Le secteur du sommeil est un terrain favorable au développement technologique, information qui n’a pas échappé aux entrepreneurs comme le démontrent les projections de croissance mondiale du marché des aides au sommeil, lequel devrait atteindre les 118,3 milliards de dollars d’ici 2030, soit un taux de croissance annuel moyen de 7,1% pendant la période 2018-2030. Si le segment nord-américain est majoritaire, la Sleep Tech compte des acteurs français de premier plan tels que les startups Withings (N°1 mondial de la détection de l’apnée du sommeil), ou encore Dreaminzzz (masque connecté d’auto-hypnose).
Depuis quelques années seulement, des outils spécialisés dans le sommeil connecté ont émergé et font alternative aux conseils, solutions et recommandations classiques portant sur l’amélioration de la qualité du sommeil. Ce marché lucratif est né d’un constat classique : nous passons près d’un tiers de nos vies à dormir, le sommeil concerne tout le monde, d’autant plus qu’un français sur trois souffre de troubles du sommeil d’après une enquête de l’Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV).
Des solutions diverses et pour tous les budgets
Les différentes technologies Sleep Tech sont souvent ultra-connectées et mobilisent largement l’internet des objets (IOT). Une grande partie de ces objets connectés high-tech et de ces applications visent le grand public. La démarche marketing de ces entreprises est tournée vers le bien-être et la qualité de sommeil. Il est également important de noter que les solutions sont très diversifiées, et en conséquence leurs prix le sont aussi, ce qui fait qu’il est possible de s’essayer au sommeil connecté pour toutes les gammes de prix. L’une des principales solutions mise en avant par les Sleep Tech est le suivi du sommeil.
Il existe notamment des montres et bracelets permettant le suivi du sommeil, bien que ce ne soit pas leur seule fonction puisqu’elles proposent également le suivi d’activité et de fréquence cardiaque. On en trouve dans différentes gammes de prix, les montres connectées cumulant davantage de fonctionnalités puisqu’elles sont souvent connectées à des applications enrichissant les données jusqu’à l’analyse de ces dernières. La FitBit, par exemple, est d’une « précision impeccable » et propose un réveil ajusté selon les phases du sommeil, afin de réveiller l’utilisateur durant son sommeil paradoxal. La startup finlandaise Oura, fondée par d’anciens ingénieurs de Nokia, va encore plus loin dans la technologie portable dite wearable en commercialisant des bagues connectées, un produit premium de santé connectée.
Les bandeaux connectés enregistrent également les données physiologiques de leur utilisateur, telles que la fréquence respiratoire, le rythme cardiaque, la position et les phases de sommeil. D’autres outils servent également le même but : des oreillers et matelas connectés, munis de capteurs imperceptibles. En dehors des applications associées à des appareils connectés, il existe des applications spécialisées dans l’endormissement, proposant notamment des séances de méditation. Certaines de ces applications sont dédiées à l’analyse du cycle du sommeil grâce à l’enregistrement et l’analyse des bruits ambiants pendant la nuit (lorsque la personne ronfle ou se retourne par exemple). Néanmoins, ces applications sont probablement moins précises que les technologies portables évoquées précédemment, puisque ces dernières centralisent davantage de données et mobilisent des technologies différentes. Il existe des traqueurs sous d’autres formes, comme le « sleep analyzer » de l’entreprise française Withings, il s’agit d’un dispositif à placer entre le sommier et le matelas. Ce dernier produit quotidiennement un rapport via l’application connectée sur la longueur et la qualité du sommeil, mais signale également à l’utilisateur s’il est sujet à des apnées du sommeil ou des ronflements.
Il est important de noter que les outils connectés cités n’interviennent pas directement sur le sommeil pour l’améliorer, mais apportent des informations sur la qualité du sommeil de l’utilisateur, ce qui l’aide à comprendre son cycle et son environnement. Néanmoins, la Sleep Tech ne s’arrête pas là, puisqu’il existe un autre groupe d’outils développés grâce à la technologie de la literie, à savoir des matelas et coussins permettant de réguler la température et la posture du corps pendant la nuit. Le smart bed de l’entreprise américaine Sleep Number en est un bon exemple. Leur slogan, “we take care of the science, all you have to do is sleep” (nous nous occupons de la science, il ne vous reste plus qu’à dormir) résume leur technologie : une innovation en matière de sommeil qui utilise des algorithmes avancés pour détecter les mouvements, troubles de sommeil et changement biométriques. Le smart bed est capable d’ajuster la fermeté du lit, mais également d’influencer la température corporelle de l’utilisateur. Cette technologie de pointe est néanmoins très coûteuse, puisqu’il faut compter entre 4 000 et 10 000 euros pour ce produit.
Parmi les autres solutions imaginées par les Sleep Tech figurent notamment les réveils connectés. Il en existe un large panel pour tous les prix, mais ils centralisent tous les mêmes objectifs : favoriser l’endormissement ainsi que l’éveil grâce à la lumière. L’appareil est la parfaite fusion d’un réveil, d’une veilleuse et d’un générateur de bruit blanc. S’agissant de sa fonctionnalité principale – l’éveil – le concept innovant derrière l’appareil est son simulateur d’aube qui va réveiller l’utilisateur à l’heure choisie avec la lumière progressive (avec, tout de même, l’option d’une sonnerie). La marque Philipps propose différents « éveils-lumière », dont les prix varient de 70 à 250 euros. L’appareil le plus haut de gamme de la marque dispose de la technologie « SmartSleep » grâce à un capteur externe permettant de recueillir les données de la pièce tels que la température, l’humidité, le niveau de bruit et de luminosité. Ces données permettent à l’application connectée à l’appareil de fournir des informations sur l’environnement et la qualité de sommeil.
Des dispositifs médicaux
Les solutions de Sleep Tech sont inhérentes au secteur de la santé connectée. Si la plupart de ces dispositifs sont grand public, les technologies liées à la science du sommeil sont également mobilisées à des fins médicales, comme en témoigne l’apparition d’appareils médicaux procurables sur prescription médicale, comme le dispositif de traitement curatif et préventif des apnées du sommeil développé par la startup française Tongue Lab. Aussi, la société ayant développé les matelas connectés SleepIQ mentionnée précédemment se projette dans le futur à la détection de risques pour la santé, notamment dans l’identification de problèmes de santé chroniques comme l’apnée du sommeil, le syndrome des jambes sans repos, et même au-delà. Leur objectif à terme étant de parvenir à déceler d’autres problèmes tels que les maladies cardiaques ou les accidents vasculaires cérébraux grâce à leurs matelas connectés.
Le potentiel de l’exploitation des technologies de la Sleep Tech dans la médecine et dans les soins et diagnostics hospitaliers interroge : jusqu’où cette technologie peut être transposée ? Quoiqu’il en soit, la question du traitement des données collectées devra être clarifiée puisqu’il s’agit là de données de santé qui sont donc sensibles par leur nature.
Sources:
- Polarismarketresearch. « Global Size of Sleeping Aids Market Anticipated to Reach USD 118.3 Billion By 2030: Polaris Market Research | ». Medgadget (blog), 20 septembre 2022. https://www.medgadget.com/2022/09/global-size-of-sleeping-aids-market-anticipated-to-reach-usd-118-3-billion-by-2030-polaris-market-research.html.
- Arias, François. « Insomnie : voici nos solutions connectées pour améliorer ses nuits ». Frandroid, 20 mars 2021. https://www.frandroid.com/guide-dachat/guide-objets-connectes/878053_voici-les-meilleurs-objets-connectes-et-applis-pour-ameliorer-son-sommeil.
- Estimeo. « Les startups de la SleepTech Française ». Estimeo (blog), 6 juin 2019. https://estimeo.com/les-startups-de-la-sleeptech-francaise/.
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Photo d’illustration : Unsplash. « Photo de Quin Stevenson sur Unsplash ». https://unsplash.com/fr/photos/3oyeaivM_fE.