Au début du mois de janvier 2018, on apprenait le refus par les autorités américaines du rachat de la société américaine de transfert international d’argent, MoneyGram par la filiale d’Alibaba, Ant Financial, un des leaders de ce secteur. Le projet de fusion tant attendu avait été annoncé il y a un an. L’offre publique d’achat proposée par Ant Financial qui s’élevait à 1,2 milliard de dollars avait été accueillie par le Conseil d’administration de MoneyGram. Toutefois, le Comité sur l’investissement étranger aux Etats-Unis (CFIUS) a finalement émis un avis négatif quant à cette opération pour des raisons de “sécurité nationale“. La fusion des deux sociétés menacerait la protection des données personnelles de millions d’américains utilisateurs du service.
Une certaine garantie de fiabilité des services avait pourtant était mise en avant par Alex Holmes, le PDG de MoneyGram. Il assurait également que la société aurait maintenu son siège social aux Etats-Unis, à Dallas. La question demeurait néanmoins de savoir sur quel site les données auraient été traitées. Car les citoyens américains ne sont pas à l’abri de transferts internationaux de données entre les différentes entités. Si la fusion avait eu lieu, le groupe aurait en effet eu un fort devoir de transparence vis-à-vis des utilisateurs du service et des autorités américaines.
La sécurité des données était également l’argument brandi par le rival d’Ant Financial, Euronet. Ce dernier avait été écarté de la compétition face à la détermination de la filiale d’Ali Baba, qui avait augmenté son OPA de 880 millions de dollars à 1,2 milliard de dollars.
En outre, le Comité avait déjà bloqué d’autres rachats proposés par des entreprises chinoises. Devrait-on relever une intention protectionniste ? On sait que le Président Donald Trump met en avant un fort patriotisme économique. Au-delà de considérations de protection des données des citoyens américains, ce refus semble être motivé par des raisons politiques.
En effet, ce blocage se justifierait par la crainte que les données des citoyens américains soient transférées vers les bases de données des autorités chinoises. La plupart des entreprises maintiennent une certaine proximité avec le gouvernement chinois.
Il semblerait qu’un vent protectionniste souffle sur le secteur high tech. En France, et en réponse à ce constat, le Ministre de l’Economie et des finances Bruno Le Maire, a annoncé qu’il étendrait le décret Montebourg de 2014 sur le patriotisme économique au secteur des hautes technologies.
 
 
 
 
 

A propos de Kahina OUAMRANE