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« (…) le Parlement européen s’est couché devant la propagande des GAFA. ». Cette phrase de l’eurodéputé Jean-Marie Cavada résume bien les jeux d’influences et de pouvoirs qui se déroulent dans les travées des instances parlementaires. Apprécié diversement par les politiques et la société civile, le Lobbying reste l’une des armes principales des GAFA dans la sauvegarde de leurs intérêts.
Le terme « lobby » est communément utilisé pour désigner les groupes d’intérêt ou groupes de pression cherchant à influencer la législation dans leur domaine. Cette pratique est l’apanage des Gafa qui, avec la multiplication de lois comme le RGPD ou la directive pour le droit d’auteur, ont tout intérêt à intervenir en amont de la chaîne législative. Le lobbying prend de ce fait diverses formes. Au delà des simples arguments de persuasion, les lobbyistes ont tendance à utiliser des méthodes moins conventionnelles. On pourrait citer par exemple les cadeaux de grande valeur offerts gracieusement, des offres d’emplois difficilement refusables, des invitations à des événements pouvant apporter de la visibilité; la palette est variée. Ils entendent par ces moyens garder le contrôle sur le vote des lois en ralliant les parlementaires ou sénateurs à leur cause…et cela fonctionne.

 
Le 4 juillet dernier,  le parlement européen rejette la première tentative d’adoption de la directive sur le droit d’Auteur. Le texte est rejeté par 318 voix contre 218 et 31 abstentions mais ce qui est relevé par nombreux parlementaires et observateurs, c’est bien le lobbying offensif qui a été effectué à cette occasion. la SACD parlera de « lobbying insensé et inédit fait de mensonges, de caricatures et de menaces ». L’Adami se contentant d’affirmer « Google se paye l’Europe ». Si le texte a depuis été adopté, cet épisode a montré à quel point les GAFA peuvent se montrer influents, voire innovants.
Un lobbying 2.0
Le lobbying effectué par les GAFA ne se cantonne désormais plus aux couloirs des parlements. Aujourd’hui, le nouveau champ de bataille est internet. Olivier Hoedeman, chercheur pour une ONG affirmait  « (…) il y a aussi eu une campagne en ligne, avec des pétitions, des appels et des courriers aux députés, qui était, pour autant que je puisse en juger, authentiquement le fait de citoyens. ». En effet, les GAFA ont de plus en plus tendance à utiliser l’opinion publique comme moyen de pression. L’exemple le plus récent est le Hashtag #SaveYourInternet lancé par YouTube pour inciter ses utilisateurs à s’insurger contre l’article 13 de la même directive sous couvert de défense de la liberté d’expression.
Il s’agit donc ici d’un véritable jeu de marionnettiste auquel s’adonnent les GAFA et dont dépend directement leur compétitivité. Et pour cela, les GAFA ne lésinent pas sur les moyens.
Un budget pour le lobbying toujours plus élevé
Les Gafa emploient des sommes colossales pour mener à bien leur lobbying. Google s’est par exemple particulièrement illustré avec 5.02 millions dépensés sur le premier trimestre 2018. Sur la même période, Amazon aurait dépensé 3.38 millions de dollars tandis que Apple ferme la marche avec ses 2.14 millions de dépenses. Le record est détenu par Facebook avec ses 11.5 millions de budget de lobbying sur un trimestre. Un montant qui a dû augmenter depuis le scandale Cambridge Analytica.
Les sommes investies en lobbying reflètent bien l’importance qu’accordent les GAFA à ce jeu d‘intérêts. Ils l’auront compris, la “bataille des couloirs” est définitivement un préalable à leur survie commerciale.

A propos de Joseph GBOKO