You are currently viewing L’IA et le sport : quel avenir pour les paris sportifs ?
Le Parisien/Matthieu de Martignac

Dans la Grèce antique, « les combats de coqs ont diverti les Anciens pendant des siècles »[1], l’histoire note également la passion des romains pour les paris sur les fameux combats de gladiateurs. De nos jours, les paris sportifs sont en pleine croissance. Cette expansion est issue de l’usage accru d’Internet et des nouvelles technologies.

Dans l’ère du « tout numérique et du tout digital », le Machine Learning affecte l’essence même de ces jeux d’argent basés sur la prédiction d’une rencontre sportive : le hasard. Ainsi, l’accompagnement des parieurs par un algorithme inquiète les bookmakers[2].

Traditionnellement, un parieur s’efforce pour ne pas laisser place à la chance dans ces jeux. Il va donc collecter et analyser plusieurs données. Prenons l’exemple du football : le pronostiqueur peut et doit regarder les derniers matchs des équipes en question pour définir les taux de victoire, les taux de possession du ballon lors des matchs, le nombre de tirs au but, etc. Il est alors très difficile de s’en sortir d’une telle quantité massive de données. C’est là qu’intervient l’intelligence artificielle afin d’aider les parieurs à se diriger vers le « bon » choix, à la manière de Paul le poulpe, surnommé « l’oracle d’Oberhausen ». L’IA est en effet « devenue un objet global et abstrait, regroupant différentes formes d’applications informatiques et technologiques »[3], telles que les applications de prédiction des évènements sportifs.

Mais comment ça marche ? La data est au cœur de ces algorithmes. Un match de foot, de basketball ou de handball n’est plus représenté à travers des beaux gestes techniques des sportifs ou du génie stratégique des entraîneurs, mais uniquement à travers des chiffres. Même si les entreprises comme Datawin, SportRadar ou Paulo, ne dévoilent pas le secret de leurs boîtes noires, derrière ces algorithmes se cachent des modèles mathématiques. Ces algorithmes fonctionnent par le biais de l’accroissement de plus de 20 paramètres. Par ailleurs, le créateur de l’Algo de Paulo, Paul Sada, a déclaré que « les mathématiques sont le cœur de notre projet et représentent pour tous les parieurs une réelle valeur ajoutée ».

Il faut garder en tête que rien n’est joué avant le dernier sifflet de l’arbitre. L’IA prend appui uniquement sur la data, néanmoins le sport est bien plus que des chiffres. Tout peut dépendre de l’état physique des sportifs, de l’état d’âme de l’arbitre et le degré de motivation de l’équipe dans son ensemble. Ces éléments ne peuvent pas être (pour l’instant) pris en compte par une machine. L’intervention humaine reste alors primordiale.

Attention, les paris sportifs peuvent être une source d’addiction pour les individus. En cas de nécessité, il ne faut pas hésiter à en parler à des personnes de confiance, ou appeler le numéro anonyme de Joueurs-Infos-Service (+33 9 74 75 13 13).

 

[1] Le motif des coqs affrontés dans l’imagerie antique, Philippe Bruneau, Bulletin de Correspondance Hellénique, 1965

[2] Les « bookies » sont des personnes qui permettent de parier de l’argent sur des évènements, notamment sportifs.

[3] Introduction à la culture générale numérique, Yannick Meneceur

 

Sources : 

A propos de C. Ege Ulas