Les GAFA (Google, Amazon, Facebook et Apple), titans du domaine numérique dont la valeur boursière cumulée dépasse les PIB de l’Espagne et du Portugal réunis, bouleversent tout sur leur passage. En effet, ces monopoles numériques menacent fortement la souveraineté numérique des pays émergents.
Au quotidien, l’économie numérique des pays émergents se trouve confrontée à la position dominante des géants américains du web. Ainsi, sur chaque marché numérique, un seul acteur concentre une large majorité d’utilisateurs et instaure une position dominante. Facebook domine les réseaux sociaux, Google la recherche Internet, Amazon le e-commerce, etc.
Cette emprise des big four sur le marché numérique soulève une inquiétude croissante de la part des BRIC (le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine). Que ce soit parce que ces entreprises de la silicon valley évitent massivement l’impôt ou parce que l’économie de plate-forme qu’elles instaurent à travers l’imposition des standards bouleverse les règles d’organisation de leurs économies nationales.
Cette inquiétude, il faut la comprendre, s’explique par le fait que non seulement la question de souveraineté numérique ne se limite pas au seul aspect économique mais s’étend également et surtout au plan sécuritaire. Et, l’une des manifestations inquiétantes de ce phénomène est la facilité qu’ont les GAFA à recueillir sans entrave les données des citoyens.
Pour recueillir ces données, la méthode des géants américains du web est simple. Proposer des services numériques le plus souvent à titre gratuit aussi bien aux particuliers qu’aux professionnels. Et pour bénéficier de ces services, ceux-ci doivent renseigner leurs données. Avec ces données recueillies, les GAFA assoient leur domination. En effet, la data constitue désormais «la ressource du XXIe siècle» comme le pétrole le fut au XXe.
Ainsi, face à ce danger systémique que représentent les GAFA, la Chine a opté pour un protectionnisme numérique avec l’interdiction de l’utilisation de Google et un harcèlement des autres acteurs mondiaux qui essaient de s’installer sur le marché chinois. L’Inde quant à elle a décidé de reprendre le contrôle de ses données et favoriser l’écosystème local afin de faire émerger ses propres mastodontes du numérique. Pour elle, le stockage des données personnelles des utilisateurs indiens par les sociétés étrangères doit se faire sur son sol.
Aujourd’hui, l’objectif des pays émergents est de «désoccidentaliser» Internet dira Julien Nocetti, chercheur à l’Institut français des relations internationales (IFRI), spécialiste de la gouvernance d’Internet et de l’Internet russe.

A propos de Rockib ASSANI

Cet article a 10 commentaires

  1. Landry Angelo ADELAKOUN

    Bonjour,
    J’ai lu et relu avec intérêt votre article que je trouve excellent. L’agencement des idées, la limpidité et la cohérence sont autant d’éléments qui rend votre article accessibles à un large public, des initiés aux profanes. Merci

  2. Assaba Roméo

    Salut.
    Bel article. J’ai bien lu et compris aussi. La rédaction est claire et vraiment accessible. Je ne savais pas tout cela avant de l’avoir lu ici. Je comprends maintenant que le recueillement de la data par les GAFA constitue une menace économique et sécuritaire pour les États qui n’ont mis aucune barrière pour limiter les dégâts. Mais là, je voudrais simplement comprendre l’impact direct que ce fait pourrait avoir sur l’économie des États. Merci

  3. ASSANI Rockib

    Merci M. Adélakoun. N’hésitez surtout pas d’avoir un regard critique sur l’article.

  4. Yèsida LAGNIDE

    Bonjour,
    c’est avec un grand plaisir que j’ai lu et apprécié la terminologie et le style adoptés dans la rédaction de votre article.
    Il est assez lucide, compréhensible et plein d’intérêt.
    Bon courage à vous pour la suite et à très bientôt pour la lecture d’un autre article.
    Merci

  5. Zohirou TOGBEDJI

    Merci pour l information

  6. ASSANI Rockib

    Merci M. ASSABA pour votre commentaire.
    Personnellement, je pense que les GAFA font la santé de l’économie numérique américaine au détriment de celle des pays dans lesquels ils implantent leurs filiales. Car, fiscalement ils ne se rattachent pas à ces pays là.
    Les économistes pourront nous éclairer davantage.

  7. ASSANI Rockib

    Merci Mme LAGNIDE. À très bientôt pour le prochain numéro.

  8. ASSANI ROCKIB

    M. TOGBEDJI, merci de votre intérêt.

  9. Moudjibou ASSANI

    Merci pour nous avoir éclairé sur la problématique de sécurité numérique.
    Bon courage à toi.
    A bientôt pour un nouveau article.

  10. ASSANI

    Merci M. Moudjibou ASSANI.

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