L’introduction de l’intelligence artificielle générative (IA) dans le domaine du droit transforme la manière dont les avocats, les magistrats et les autres professionnels du droit travaillent. Si elle permet d’optimiser les processus et d’augmenter l’efficacité, elle impose également aux juristes de repenser leur rôle et de s’adapter à cette nouvelle réalité technologique.
L’IA est de plus en plus présente dans le domaine juridique, transformant les pratiques traditionnelles et créant de nouvelles opportunités.
- Les apports de l’IA générative
L’IA permet d’automatiser des tâches chronophages telles que la recherche juridique. Le 1er février 2024, Lefebvre Dalloz a lancé sa plateforme d’IA générative « GenIA–L for search » pour les professionnels du droit. Cette IA a pour but d’accélérer et de simplifier la recherche juridique, ainsi que l’analyse des contrats. Les résultats fournis par cette IA sont adaptés au contexte légal et aux pratiques des cabinets d’avocats.
Suivant le même rythme, la plateforme en ligne Jusmundi reconnue pour son moteur de recherche d’arbitrage et de droit international a organisé une levée de 20 millions d’euros pour « Jus AI ». Il s’agit d’une IA générative qui permet d’automatiser la recherche juridique, la rédaction et la traduction de documents légaux. Jus AI utilise des modèles de langage avancés pour offrir des résumés précis sur des décisions juridiques, des sentences arbitrales et d’autres documents juridiques.
Les modèles d’IA génératives développés par Lefebvre Dalloz et Jusmundi permettent aux professionnels du droit d’améliorer leur compétitivité par l’automatisation de tâches simples.
- Les défis posés par l’IA dans le secteur juridique
L’IA générative est aussi une source de défis pour les professionnels du droit. Bien que cette technologie permet l’automatisation de certaines tâches. Il convient rester prudent avec les résultats fournis par celle-ci. L’IA générative est créée pour générer du contenu au risque d’« halluciner» et générer du contenu qui n’existe pas. Cela représente un risque en matière de responsabilité.
Prenons l’exemple d’un avocat qui demande à une IA générative de lui fournir des jurisprudences pour préparer sa plaidoirie. L’IA génère une réponse. L’avocat prend les jurisprudences sans vérifier la véracité de celles-ci. À l’audience, l’avocat énonce sa plaidoirie et le magistrat, dubitatif des jurisprudences avancées par l’avocat, vérifie. Les jurisprudences n’existent pas. Cet exemple est inspiré d’un fait réel. Il s’agit de l’histoire d’un avocat américain qui a fait usage de l’IA générative ChatGPT. L’affaire a été renvoyé devant une autre juridiction d’un autre État dans lequel l’avocat n’avais pas d’autorisation d’exercer.
Autre défi que représente l’IA générative pour les juristes, c’est l’actualisation de la base de données. L’IA est entrainé sur une certaines bases de données à partir de laquelle elle va générer ses réponses. Néanmoins, le droit est une discipline en constante évolution. C’est pourquoi il est important que les professionnels aient conscience de cet aspect technique, pour rester à jour dans les décisions juridiques et autres actualités.
L’utilisation croissante de l’IA dans le droit met en exergue des enjeux juridiques complexes tels que la responsabilité en cas d’erreur, la protection des données personnelles, ou encore l’éthique entourant le traitement algorithmique. Pour gérer ces nouvelles problématiques, il devient crucial de faire appel à des professionnels du droit spécialisés en technologie et en protection des données.
Certains métiers juridiques, en particulier ceux liés à des tâches répétitives ou procédurales, pourraient évoluer. Les juristes doivent acquérir de nouvelles compétences pour collaborer avec les technologies de l’IA et comprendre les algorithmes derrière les décisions automatisées.
Sources :
https://jusmundi.com/fr/jus-ai
https://www2.lamyline.fr/ressources/questions-droit/ia-generative-alliee-des-professionnels-du-droit/
https://www.radiofrance.fr/franceinter/un-avocat-americain-a-utilise-chatgpt-pour-preparer-un-proces-et-n-a-cite-que-des-faux-arrets-3833906