Présentée par nombre d’experts comme une des innovations les plus fondamentales et les plus prometteuses de notre temps, la Blockchain est une technologie de stockage et de transmission d’informations, une sorte de méga base de données. A la différence des bases de données classiques, elle est transparente, infalsifiable, sécurisée et suppose l’absence de tiers de confiance. Le mathématicien et informaticien français Jean-Paul Delahaye compare la Blockchain à “un très grand cahier, que tout le monde peut lire librement, gratuitement, sur lequel tout le monde peut écrire, qui est impossible à effacer et indestructible.” Elle est aujourd’hui utilisée dans de plus en plus de domaines. Parmi eux, la billetterie en ligne.
L’application à la billetterie : comment ça marche ?
Sur une billetterie en ligne classique, le billet acheté sur internet se matérialise par un code-barre (ou QR code) contenu sur un PDF à imprimer chez soi (E-ticket) ou directement sur le téléphone du spectateur (M-Ticket).
Dans un système de billetterie basé sur la Blockchain, les billets en format PDF avec code-barre/QR code sont supprimés. Chaque utilisateur installe un portefeuille électronique (un « e-wallet ») sur son téléphone via une application qui va contenir le billet, un morceau de la Blockchain. Le billet est 100 % digital.
Le jour de l’évènement, le spectateur présente son téléphone au contrôle. Soit le billet est scanné au moyen d’un terminal de contrôle dédié capable de reconnaître directement le contenu du « e-wallet » via BlueTooth ou grâce à une puce NFC. Soit le billet est d’abord extrait de la blockchain grâce à une fonction dédiée sous forme d’un code-barre/ QR code qui est ensuite scanné classiquement.
Un outil de lutte contre la fraude et le marché noir
La blockchain peut constituer un formidable outil de lutte contre la revente des billets sur le marché noir. L’organisateur peut paramétrer le « e-wallet » grâce à un « smart contract » Concrètement, il s’agit de “programmes autonomes qui, une fois démarrés, exécutent automatiquement des conditions définies au préalable et inscrites dans la blockchain.” (Définition Blockchain France)
Ce type de contrat lui permet de configurer des règles concernant la revente des places. Il peut fixer un prix maximal et ainsi éviter la revente des billets à des prix exorbitants, souvent source de confusion chez les spectateurs et susceptible d’entrainer des retombées négatives en terme d’image pour les évènements. Il peut également se prémunir contre l’achat massif de billets au détriment des spectateurs, pratique habituelle des acteurs du marché noir, en limitant le nombre d’achat par personne, donc par « e-wallet ».
Grâce au « smart contract », l’organisateur garde la main sur le second marché. Mieux, il en édicte les règles.
Les organisateurs d’évènements pourraient en outre court-circuiter les plateformes de revente classiques et percevoir une rémunération, qui apparaitrait plus juste, sur la revente des billets. Une partie de la plus-value réalisée par le revendeur pourrait même être reversée aux artistes en cas de revente à un prix supérieur à sa valeur faciale.
Chaque billet étant par ailleurs unique et infalsifiable sur la Blockchain, la fraude au faux billet pourrait être considérablement limitée. L’organisateur peut attribuer un billet unique à chaque « e-wallet », et mettre en place une zone d’échange sur laquelle les spectateurs peuvent acheter ou revendre en toute confiance des billets assurément valides.
Un outil de sécurisation des évènements
Le système de billetterie Blockchain permet à l’organisateur d’identifier le détenteur d’un billet et de savoir s’il a fait l’objet d’un transfert. Toute action sur la Blockchain laisse une trace.
Si le détenteur original peut être personnellement identifié dès l’achat, selon le mode de reconnaissance choisi par l’organisateur (noms et prénoms, photo, numéro de passeport etc.), ce n’est, a priori, pas possible pour l’acheteur du second marché qui peut être n’importe qui. Sur la Blockchain, l’organisateur peut savoir qu’il y a eu revente et savoir sur quel « e-wallet » se trouve le billet, et donc sur quel téléphone. Les identités des détenteurs de billets revendus sur le second marché peuvent ainsi être demandées lors du du contrôle du billet. Les organisateurs peuvent ainsi savoir qui participe à leur évènement.
Dans un contexte de recrudescence des attaques terroristes, notamment dans les lieux de spectacle, la connaissance du public est une attente aussi bien pour les spectateurs que pour les organisateurs.