«Votre réseau social préféré est détenu par les annonceurs. Chaque post que vous partagez, chaque ami que vous vous faites et chaque lien que vous suivez est suivi, enregistré et converti en données. Les annonceurs achètent vos données afin d’orienter leurs publicités en fonction de vous. Vous êtes le produit qui est acheté et vendu».
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Le manifeste
Cette citation est tirée du nouveau réseau social d’«Ello», créé en mars de cette année. Fin septembre, ce nouveau réseau social créé s’est retrouvé au centre des discussions car celui-ci tend à s’ériger contre certaines pratiques de ses concurrents. Dans son manifeste, Ello nous rappelle: «si c’est gratuit, c’est vous le produit». Selon ses créateurs, il vient combler les lacunes de Facebook en se positionnant face à la stratégie de ce dernier. Le manifeste continue avec la présentation des principes adoptés:
«Nous croyons qu’il y a une meilleure façon. Nous croyons en l’audace. Nous croyons en la beauté, la simplicité et la transparence. Nous croyons que les gens qui font les choses et les gens qui les utilisent doivent être en communion. Nous croyons qu’un réseau social peut être un outil de responsabilisation. Pas un outil pour tromper, contraindre et manipuler – mais un lieu pour se connecter, créer et célébrer la vie. Vous n’êtes pas un produit».
Les différences
A l’absence de publicité et au refus de vendre des données personnelles s’ajoutent des différences supplémentaires entre les deux réseaux. Le réseau minimaliste n’est pas accessible à tous puisqu’en effet, il faut se faire inviter par un membre pour avoir la possibilité de s’inscrire. De plus, les internautes sont libres d’utiliser un pseudonyme, tandis que Facebook a récemment imposé l’utilisation des vrais noms des utilisateurs.
Le modèle économique
Ello opte pour un modèle économique qui ne dépend pas de la publicité. Au lieu de stocker des données personnelles de ses utilisateurs pour les vendre auprès des publicitaires qui mettent en place une publicité ciblée, Ello dénonce cette pratique.
Le nouveau réseau social est une société financée par des business angels et des dons. Bien qu’il reste gratuit, il mettra éventuellement en place des services et des fonctionnalités qui seront accessibles par paiement.
En outre, les co-fondateurs du réseau social ont publié à la fin d’octobre un document pour renforcer leur politique et répondre aux spéculations des sceptiques; Ello a changé son statut pour devenir une Public Benefit Corporation (PBC) ce qui l’oblige, d’après la loi, à promouvoir l’intérêt public. Le changement de statut a également été accompagné par une levée de fonds.
La Charte d’Ello précise que le réseau social ne peut pas tirer du profit par: 1) la vente des données personnelles de ses utilisateurs, 2) la publicité pour le compte d’une tierce personne et 3) il doit s’assurer que ses principes resteront valable même au cas de transfert d’actifs ou d’acquisition par une autre entité.
Les problèmes
En théorie, Ello propose une nouvelle approche quant à l’utilisation des réseaux sociaux. Cependant, c’est en lisant les Conditions Générales d’Utilisation que nous constatons les problèmes potentiels. Le fait qu’Ello ne vende pas de données personnelles à des fins publicitaires ne signifie pas qu’il ne les collecte pas. Au contraire, une clause précise que les données peuvent être partagées avec d’autres entreprises. Qui plus est, la licence donnée par les utilisateurs pour les éléments postés sur le site est très large. La clause relative parle d’une «licence transférable» qui peut se traduire par un droit d’usage des tiers sur ces éléments.
En testant encore sa version béta, il est logique qu’Ello soit loin de lever tous les doutes le concernant et de «déloger» les réseaux sociaux déjà existants. Toutefois, il reste intéressant de voir son évolution, sa viabilité et le modèle économique qu’il adoptera.
Anna Plessa, étudiante au master 2 droit de l’économie numériqueLinkedIn couleur

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