Au cours des dix dernières années, les grands groupes et les investisseurs se sont principalement concentrés sur l’innovation digitale (les applications mobiles, les plateformes numériques …). Néanmoins, leur intérêt se porte de plus en plus vers les « Deep Tech », ces start-up proposant des produits ou des services basés sur des innovations de rupture. Les deep tech explosent en Europe, aux Etats-Unis et en Asie depuis plus d’un an. Cependant, bien que leur potentiel soit immense, elles se heurtent à de nombreux obstacles qui freinent leur développement.   
Depuis une quinzaine d’années, les start-up dites « classiques » innovent à partir de technologies déjà existantes. Mais les deep tech viennent bousculer ce schéma en se concentrant sur l’innovation de rupture.  Ces jeunes entreprises,fondées sur des avancées scientifiques ou technologiques majeures naissent souvent entre les quatre murs d’un laboratoire. Leur but affiché est de résoudre les grandes problématiques du XXIe siècle, que ce soit dans le domaine de la santé, de l’environnement, des énergies, des finances, des transports etc.
Certains diront que le terme « deep tech » ne fait que désigner l’exploitation des technosciences existantes depuis le XIX siècle. Mais c’est la première fois que ce phénomène prend autant d’ampleur. La convergence des nouvelles technologies à disposition (Big Data, IA, réalité virtuelle, IoT, blockchain, robotique, biotech …) permet de créer des solutions totalement inédites.

Exemple de Deep Tech : la start-up Lilium Aviation, propose le Lilium Jet , un avion bi-place à décollage vertical destiné à devenir un taxi volant.

Une augmentation massive des investissements  
Le 4 avril 2017, le Boston Consulting group et l’organisme Hello Tomorrow ont publié conjointement une étude inédite intitulée « De la tech à la Deep Tech ». Elle révèle que le nombre de ces start-up particulières augmente très rapidement. La création de deep tech a quintuplé tous les ans en Europe et aux Etats Unis depuis 2011 et on en totalise  3 500 en 2015 à travers le monde.
Leur financement a également connu une forte hausse. Bien que les deep tech se développent dans tous les secteurs, c’est celui des biotechs qui en a le plus profité. En 2015, ce secteur a levé 7,9 milliards de dollars, soit 4 fois plus qu’en 2011.  Les investissements dans la réalité virtuelle et les drones sont passés de 100 millions de dollars en 2011 à 3,5 milliards en 2015.
Des défis à relever
Contrairement aux start-up classiques, les deeps tech doivent faire face à des problématiques spécifiques.
Elles souffrent très souvent de délais de mise sur le marché rallongés en raison d’une longue R&D pour transformer leur technologie en produit ou service fonctionnels. Par exemple, la société NovaGrey, spécialiste de la technologie de radiothérapie, obtient la validation de son essai clinique en 2015 alors qu’elle travaille sur le sujet depuis 1995.
Il en découle des besoins en capitaux importants qui effraient les investisseurs français. Dans l’hexagone, 45% des financement de ces deep tech proviennent du secteur public contre 35% dans le reste du monde et 26% aux Etats-Unis.
Pourtant, de tels investissements en valent la peine.  Bien que le chemin soit long, lorsque la start-up finalise sa R&D et trouve des clients, son avance technologique lui octroie un avantage concurrentiel très conséquent.
Le rôle déterminant des grands groupes
L’étude explique clairement que l’essor des deep tech en France ne pourra s’opérer qu’avec le soutien des entreprises et plus particulièrement celui des grands groupes. D’après Philippe Soussan, co-auteur de l’étude et directeur associé du Boston Consulting Group, ils constituent « les seuls partenaires potentiels capables de répondre aux besoins des start-up, qu’ils soient techniques, industriels, commerciaux et humains ».
En effet, si les start-up interrogées sont matures sur le plan technologique, elles disent avoir besoin de conseils pour orienter leur arrivée sur le marché et développer une stratégie commerciale cohérente.
Cependant il existe une méfiance réciproque. D’un côté, les deep tech ont du mal à faire confiance à des entreprises souvent trop déconnectées de leur réalité structurelle et culturelle. De l’autre, les grands groupes doivent faire évoluer leur vision du partenariat avec ces start-up spécifiques. Ils doivent comprendre les contraintes réglementaires qui freinent leur expérimentation et le temps dont elles ont besoin pour arriver à maturité.

A propos de Chloé MAIRE