Le 18 septembre 2013 est annoncé le projet Calico. Crée par Google, cette entreprise se donne pour objectif de vaincre certaines maladies comme le Cancer mais surtout combattre le vieillissement. Si l’annonce de ce projet a suscité émoi et espoir dans la presse spécialisée à ce moment-là , la communication à ce propos est aujourd’hui quasi-inexistante. Une véritable omerta instaurée par Google qui nous pousse au questionnement : Calico est- il toujours en vie ?
Google et la santé : Une histoire compliquée
Google n’en est pas à sa première tentative d’incursion dans le domaine de la santé. En 2008, la firme sortait le projet Google Health, permettant aux utilisateurs de se construire un profil mentionnant les maladies, allergies, examens, etc. le but étant d’anticiper d’éventuelles interactions médicamenteuses par exemple ou conseiller un spécialiste à proximité. Le programme fut un fiasco en France et fini par être fermé en 2012, faute d’utilisateurs. Autre projet phare, la création en collaboration avec Novartis de lentilles de contact connectées, permettant de contrôler le taux de glycémie des diabétiques. Lancé en 2014, Google a mis fin au projet le 16 novembre dernier, un autre échec. Cependant aucun des projets pré-mentionnés ne se rapprochait de l’ambition de Calico.
Calico : état des lieux
Au lancement de Calico, l’objectif était explicite : Comprendre la biologie autour du vieillissement et développer des thérapies pour permettre aux gens de vivre plus longtemps. Pour cela l’entreprise va, en collaboration avec AbbVie, investir 1,5 milliards de dollars dans ce projet. 5 ans après, peu d’informations ont filtré sur l’avancée du projet. Une véritable culture du secret qui exaspère une partie de la communauté scientifique lui reprochant de ne pas jouer le jeu du partage, propre au milieu scientifique. Toutefois, certains indices laissent à penser que le projet suit son cours. D’abord de nombreux partenariats noués au fil des ans avec des compagnies pharmaceutiques comme C4 Theurapetics, pour le développement de remèdes contre les maladies liées à l’âge. On note aussi divers partenariats avec l’ École médicale du Sud-Ouest de l’université du Texas, le MIT, le Broad Institute de l’université d’Harvard et le plus important de tous, un partenariat avec le « Buck Institute for Research on aging » spécialiste de la recherche sur le vieillissement.  Des tests sur la génétique ont été aussi menés sur des souris en partenariat avec le laboratoire Jackson, un institut de recherche biomédical à but non lucratif. Ce faisceau d’indices laisse penser que Calico est toujours sur les rails. Cependant, les questions liées au Trans humanisme sont toujours d’actualité : l’humanité a-t-elle vraiment intérêt à voir apparaître des super-hommes ?
Trans-humanisme Vs Ethique, bis repetita
Si l’espoir suscité par la recherche contre le cancer est légitime, Calico semble vouloir traiter le vieillissement comme une maladie et cela pose problème. Au-delà des questions évidentes de surpopulation et d’insuffisances des ressources que cela pourrait engendrer sur les prochains siècles, l’augmentation de l’espérance de vie bouleverserait la pyramide des âges au niveau mondial. Le risque d’une population vieille, nombreuse et peu fertile devrait de ce fait alerter Google sur le Prométhée moderne qu’ils ont en développement.
Les questions d’éthique sont nombreuses en ce qui concerne Calico. Google a donc un intérêt certain à maintenir le flou sur l’avancée du projet. Ce flou permettra dès lors, à défaut d’éviter le débat public, de le repousser indéfiniment.

A propos de Joseph GBOKO