La télémédecine est définie par la loi du 21 juillet 2009 dite HPST (Hôpital, Patient, Santé, Territoire) comme « Une forme de pratique médicale à distance utilisant les technologies de l’information et de la communication ». Il existe cinq actes de télémédecine : la téléconsultation, la téléexpertise, la télésurveillance médicale, téléassistance médicale et la réponse médicale.
Aujourd’hui, le gouvernement souhaite pousser son développement afin de répondre aux nouveaux enjeux sociétaux que sont le vieillissement de la population, l’engorgement des hôpitaux et la multiplication des déserts médicaux qui nous intéresse ici.  On peut définir les déserts médicaux comme des zones où l’offre médicale est insuffisante pour répondre aux besoins de la population.
Cette faible offre médicale entraîne de longs délais d’attente et un temps de trajet important pour les patients. Cela peut par exemple, avoir pour effet un renoncement aux soins non-urgents. Ce phénomène s’explique notamment par le fait que les jeunes étudiants en médecine préfèrent s’installer en métropole ce qui provoque une raréfaction des médecins dans certaines zones faute de remplaçant.
Le développement de la télémédecine pourrait bénéficier principalement aux départements les plus ruraux de nombreuses manières. Elle permettra d’éviter les déplacements les plus longs, une consultation dans un environnement plus rassurant pour le patient (son domicile par exemple), le désengorgement des hôpitaux pour des cas les moins graves, mais aussi la prise en charge via la téléconsultation ou la télésurveillance des pathologies les moins graves pour lesquelles ces habitants ne se déplaçaient plus en raison de l’engorgement ou le temps de trajet.
Par exemple, dans le Cantal, des services de téléconsultation ont été installés et évitent les déplacements difficiles de patients dans les EHPAD.
Cependant la pratique est critiquée et peine encore à s’imposer. Le premier point concerne la perte de lien du patient avec le médecin. En effet, une partie de la population recherche plus qu’un diagnostic lors d’une consultation et noue avec leur médecin une réelle relation humaine. La télémédecine représente pour ces personnes la vision peu rassurante d’une médecine exercée par des robots ou une intelligence artificielle. Cette tendance est surtout présente dans les déserts médicaux chez les patients en situation d’isolement (souvent des personnes âgées). Il existe donc un paradoxe entre ces patients réfractaires à l’installation de la pratique et la volonté de l’imposer pour ces territoires afin de lutter contre la baisse de la couverture médicale.
De plus, la télémédecine est aussi freinée par les coûts de financement et mise en place des équipements ou les zones blanches non desservies par le réseau internet et qui ne peuvent pas faire l’objet d’un dispositif.
Un autre enjeu est celui de la formation des médecins à ces outils, aujourd’hui insuffisante. Il est nécessaire de préparer les médecins à l’utilisation de ces technologies en faisant travailler les industriels avec les professionnels de santé afin de développer des systèmes adaptés.
Enfin, la sécurité des données de santé issues des opérations de télémédecine inquiète. En effet, la crainte du piratage ou du détournement de ces données est importante. Par exemples, des assureurs qui pourraient s’en emparer et modifier ses offres en fonctions des informations de santé du client et proposer un tarif plus élevé si la personne est en mauvaise santé.
 
La télémédecine pourrait constituer une partie de la réponse au développement des déserts médicaux. Toutefois, elle ne constitue pas une solution miracle car freinée par des enjeux comme le financement ou la sécurité des données. Il est donc nécessaire en parallèle de son installation de soutenir la médecine traditionnelle et de rendre ces zones plus attractives pour les jeunes médecins.

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