C’était en mars dernier, à Tokyo. Après plus de 7 années fidèlement posté devant le centre commercial de l’île artificielle d’Odaiba, fixant symboliquement le Miraikan, musée de la robotique, le robot géant le plus célèbre du Japon a tiré sa révérence. L’occasion idéale pour faire une retrospective de la relation si particulière qu’entretien le pays avec les colosses de metal. 
 

 

 
Il n’avait beau être capable que de faire pivoter légèrement sa tête, cela n’empêchait pas une foule de 200 personnes de venir l’admirer chaque jour. Des jeunes enfants qui ne savaient probablement même pas de quoi il s’agit réellement aux adultes de plus 40 ans nostalgiques qui avaient regardé le premier dessin animé, le spectacle émerveillait petits et grands.
 
« Nous sommes en l’an 0079 du Calendrier Universel. Un demi-siècle s’est écoulé depuis la décision de la Terre de faire déménager son excédant de population dans de gigantesques colonies spatiales en orbite: de nouveaux foyers pour l’humanité, ou les gens naissent, et meurent. » C’est sur cette phrase désormais célèbre que commençait en 1979 la première série animée Mobile Suit Gundam. Son créateur, Yoshiyuki Tomino ne le savait pas encore, mais il venait de créer un dessin animé qui allait marquer des générations.
 

Image tirée de la première série Gundam de 1979

 
Loin des standards manichéens des dessins animés de l’époque, Gundam s’est rapidement imposé comme une oeuvre pilier de la science fiction japonaise. Les spectateurs ont suivi pendant 42 semaines les péripéties d’Amuro Ray, jeune pilote impliqué contre son grès dans une guerre atroce opposant la fédération Terrienne à l’une de ses colonies spatiales indépendantistes.
Si lors de sa sortie sur les écrans, la série originale passe dans un premier temps inaperçue, elle connaitra en revanche par la suite un succès monumental lors de sa rediffusion en version compilée au cinema un an plus tard. Son éditeur, Sunrise, n’hésitera donc évidemment pas à saisir l’appel du gain, et cherchera, les années suivantes, à diversifier son univers en demandant à Tomino de créer d’autres nombreuses séries, mettant en scène de nouvelles histoires, et surtout, de nouveaux robots.
 
La dernière série Gundam, Iron Blooded Orphans, a connu un succès important y compris en dehors du Japon

 
Car bien entendu, les fans de ces « armures mobiles » géantes sont nombreux au pays du soleil levant. Alors que la popularité du concept de robot en général n’est plus à prouver dans un pays qui souhaite aujourd’hui tout automatiser dans son industrie comme dans la vie du quotidien, un business colossal s’est créé autour des « Gunpla », ces maquettes miniatures en plastique des robots mis en scène dans la série. Quoi de plus ironique pour un dessin animé résolument adulte, très en avance sur son temps, qui malgré les affrontements incessants et cruels qu’il mettait en scène, demeurait extrêmement critique vis à vis des guerres.
 
Aujourd’hui encore, le marché de la science fiction au Japon est à l’image de son industrie robotique: il poursuit sa course effrénée vers des chiffres toujours plus gros, parfois en dépit de tout bon sens. Ce ne sera donc surprenant pour personne d’apprendre que le retrait de la statue géante du premier Gundam original à Odaiba n’est que temporaire. En effet, il sera remplacé cet automne par un modèle plus récent et plus grand de trois mètres, le Gundam Unicorn,
 
Le Gundam Unicorn viendra remplacer son prédécesseur cet automne

 
En 2019, pour les 40 ans de la licence Gundam, les ingénieurs ont vu les choses en grand, et comptent se lancer dans un projet aussi improbable qu’inédit en créant pour la première fois non pas une statue géante du Gundam, mais bel et bien une version fonctionnelle, capable de bouger l’intégralité de son corps et de marcher. Renversant.

A propos de Bruno C.