Alors qu’elle jouait au jeu QuiVR sur son HTC Vive, Jordan Belamire a été agressée sexuellement dans l’espace de réalité virtuelle. Une expérience qui fut pour elle aussi inédite que douloureuse, surtout après avoir subi une première agression dans le monde réel.
 
Après avoir été palpée contre son gré dans un café Starbucks en plein jour, une jeune femme trentenaire a subi une deuxième agression, cette fois-ci dans un jeu vidéo, lorsque l’un de ses camarades de jeu en ligne lui a virtuellement molesté la poitrine, sur le ton d’une mauvaise blague perverse. Selon ses dires, ce qu’elle a ressenti dans le jeu vidéo n’était pas très éloigné de ce qu’elle avait vécu dans la réalité : l’utilisateur en ligne, ayant remarqué qu’elle était une femme en l’entendant s’exprimer au micro de son casque, a commencé à la harceler dans la réalité virtuelle et à mimer des gestes obscènes aux cotés de son avatar. Ce fait divers a fait l’objet d’un débat sur la toile, certains internautes reprochant à Belamire d’exagérer l’incident, et pose la question de la possibilité effective d’être victime d’une agression dans la réalité virtuelle. La jeune femme se disait en fin de compte plus choquée par les réactions des internautes qui considèrent qu’il est impossible d’être agressé sexuellement en réalité virtuelle que par l’incident en lui-même.
 

 

 
De façon plus générale, le jeu vidéo en ligne est connu comme étant l’un des environnements les plus propices à l’« infraction facile » : insultes, menaces, harcèlement, humiliation, diffamation, vol de comptes, etc. Les réseaux de jeux ont beau pu se doter de chartes et de tenter de sensibiliser les joueurs pour qu’ils adoptent des bonnes conduites lorsqu’ils jouent en communauté, la réalité est que beaucoup se croient encore tout permis lorsqu’ils sont seuls face à leur écran, alors qu’ils s’adressent bien à d’autres individus réels.
 
En réponse à ces phénomènes, les réseaux sociaux ont vu émerger, au cours des dernières années, de nombreux activistes, en grande partie féministes, qui dénoncent l’espace en ligne comme une source de harcèlement sexuel radical généralisé, avec en tête de liste les jeux vidéos. Ces derniers, souvent développés par des hommes et pour des hommes, sont rarement pensés pour des femmes, et peuvent amener, dans des cas extrêmes, à des conflits pénaux sérieux. Ils peuvent aussi influencer l’industrie elle-même, comme ce fut le cas l’an dernier, lorsque l’éditeur de jeu japonais Tecmo Koei a refusé de localiser en occident son jeu Dead Or Alive Xtreme 3, tristement célèbre pour permettre au joueur de regarder des femmes en bikini en réalité virtuelle, afin d’éviter toute polémique et toute condamnation.
 

L’interdiction de Dead or Alive Xtreme en occident a nourri la polémique sur le statut des femmes dans la réalité virtuelle.

 
Si actuellement, la réglementation et la classification des contenus en matière de logiciels de jeux sont gérées par l’Entertainment Software Rating Board (ESRB), les classifications que fournit cet organisme ne sont que des indicateurs du contenu des logiciels, et ne permettent en rien de réguler la publication des contenus de réalité virtuelle.
 
Les technologies de réalité virtuelle se diffusent de plus en plus, et affinent de plus en plus la barrière entre monde virtuel et monde réel : les utilisateurs ont parfois l’impression que le corps de leur avatar est le leur tant l’immersion est grande, à tel point que Belamire disait avoir eu l’impression que la main qui la palpait semblait réelle tant les mouvements des doigts semblaient authentiques. Pour lutter contre ce genre d’attitude, l’application AltspaceVR avait mis en place une fonctionnalité permettant de déployer une bulle autour de son avatar : une solution temporaire en attendant que l’industrie propose une réponse plus pertinente, sous forme d’un standard paré à toute éventualité.
 
Source: https://mic.com/articles/157415/my-first-virtual-reality-groping-sexual-assault-in-vr-harassment-in-tech-jordan-belamire#.8tnndFAxm

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