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Al-Qaida signifie en Arabe « la base » et cette dénomination renvoyait initialement à « la base des données », destinée à maintenir le contact avec les vétérans arabes du jihad anti-soviétique en Afghanistan, dont une élite était appelée à rejoindre une avant-garde révolutionnaire à vocation planétaire. L’idée de réseau transnational est ainsi au cœur de l’émergence d’Al-Qaida en 1988-1989, qui va trouver sur la toile le vecteur idéal de son jihad global.

La mise en ligne permet à Al-Qaida de contourner l’obstacle de la validation religieuse. Ses dirigeants, malgré l’absence de bagage théologique, défient l’autorité des docteurs de la loi, les oulémas de l’islam, pour s’autoproclamer « cheikh ». La pratique historique de l’islam est balayée au profit d’une dizaine de messages qui exhortent à une violence extrême, à concevoir un islam sans frontières dont la base doctrinale s’appuie sur des citations tronquées sorties de leur contexte.
La communauté virtuelle et illusoire qu’engendre internet correspond aux techniques de mobilisation d’Al-Qaida, qui ont pour cible les individus, souvent hors de la société, en feignant de s’adresser au groupe. Le cyberjihadiste, qu’il soit sympathisant ou militant actif, est abreuvé de messages visant à le convaincre qu’il appartient à une élite, seule détentrice d’une vérité absolue, vouée à l’imposer par la force aux musulmans égarés.
La galaxie de sites d’information proprement dits s’étoffe de forums jihadistes, où les recrues potentielles peuvent être repérées par des agents d’Al-Qaida. Ces rabatteurs dirigent leurs cibles vers des forums cryptés, à l’accès codé où des échanges assidus peuvent conduire ensuite à la transmission de missions opérationnelles.
Parallèlement et en réponse au développement du terrorisme sur internet, différents pays développent une stratégie de contre-offensive. C’est en Arabie Saoudite que les autorités ont mobilisées les autorités cléricales pour invalider les fondements mêmes de la propagande de Ben Laden, et la large diffusion de ses fatwas s’est accompagnée d’une large prévention des dérives jihadistes sur la toile. Cette campagne a pris la forme d’interventions sur les forums jihadistes afin de mettre en garde les internautes des dangers des thèses d’Al-Qaida.
Des figures saoudiennes de la contestation islamiste ont condamné les agissements de Ben Laden. Salman al-Awda et le guide spirituel d’Ayman al-Zawahiri (l’adjoint de Ben Laden) connu sous le nom de guerre « docteur Fadel » ont publiquement accusé Al-Qaida d’avoir dévoyée l’islam.
Aussi, et même si l’aura des propos anti-jihadistes a moins de portée que les thèses d’Al-Qaida, il ne faut pas négliger le poids croissant du rejet, par une partie des musulmans, des actes terroristes commis au nom de l’islam. Cependant, cette menace terroriste reste réelle.
http://www.rdv-histoire.com
Questions internationales, « Internet à la conquête du monde » n°47 janvier-février 2011, La Documentation Française

A propos de Clément ENDERLIN