Le 25 octobre dernier se tenait chez Christie’s (New-York) une vente aux enchères d’œuvres d’art.
Lors de cet évènement, un tableau nommé « Le Portrait d’Edmond Belamy » a trouvé acquéreur. La particularité de cette vente réside dans le fait que l’oeuvre ait été peinte par un algorithme d’intelligence artificielle.
Il s’agit de la première œuvre réalisée par un algorithme vendue aux enchères, et ce pour la modique somme de 432.500 dollars.
 
Un tableau réalisé grâce à la technique du “Deep Learning” 
Ce tableau a été réalisé par un collectif français nommé « Obvious », à l’aide d’une intelligence artificielle.
Le collectif a utilisé la technique dite « deep learning » (ou apprentissage profond). Cette technique permet à un programme de reconnaître un contenu, grâce à des images incorporées à l’algorithme. Deux mécanismes agissent de concert : un premier algorithme crée la forme et la couleur, et un second utilise des critères discriminants afin de donner un style précis à la peinture.
Cependant, l’algorithme utilisé pour réaliser cette peinture puise son fonctionnement dans un code source réalisé par un tiers. En effet, le code a été emprunté à un artiste américain, Robbie Barrat. Ce dernier l’avait publié en open source sur le site internet Github.
 
La paternité de l’œuvre réalisée par l’intelligence artificielle
Cette création pose donc plusieurs questions quant à la paternité de cette oeuvre.
Qui peut prétendre être l’auteur de cette peinture : s’agit-il de l’algorithme ? du créateur du code ? ou encore du collectif Obvious ?
Tout d’abord, l’algorithme n’a pas de personnalité juridique, on ne peut donc pas lui attribuer un droit. De surcroît, une création, pour être protégée par le droit d’auteur, doit revêtir un caractère original. Pour cela, l’œuvre doit porter l’empreinte de la personnalité de l’auteur. Dans le cas d’une œuvre réalisée par une intelligente artificielle, il semble impossible de déceler la personnalité de l’auteur.
Le collectif français Obvious souhaite faire valoir sa paternité en arguant qu’ils ont ajouté les images utilisées comme données d’apprentissage, afin de faire créer à l’algorithme l’œuvre souhaitée. L’apprentissage de l’intelligence artificielle a donc été permis grâce au collectif, et l’apprentissage a permis à l’algorithme de créer l’œuvre. Les instructions du code n’auraient pas suffi à créer l’oeuvre, sans les données d’apprentissage du collectif.
Face à la recrudescence de l’utilisation de l’intelligence artificielle dans les domaines artistiques, de nouvelles questions émergent quant à la protection par le droit d’auteur de ces œuvres.

A propos de Vincente LECOMTE