Les transformations du numérique redessinent le marché du travail en détruisant certains emplois au profit d’autres. Certes un nouveau secteur émerge, créant de la richesse et de la valeur mais de lourdes conséquences peuvent se faire ressentir en termes d’emplois.

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Le phénomène ne date pas d’hier, il est déjà apparu au 19e siècle avec l’arrivée de la machine à vapeur. Du secteur de l’agriculture initialement le plus touché  au secteur des entreprises, le progrès technique fait indubitablement peur et fragmente progressivement le marché du travail pour ne laisser la place qu’à une minorité. Dès lors, l’accroissement des machines entraîne une diminution massive des emplois les moins qualifiés en remplaçant les hommes par des robots.

  • De nouveaux secteurs prometteurs mais limités dans l’emploi

A côté de cette perte d’emplois massive, de nouveaux secteurs émergent et remportent très vite un succès mondial n’offrant qu’une minime partie de postes. Prenons l’exemple des applications mobiles pesant parfois quelques millions d’euros pour n’employer que quelques employés. C’est notamment l’exemple d’Instagram dépassant à ce jour les 400 millions d’utilisateurs pour n’employer qu’une quinzaine de travailleurs.

  • Déplacement d’emplois

Il y a donc une destruction d’emplois les moins qualifiés à côté de nouveaux emplois qui se créeront au profit de salariés les plus qualifiés, notamment les profils scientifiques, ingénieurs ou informaticiens.
Par conséquent,  il ne s’agit pas simplement d’une destruction d’emplois mais plus exactement d’un déplacement d’emplois disponibles en termes de secteur. Ce qui aurait pour conséquence de créer de grandes disparités et ne ferait qu’accentuer les inégalités entre les différentes classes.

  • Adapter sa formation à l’ère du numérique 

Cette transformation du marché du travail ne semble pas accompagner les employés séniors ou encore la population adulte ayant en majeure partie des compétences « traditionnelles ». Ces derniers seront contraints de mettre de côté toutes leurs connaissances acquises pour suivre d’autres formations en adéquation avec les nouvelles attentes d’une société métamorphosée.  Toutefois, les connaissances acquises au jour d’aujourd’hui apparaîtront comme désuètes dans les prochaines années où l’état de la technologie et les programmes devront être de nouveaux modifiés. Il faut donc garder à l’esprit qu’il faut pouvoir sans cesse s’adapter au progrès technique continuellement en mouvement.

  • Accélération de la mutation du travail hors du cadre salarié 

Une nouvelle constatation concerne cette fois-ci la transformation non plus sectorielle mais du statut même des travailleurs. Voulue ou pas, on note une tendance générale vers l’abandon du salariat au profit de profils plus indépendants. Le salariat apparaît aujourd’hui comme dépassé  les individus recherchant une plus grande autonomie, une liberté d’agir au nom de la croissance et l’innovation.
Pour autant, la question concernant le statut des travailleurs Uber mérite de l’attention. Si Uber impose certaines exigences à savoir : servir tels clients, pour tel trajet, avec telle facture où est donc la part d’autonomie ? Ce système ne ressemblerait pas plutôt à celui du salariat sans pour autant bénéficier des droits offerts aux salariés ? En effet, dans le cadre d’un contrat de travail, l’employeur ne peut en aucun cas se permettre du jour au lendemain de baisser ses salaires en revanche, les propriétaires de ces plateformes telles que Uber, peuvent pratiquer des baisses tarifaires. Bien que la relation d’Uber et ses chauffeurs ne s’apparente pas à celle d’un contrat de travail, certaines similitudes peuvent apparaître y compris la notion de dépendance économique entre les travailleurs et la plateforme.
Quelles sont donc les solutions envisagées ?
A l’occasion de la remise du rapport “Travail, Emploi, Numérique, les nouvelles trajectoires” à Myriam El Khomri le 6 janvier 2016, le Conseil national du numérique s’interroge avec acuité sur les problèmes concernant l’emploi d’aujourd’hui et de demain en y intégrant les problématiques liées au numérique. Ce dernier suggérant plusieurs alternatives pour pallier à cette problématique.

  • Favoriser la formation

De nouveaux secteurs émergent en s’adressant à des travailleurs plus intellectuels. Il faut donc pouvoir en amont, développer le numérique par le biais de l’enseignement pour éduquer la génération de demain. L’objectif étant de le rendre plus accessible aux jeunes et favoriser ainsi la culture numérique. Ceci leur permettra d’acquérir un bon apprentissage et une bonne maitrise d’Internet et de se familiariser au monde des nouvelles technologies et à l’innovation.

  • Valorisation des parcours hybrides 
  • L’entreprise doit s’adapter à ces changements pour maintenir le salariat

Certes on assiste à un abandon du salariat mais il représente encore le cadre dominant. Les entreprises doivent s’adapter à l’ère numérique et se rendre plus attrayantes pour maintenir ses employés et faire en sorte qu’ils s’y sentent bien. Les employeurs ont également un travail de formation à faire auprès de leurs employés aussi bien au sein de l’entreprise qu’à l’extérieur. Ils doivent encourager leur insertion professionnelle, faire en sorte qu’ils puissent être en mesure d’évoluer selon la restructuration du marché du travail.
Les entreprises se doivent d’être plus flexibles plus ouvertes, en phase avec l’environnement numérique. C’est par exemple le fait de favoriser le télétravail et le téléservice pour mieux s’adapter aux disponibilités de ses salariés ou les encourager à poursuivre leurs projets professionnels ou personnels en leurs octroyant une plus grande liberté. L’entreprise peut également encourager le travail collaboratif en valorisant le travail d’équipe.

  • Encourager le statut d’entreprenariat et accompagner ces nouveaux travailleurs

On constate à côté de l’abandon du salariat une montée de l’entreprenariat. Nombreux sont les employés qui alternent entre différentes activités salariales ou entrepreneuriales pour compléter leur principale activité. L’Etat souhaite encourager cette tendance qui favoriserait l’innovation et la création d’emploi. Pour ce faire, il faut donc pouvoir rassurer ces salariés et amoindrir les risques que représentent une telle activité.  A côté de l’incitation des formations au sein de l’entreprise ou encore de l’émergence de l’enseignement à distance, l’Etat souhaiterait soutenir et accompagner les travailleurs indépendants en leur offrant une protection supplémentaire.  Dès lors, envisager une protection sociale pour les travailleurs hors salariat ainsi que reconsidérer la notion de revenu universel serait des solutions apportées par le conseil national du numérique.
Certes l’émergence du numérique n’est pas sans incidence sur l‘emploi, pour autant ce phénomène ne doit pas être perçu comme une menace mais comme un point de vigilance. Il faut pouvoir anticiper et adapter ces formations et compétences aux métiers de demain.
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Mazal Levy
Titulaire d’un Master 1 en droit des affaires j’ai choisi cette année de me spécialiser en droit de l’économie numérique, un domaine porteur en pleine expansion, pour lequel j’éprouve un profond intérêt

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