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Image par Michael Wuensch de Pixabay 

Les cryptomonnaies traversent actuellement une période difficile, avec notamment la faillite de nombreux leaders du secteur, tels que Compute North, un fournisseur d’infrastructures pour le minage ou encore FTX, une place de marché. Mais la crise énergétique globale risque d’impacter davantage ce secteur. La fin d’année s’annonce compliquée pour la cryptomonnaie ! 

En octobre 2022, la Commission européenne a publié un plan d’action montrant l’impact du numérique et des nouvelles technologies sur les ressources énergétiques. Elle met en avant la problématique d’une forte consommation énergétique de la cryptomonnaie et demande aux Etats membres de prendre des “mesures ciblées et importantes ”, notamment en ce qui concerne le minage de cryptomonnaie.

La Commission appelle également à une coopération internationale pour réduire l’impact énergétique de ce secteur, montrant la nécessité de réguler l’impact de la cryptomonnaie sur les ressources énergétiques. Mais où en sommes-nous réellement ?

Tout d’abord, qu’est-ce que le minage ? Et que consomme réellement la cryptomonnaie ?

Pour faire simple, le minage correspond au procédé de validation et de sécurisation d’une transaction de cryptomonnaie. Il existe différents procédés de minage, plus ou moins énergivores. Pour le Bitcoin par exemple, le procédé est dénommé “proof of work”. Ce dernier consiste en la résolution d’une équation très complexe. Le mineur aura nécessairement besoin d’un matériel informatique très puissant, donc très énergivore. Cela révèle une véritable problématique énergétique.

La Commission européenne énonce que « La consommation d’énergie des cryptomonnaies a augmenté de 900 % au cours des 5 dernières années et a plus ou moins doublé par rapport à il y a 2 ans, atteignant environ 0,4 % de la consommation électrique mondiale. »

Néanmoins, cette consommation a chuté avec la crise de la cryptomonnaie. En effet, la consommation énergétique du Bitcoin est passée de “10,67 TWh en mai 2022 à 9,68 TWh en juin 2022”. Une diminution qui reste cependant dérisoire pour une technologie aussi énergivore.

Ainsi, compter sur la crise de la cryptomonnaie pour résoudre la problématique énergétique dans ce secteur semble être une mauvaise approche. Dans ce sens, les mesures prises doivent être plus ambitieuses et plus répressives.

Une véritable urgence climatique !

La nécessité de réguler certains secteurs extrêmement énergivores se fait de plus en plus ressentir. Dans une volonté de préparer l’hiver et d’éviter les risques de coupures de courant, de nombreux Etats envisagent l’interdiction du minage. Mais interdire de miner est-il réellement une solution ?

La réponse semble être négative. En effet, l’interdiction de miner en Chine ou encore au Kosovo a permis de réduire considérablement la consommation énergétique de ce secteur sur ces territoires, soulageant par la même occasion les installations électriques. Cependant, dans une approche énergétique globale, cela ne change rien: les mineurs vont tout simplement délocaliser leurs infrastructures dans des régions autorisant le minage. Cela s’est notamment produit au Kazakhstan suite à l’interdiction de miner en Chine, engendrant ainsi de nombreuses coupures de courant.

L’urgence climatique étant mondiale, il faut impérativement responsabiliser les acteurs de la cryptomonnaie sur leurs impacts énergétiques. En effet une seule transaction Bitcoin consomme environ 4 222 800 000 joules, l’équivalent de plus de 2.3 millions de recherches sur Google.

Dans ce sens, la Commission souhaite mettre en place un “label d’efficacité énergétique pour la cryptomonnaie”. Il est probable que ce label sensibilisera les acteurs de la cryptomonnaie comme les investisseurs. Ces derniers se tourneront sûrement plus facilement vers des cryptomonnaies moins énergivores comme Solana qui consomme 1 836 joules d’énergie pour une transaction, soit autant qu’une recherche sur Google.

Le passage à un procédé de minage différent pourrait également réduire l’impact de la cryptomonnaie sur la crise énergétique actuelle. Il est utile de rappeler l’existence de procédés moins énergivores comme le minage par “proof of stake”. La fondation Ethereum a effectivement démontré que le procédé “proof of work” consomme 99,95% plus d’énergie que la “proof of stake”.

La crise énergétique ne marque donc pas la fin de la cryptomonnaie, mais le début d’une ère de responsabilisation de ses acteurs

Pour en savoir plus : 

A propos de Norhane Soltani