La consommation de smartphones ne cesse pas d’augmenter- en 2014 1,2 milliard de smartphones ont été vendus dans le monde entier. En même temps, de plus en plus d’informations sont accessibles quant à la face sombre de ce développement…Fairphone
Une étude du chercheur Thung-Hong Lin sur 21 suicides survenus en Chine chez Foxconn, premier sous-traitant mondial d’Apple, mais aussi de Nokia, Dell ou Sony ont attirés l’attention aux conditions de travail terribles pour la fabrication de nos portables.
Des ONG informent depuis des années sur les enjeux désastreuses de l’extraction des minerais contenus dans les portables, notamment le coltan. Ce minerai est majoritairement extrait dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) sous des conditions de travail affreuses et où il finance depuis 15 ans la guerre civile- l’un des conflits les plus meurtriers depuis la Seconde guerre mondiale avec plus de 5 millions de morts.
C’est à partir de ce constat que l’idée du FAIRPHONE est née. Le designer Bas van Abel était chargé d’une campagne de sensibilisation sur la provenance des minerais. Au lieu de blâmer les méchants, il a envie d’aller au-delà. En janvier 2013, le jeune designer industriel crée une start-up avec un grand objectif: Changer le système depuis l’intérieur.
Un financement innovant
Pour réaliser le projet, la start-up néerlandaise doit trouver des moyens financiers. Un opérateur néerlandais garanti une première sécurité financière, il promet de commander 1000 portables, puis, l’opérateur Vodafone donne 18 000 € et des fonds privés aident également au financement. N’étant pas suffisant, la jeune start-up lance une campagne de financement participatif (crowdfunding). Les futurs clients pouvaient prépayer le Fairphone (prix du Fairphone 1 : 325€) et il était ensuite livré au bout de quelques mois. Au début, l’entreprise visait 5000 vendus mais au bout de trois semaines, 10.000 portables ont été commandés. Aujourd’hui, l’entreprise compte 60.000 Fairphones vendus dans le monde entier et est gérée par 39 employées avec 20 nationalités différentes.
Le FAIRPHONE 2 peut être actuellement précommandé pour 525€ et sera livré vers le mois de novembre 2015. Au niveau technique, le FAIRPHONE 2 est au même niveau que d’autres smartphones. Sa valeur ajoutée consiste dans sa lutte pour une consommation technique plus éthique et convainc par la création d’un smartphone plus durable.

Critères sociaux et écologiques

Bas van Abel n’a pas cherché des alternatives de fabrication et d’extraction en dehors des terrains « sensibles ». Pour changer le système, il faut agir là où les problèmes existent. C’est pour cela que le Fairphone est fabriqué en Chine. Une usine à Chongqing a accepté de créer des conditions de travail plus humaines (respect du code de conduite élaboré par Ethical Trading Initiative, garantie d’un salaire minimum, respect des mesures de sécurité, repas gratuit à la cantine, etc.). L’organisation locale chinoise TAOS a aidé de les mettre en place et se charge également de son contrôle.
Quant aux minerais présents dans le Fairphone, la situation s’avère comme étant beaucoup plus compliquée. Un portable, comporte entre 30 et 60 minerais. C’est à ce point que les limites du projet s’avèrent- un smartphone 100% équitable n’existera probablement jamais. Mais Fairphone s’engage à rendre publique les provenances des minerais classés comme conflict minerals (l’étain, le tantale, l’or et le tungstène, tous extraits majoritairement dans l’est de la RDC) et de trouver des mines qui ne financent pas les conflits sanglantes. Pour l’étain et le tantale l’entreprise a pu trouver une solution par les associations Conflict free tin initiative et Solutions for hope qui certifient que les minerais proviennent de mines congolaises où ils ne financent pas les groupes rebelles. Pour le tungstène, un partenariat avec une mine à Ruanda promet une provenance plus sûre dans les années qui suivent. Pour l’or, l’entreprise cherche encore des solutions.
Mais aussi les aspects environnementaux ont joué un rôle dans la fabrication et le design du Fairphone. La plupart des portables sont fait en sorte qu’une réparation soit très couteuse et non effectuable par le consommateur-même afin de le pousser à acheter un nouveau modèle. De plus, les accessoires (chargeur etc.) fonctionnent seulement pour certains modèles et le client doit toujours les acheter à nouveaux.
Le FAIRPHONE est différent. Sur leur site, ils encouragent à ne pas acheter leur produit, tant que l’ancien portable fonctionne. Leur ambition est que le Fairphone ait très longue durée, au moins 5 ans. Sept pièces sont facilement échangeables (display, batterie, housse, processeur, caméra, microphone, enceintes). Aucun accessoire est livré avec car il utilise les prises standards et l’entreprise part du principe que le consommateur possède déjà la plupart de l’équipement. De plus, des projets de recyclage sont en train de naître au Ghana.
Une autre caractéristique est la transparence. Dans leur blog, Fairphone tient le consommateur au courant concernant leurs projets, leurs essais, leurs erreurs, le développement etc. Pour le Fairphone 1, il existe une liste détaillée qui rende publique comment le prix 325€ se compose.
Un portable complètement commerce équitable restera probablement une utopie car il est beaucoup trop complexe de contrôler et connaitre la provenance des milliers de pièces nécessaires pour sa fabrication. Mais les vrais enjeux du FAIRPHONE sont qu’il pose les questions fondamentales à se poser dans l’ère de la technologie- tant pour les producteurs tant pour les consommateurs, qu’il a un impact social dans les régions de production et d’extraction et qu’il offre la possibilité au consommateur de prendre un choix plus responsable. C’est en cela que consiste sa vraie révolution.

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