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Alors que le marché des e-books et autres Kindle explose depuis deux ans outre Atlantique, voici que Steve Jobs sort en France sa dernière progéniture censée nous changer la vie, du moins si l’on s’en réfère au ramdam qui agite les geeks depuis plusieurs mois sur la toile.
Or, « L’Europe résiste à la folie de l’iPad » titrait La Tribune sur son site hier soir !
En comparaison, un million d’exemplaires s’étaient vendus aux Etats-Unis, seulement un mois après sa mise sur le marché, et cela malgré les nombreuses critiques dont la tablette d’Apple a fait l’objet (prix élevé, absence de port USB, dimensions élevées en faisant un produit difficilement nomade…). Le raz-de-marée tarde peut-être à arriver, mais la France et les autres pays qui ont découvert l’iPad hier à sa sortie finiront par se laisser séduire.
Les raisons du succès
En novembre 2009, le magazine Fortune désignait le gourou d’Appel comme le patron de la décennie, en considérant qu’il avait notablement contribué à « changer notre monde ».
Mercredi dernier, « Apple est devenue la firme technologique la plus valorisée au monde » pouvait-on lire dans Les Echos du 28 mai, ravissant ainsi la place qu’occupait son rival depuis dix ans sur le marché de l’électronique, le géant Microsoft !
Depuis le retour aux commandes de Steve Jobs en 1997 (et après son éviction en 1985 d’une société dont il est l’un des co-fondateurs emblématiques en 1976), le gourou de la Silicon Valley multiplie les victoires et l’action Apple Inc. n’a cessé de grimper. Design épuré, utilisation intuitive et ergonomique, systèmes d’exploitation stables et innovants sont les secrets de fabrication de la firme de Cupertino en Californie, passée maître dans l’art se susciter le désir.
Pourtant, les produits Apple arrivent généralement lorsque la concurrence bien installée se dispute déjà les parts de marché. Lorsque l’iPod est apparu, le marché des baladeurs mp3 existait déjà. Même scénario pour l’iPhone lors de son entrée fracassante sur le marché des smartphones il y a seulement 3 ans !
L’iPad au secours de la presse écrite
La presse encense ce nouveau venu et l’accueille comme un messie apportant une bouffée d’oxygène à une presse papier moribonde et incapable d’avoir su créer un modèle économique viable sur le net où la culture du tout gratuit sévit.
Il s’agit en effet de sortir du piège du gratuit et parvenir à monétiser une information de qualité, redonnant de l’espoir à un secteur entièrement sinistré, car une information de qualité, vérifiée, triée, coûte très cher !
Depuis plusieurs années, la presse est en difficulté, en France comme ailleurs. Le journal Le Monde ou le quotidien Libération, entre autres, ont du multiplier les trouvailles pour tenter de maintenir un lectorat en constante érosion. Ailleurs le problème était semblable puisque le New York Times, et la majeure partie des grands quotidiens nationaux américains ne cessaient d’aggraver un endettement déjà abyssal !
La presse gratuite est également pointée du doigt, alors que cette même presse est alimentée le plus souvent par les grands médias…
Désormais, il sera possible de rendre l’actualité plus attrayante en enrichissant les journaux numériques de vidéos, de diaporamas ou d’entretiens audio. D’autre part, la maquette originale d’un titre peut être conservée via l’iPad. Le lecteur consulte un numéro en glissant son doigt sur l’écran pour tourner les pages, comme il le ferait avec un journal papier.
Les enjeux du livre numérique
Le monde de l’édition littéraire est lui aussi en ébullition, bien que les enjeux ne soient pas les mêmes pour l’instant. Le livre physique n’est pas encore en voie d’extinction, et selon toute vraisemblance, le livre numérique ne va pas le remplacer comme ce pourrait être le cas avec la presse. En effet, comme le déclare Pascal Fouché, historien de l’édition, dans le numéro de ce mois-ci de la revue Esprit, le livre papier va survivre, « au moins pour une partie de la production », mais la dématérialisation va se poursuivre. Il cite en exemple la disparition progressive des encyclopédies papier, les livres universitaires de droit ou de médecine pour ne citer qu’eux, produits de plus en plus directement sous format numérique.
Pourtant, bien que le livre n’ait pas souffert des assauts des ouvrages numériques encore balbutiant en France, les maisons d’édition se préparent au tournant. Ils n’ont nullement envie de voir se reproduire dans le domaine de l’édition littéraire, le cauchemar que l’industrie du disque et du cinéma a subi ces dernières années.
Un outil multimédia convergeant
On a beaucoup évoqué la possibilité de lire la presse quasiment en temps réel, mais l’iPad n’est pas uniquement un « reader ». Il est la parfaite synthèse entre les différents lecteurs de médias numériques. Il permet de visionner des films avec un excellent confort visuel, d’écouter de la musique, de se distraire avec un jeu vidéo, de naviguer sur le web, de consulter ses photos, ses mails,… Des applications restent encore à imaginer. Il pourrait devenir un outil de travail comme le téléphone ou l’ordinateur. Le milieu médical y voit d’ailleurs un intérêt puisque la feuille de soin électronique, dématérialisée, a déjà son application.
On peut imaginer un agent immobilier, armé de son iPad, vendant les mérites d’un bien par le biais de sa tablette numérique, avant de le visiter réellement.
La concurrence s’organise et semble bien déterminée à croiser le fer. Amazon va donner naissance à une nouvelle version de son Kindle. LG, Samsung et HP se préparent également à contre-attaquer. La compétition ne fait que commencer pour séduire le consommateur, mais c’est lui qui décidera lequel des constructeurs aura sa faveur. Verdict dans quelques mois où nous saurons, trois ans après la sortie de l’iPhone, si le miracle Apple se produira à nouveau…

A propos de Marc SCHERRER