu l’autorisation de la Food and Drugs Administration (FDA) de tester leurs puces connectées sur des premiers patients.

Cofondée par le milliardaire Elon Musk en 2016, cette start-up spécialisée en neuro-technologies développe depuis plus de 5 ans des dispositifs connectés dans le domaine médical. Lors d’une conférence donnée en 2020, Elon Musk avait présenté leur nouvelle technologie de pointe : une puce implémentée dans la boîte crânienne, capable de guérir de nombreuses maladies neurologiques, allant de la paraplégie à la cécité, ou même jusqu’à Alzheimer et la dépression.

La start-up avait déjà présenté un premier prototype en 2019, consistant en un petit boitier collé derrière l’oreille et relié au cerveau. D’importants progrès ont depuis été réalisés ; désormais, la puce est totalement invisible. Mesurant aujourd’hui 23 millimètres de longueur pour 8 millimètres de largeur, elle a la même épaisseur que la boîte crânienne humaine et peut donc s’incruster directement à la place d’un morceau osseux de la même taille. Elle ne laisserait qu’une toute petite cicatrice sur le haut du crâne. Le dispositif serait également très autonome : il se charge par induction grâce à un casque porté la nuit et fonctionne ensuite toute la journée.

La pose de la puce dans le cerveau étant une opération délicate et risquée, elle ne pourrait être réalisée que par des chirurgiens-robots (également développés par la société Neuralink). L’opération se ferait d’ailleurs en moins d’une demi-journée, sans nécessiter d’anesthésie générale. Les milliers d’électrodes contenues dans les filaments de la puce doivent être déposées dans le cerveau au millimètre près, de manière à ce qu’il n’y ait aucun saignement.

Des premiers tests ont déjà été réalisés sur des animaux, en particulier sur des singes et sur des truies (ces dernières ayant un l’un des cerveaux les plus proches de l’homme). Lors de la conférence donnée en 2020, Elon Musk avait présenté trois truies ayant été plus au moins loin dans le test des puces Neuralink. En apparence, aucune trace d’implant n’était visible. L’une d’entre elles, Dorothy, avait porté une puce pendant 2 mois avant qu’elle ne soit retirée. Elle n’a présenté aucune séquelle du retrait du dispositif, Elon Musk voulant démontrer à travers cet exemple que si des hommes se décidaient à se faire implanter l’objet connecté mais changeraient ensuite d’avis, cela n’aurait (en principe) aucune conséquence sur leur santé. La seconde truie présentée, Gertrude, porte quant à elle deux implants Neuralink : l’un incrusté dans le cerveau et l’autre dans la colonne vertébrale. Son activité cérébrale peut directement être suivie sur l’ordinateur auquel elle est connectée, et le mouvement de ses quatre pattes est relié aux impulsions neuronales du deuxième implant. Ce dispositif pourrait permettre aux personnes paralysées de remarcher : l’implant incrusté en bas de la colonne vertébrale, là où les connexions neuronales sont interrompues, permettrait de recréer artificiellement des connexions neuronales opérationnelles. La start-up voit d’ailleurs beaucoup plus grand : si le dispositif fonctionne effectivement sur des patients para ou tétraplégiques, il pourrait également permettre de guérir la cécité, la surdité voire la perte de mémoire (le second implant devant être placé dans le corps humain en fonction de chaque problème médical).

Si la FDA a donné son feu vert à Neuralink pour mener une série de tests cliniques, le dispositif est encore bien loin d’être commercialisé. En effet, il sera d’abord testé sur un nombre restreint de patients volontaires afin de s’assurer de sa sûreté et de son efficacité. Les candidatures pour se porter volontaire ne sont d’ailleurs pas encore ouvertes. En outre, ces implants crâniens ne présentent pas que des risques pour la santé humaine. La question de la sécurité informatique du dispositif se pose aussi : si l’objet connecté venait à être la cible d’une cyberattaque, quelles seraient les conséquences pour le corps humain ? De même, il faut également se pencher sur la question de la collecte des données des patients connectés. Tout cela reste encore très flou et fait peser de réels risques sur leur vie privée.

Enfin, si les puces Neuralink venaient réellement à être utilisées et commercialisées, le débat de l’égalité d’accès aux soins serait également relancé. Les Etats-Unis n’étant pas un pays bénéficiant d’un système de sécurité sociale universel, il est probable que seules les personnes pouvant débourser plusieurs milliers de dollars puissent espérer être soignées grâce à Neuralink.

Elon Musk n’entend pas s’arrêter au simple fait de refaire marcher des personnes paralysées ou de rendre la vue à des aveugles. D’ici quelques années, il aimerait aussi proposer une puce multifonction capable de stocker notre mémoire de manière extrêmement détaillée et de nous faire (re)visionner nos souvenirs. A voir jusqu’où la science lui permettra d’aller…

 

Sources :

A propos de Anne Boutin

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