Alors qu’Instagram avait été rachetée par Facebook pour 747 millions de dollars, l’entreprise Snapchat, pourtant comparable à Instagram en termes de popularité et de valeur a refusé les 3 milliards de dollars de Facebook ce 14 septembre 2013… Explication.

Art 3 snapchat

Snapchat est une application mobile qui ne paye pas de mine. Développée par deux étudiants américains et lancée en septembre 2011, elle connait un succès fulgurant avec son modèle simple : les utilisateurs s’envoient des photos, vidéos, textes ou dessins qui sont automatiquement effacés après un maximum de dix secondes. De très nombreux utilisateurs se sont pris au jeu de ce partage de photos éphémères… Bien qu’il soit toujours possible de copier ces documents, via une capture d’écran notamment. Le modèle est donc intéressant, la suppression automatique des images permet également de restreindre considérablement les coûts de stockage, notamment par rapport à Instagram, qui elle conserve les photos des utilisateurs.

Selon le Wall Street Journal, Google aurait surenchérit à 4 milliards… Et aurait essuyé le même refus. Cette technique du « buy to kill », peu répandue en Europe mais très courante aux Etats-Unis est simple : offrir à un concurrent potentiel une forte somme d’argent pour le tuer dans l’œuf.
Car Snapchat est une petite société, avec ses 350 millions de fichiers partagés, ses 57 salariés et ses 200 000 dollars de chiffre d’affaires annuel, on est bien loin des volumes de Google ou de Facebook… Pourquoi alors proposer 20.000 fois le chiffre d’affaire d’une société pour la racheter ?
Le potentiel de Snapchat est pris au sérieux
L’explication est finalement bien simple : Facebook est aujourd’hui confronté à une baisse de fréquentation, et a besoin de se diversifier pour maintenir sa popularité, et ses bénéfices. Or, Snapchat est une application populaire, et comme 80% de ses utilisateurs se trouvent aux Etats-Unis, elle dispose d’un fort potentiel de croissance à l’échelle mondiale. L’application n’a d’ailleurs pas encore été traduite en français, ce qui explique également sa popularité –relativement- faible chez nous pour le moment. De plus, l’application a su passer le cap de la « scalability », c’est-à-dire qu’elle a réussie à faire face à une croissance fulgurante, tout en restant fonctionnelle, même si cela a entrainé certains problèmes, aujourd’hui réglés.
Ainsi, plutôt  que de se laisser racheter, le PDG de l’entreprise Evan Spiegel, fait le pari de réussir à continuer à croître, et peut être même réussir à rejoindre des géants comme Twitter, qui lui aussi a commencé petit.
Facebook n’en est d’ailleurs pas à sa première tentative de neutralisation de Snapchat. Après avoir proposé un milliard de dollars en 2012, Facebook a tenté de copier l’application sur son réseau via les « pokes » qui ont été un échec, les utilisateurs ne comprenant pas vraiment à quoi ils étaient supposés servir.
Le pari de Snapchat est très risqué mais pourrait rapporter gros. Alors que le groupe Chinois Tencent rejoint les rangs des acheteurs potentiels, Snapchat peut tout aussi bien continuer à faire grimper les enchères. Twitter est aujourd’hui évaluée à 25 milliards de dollars sans être rentable, Snapchat pourrait lui emboiter le pas… Tandis qu’Instagram regrette probablement de s’être laissée racheter pour « seulement » 750 millions de dollars en avril 2012.
Reste également à espérer que la bulle spéculative internet n’éclate pas trop tôt pour Snapchat.
Adrien LAURENT

A propos de Adrien Laurent

Cet article a 2 commentaires

  1. Matthieu Kieny

    Article intéressant ! On se demande vraiment ce que Snapchat cache sous sa veste pour être si sûr de son coup en refusant des si gros rachats alors qu’elle ne génère aucun revenu.
    J’ai peut-être trouvé un début de réponse. Voici quelques exemples d’actions marketing sur Snapchat qui pourraient éventuellement rendre cette application viable > http://www.smop-it.fr/exemples-marketing-snapchat/ Qu’en pensez-vous ?

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