un homme regarde une application de messagerie sur son portable
Les services arrivent directement sur nos messageries instantanées

Dans la partie 1, nous avons vu comment les messageries pourraient prendre petit à petit le pas sur les applications smartphones. Abordons maintenant plus en détail le modèle « Messenging as a Platform » ou « MaaP ».

Mike Myer est le fondateur d’une entreprise spécialisée dans les applications de plateformes de messagerie instantanées.
Selon lui, le modèle MaaP est initialement basé sur « les systèmes de messagerie dite « fermée » qui n’envoient et ne reçoivent des messages que par une unique application de messagerie », comme Facebook Messenger ou WhatsApp par exemple.
Ces messageries « fermées » évoluent en « plateformes sur lesquelles il est possible de créer des applications qui envoient et reçoivent elles-mêmes des messages » : un agrégateur de messageries en somme.
Par ces messages, il sera possible pour les utilisateurs, grâce aux marques, de recevoir des services simples tels que la commande de repas, des réservations, des achats en ligne, des demandes d’information, etc.
Ces messageries en tant que plateforme de services font appel à des micro services : des applications indépendantes programmées pour fonctionner dans un cadre différent de celui qui le contient (OS, langage, framework, etc). Elles sont donc différentes des applications mobiles traditionnelles, appelées parfois « monolithiques » car composées de modules ne pouvant fonctionner de façon autonome.
Aujourd’hui, les grands groupes, comme Google et ses Android Instant Apps, ont déjà recours à ces micro services.

Intérêt des MaaP : les utilisateurs accèdent immédiatement à des services simples et de façon fluide

Les messageries en tant que plateforme de service s’inspirent de plusieurs tendances :
Les applications invisibles pour obtenir un service simple et rapide :
Comme l’expliquait déjà en 2015 Caroline Pandraud de Fabernovel Innovate, les « invisibles apps se positionnent là où télécharger une application aurait peu de sens. Elles vous proposent un canal de communication privilégié et temporaire pour répondre à des besoins occasionnels » : conciergerie, réservations, livraison, banque, etc.

La conciergerie "Clac Des Doigts" est une "invisible app" passant par le SMS
La conciergerie “Clac Des Doigts” est une “invisible app” passant par le SMS.
Source : Fabernovel

Les services doivent être disponibles immédiatement et de la façon la plus universelle possible. Le SMS et l’e-mail sont deux canaux qui sont déjà utilisés dans ce but, mais ces services se déportent aujourd’hui sur les messageries instantanées.

WeChat et ses mini-programmes court-circuitent les applications mobiles :

WeChat est la première et la plus populaire des messageries en tant que plateforme de service. Indispensable en Asie et source d’inspiration pour les messageries instantanées occidentales, l’application de messagerie de Tencent offre en elle-même des espaces exploitables par les marques et les entreprises pour créer leur propre univers, sans passer par des applications mobiles dites « monolithiques ».

Il est facile de trouver les mini programmes sur WeChat, à condition d'avoir scanné le QR code ou reçu l’invitation correspondante. Source : dmb-shanghai.com
Il est facile de trouver les mini programmes sur WeChat, à condition d’avoir scanné le QR code ou reçu l’invitation correspondante.
Source : dmb-shanghai.com

Ainsi, c’est grâce à des mini-programmes que les utilisateurs peuvent accéder à de multiples fonctions offertes par les marques : localisateurs de magasins, commande et suivi de livraison, jeux, etc.
Tout ce qu'un utilisateur de WeChat peut faire.
Quelques exemples d’utilisations de WeChat.
Source : We Are Social, Future Social Key Trends in Social Media

Allons-nous vers une cohabitation entre les applications mobiles traditionnelles et les plateformes de services sur messagerie avec une répartition des usages entre les deux modèles ? Ou plutôt vers une concentration des services sous une ou plusieurs messageries ? Dans ce dernier cas, cela bousculera des modèles économiques bien établis et amènera, entre autres, la fin des catalogues d’applications.