L’interopérabilité d’un système s’entend de sa capacité à communiquer avec un système distinct sans altération des flux de données échangés. Le chiffrement de protocoles de rencontre, de reconnaissance et d’accord va classiquement régir ce domaine des communications numérisées. D’autres procédés plus confidentiels permettent ce dialogue avec des interlocuteurs indésirables, à l’insu de l’utilisateur du système informatisé.
L’imprimante de bureau, présente dans la plupart de nos espaces de travail modernes, est l’un des plus anciens interfaces communiquant de nos ordinateurs personnels. De l’impact d’un abécédaire sur une bande encrée à la photolithographie électrostatique, procédé qualifié d’électro-photographique, l’évolution technologique de nos imprimantes explore sans cesse de nouveaux territoires. Les procédés de modélisation technique en 3D seront eux-mêmes qualifiés d’impression par analogie à la technique ancrée dans l’affectif populaire.
Les dispositifs d’impression, comme tout appareil sur un réseau, ne correspondent pas de façon neutre avec leur interfaces de fonctionnement, qu’ils soient logiciels ou support papier. Sans paramétrage spécifique, le support devient porteur d’une ou plusieurs marques numériques de reconnaissance. Les procédés de signature envisagés peuvent prendre plusieurs formes et dans le cas de l’impression papier ils utilisent des procédés de sténographie. La sténographie se définit comme une méthode de photographie de la parole à des fins d’accélération transcriptrice. Plus prosaïquement, elle s’entend d’un chiffrement dans une image ou représentation graphique.
Vous l’ignoriez ? Là où le bât blesse, c’est que votre imprimante de bureau, elle non. En effet, sans nommément la stigmatiser, cette fidèle compagnonne de travail vous espionne sans doute en technicolor. Les grands fabricants de matériel d’impression introduisent dans leurs logiciels de retranscription numérique sur support papier, des matrices de points invisibles à l’œil nu, qui identifient votre imprimante couleur. Les points jaunes sur fond blanc sont mieux identifiables sous un spectre bleuissant ou de lumière noire.
L’Electronic Frontier Foundation[1] a porté à la connaissance du grand public ce dispositif anti-contrefaçon négocié entre le gouvernement américain et les grands fabricants de matériel d’impression. Son avertissement ne concerne à priori que les imprimantes couleur et une pétition a été lancée pour mettre fin à cette pratique intrusive. En effet, les détracteurs de cette technique de marquage arguent qu’une qualité de reproduction d’un instrument fiduciaire crédible par ce procédé est inatteignable. En revanche l’utilisation de ce processus identifiant a encore récemment permis la lutte du gouvernement américain contre la fuite de ses données stratégiques sensibles. Et notamment l’identification en 2017 du hacker social Reality Winner  comme suspect dans une affaire de fuite de documents de la National Security Agency NSA.
En conclusion, si vous n’êtes pas en mesure de cartographier les composants électroniques et logiciels de vos matériels informatiques et la gestion subséquente des flux électriques qui les traversent, cette ignorance ouvre une brèche conséquente dans le dispositif de sécurisation de vos données.
[1] Liste des imprimantes concernées : Electronic Frontier Foundation
[2] Crédits image : Electronic Frontier Foundation

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