Afin de lutter contre la corruption, l’Inde a engagé une vaste campagne de démonétisation et rend possible le paiement via empreintes digitales.

Le programme Aadhaar

Tout commence en 2010,  lorsque le gouvernement indien décide de mettre en place un ambitieux programme d’identité numérique reposant sur la multibiométrie : Aadhaar. Ce programme est porté par l’Autorité d’Identification Unique de l’Inde (UIDAI).
Aadhaar  signifie « fondation » en hindi et reflète bien l’esprit de ce programme puisqu’il permet aux individus d’être reconnus officiellement par le gouvernement.
Chaque résident indien se voit attribuer un numéro unique à 12 chiffres qui est associé à 3 de ces données biométriques :  ses empreintes digitales, son iris et son visage. Cette carte d’identité virtuelle permet ensuite aux personnes d’accéder à différents services tels que les aides sociales, les services bancaires, les soins médicaux etc.
Aujourd’hui, 1,1 milliard d’indiens adultes possèdent un identifiant et 100 millions en sont encore dépourvus.

L’application Aadhaar Payment

Alors que la campagne de démonétisation bat son plein, l’Inde a mis à disposition l’application Aadhaar Payement le 25 décembre 2016.  Cette application mobile permet de régler ses achats uniquement via empreintes digitales, sans autres moyens de paiement habituels type carte bleue ou smartphone.
Il faut dans un premier temps que chaque individu relie son compte bancaire à son numéro Aadhaar et son empreinte digitale. Pour se faire, l’individu doit disposer d’un smartphone sous Android et télécharger l’application Aadhaar Payment. Il doit ensuite se procurer un terminal biométrique vendu 2000 roupies (environ 30€). Il lui suffit enfin de connecter son compte bancaire avec son numéro Aadhaar et de scanner son empreinte digitale. L’individu pourra alors payer du bout du doigt dans tous les commerces équipés du même dispositif.  
Ajay Bhushan,  le président de l’UIDAI, explique qu’actuellement 400 millions de comptes bancaires sont déjà reliés à des numéros d’identification Aadhaar, soit environ la moitié des adultes indiens.  L’ambition affichée est de faire correspondre la totalité des numéros Aadhaar à des comptes bancaires d’ici à mars 2017.

Problèmes à l’horizon

Si ce vaste programme représente une avancée majeure, quelques problèmes se profilent à l’horizon et risquent de freiner le développement des paiements via empreintes digitales.
Le premier souci est celui de la connectivité. Si le marché indien du smartphone à la plus forte croissance mondiale, le taux d’équipement reste faible puisque seul 1 indien sur 6 possède un smartphone. De plus, pour pouvoir utiliser Aadhaar Payment, les commerçants auront besoin d’une connexion internet stable. Cela rend donc inutile l’application dans les zones peu ou pas couverte par le réseau internet. Par ailleurs, en 2016 en Inde, le taux de pénétration d’internet est seulement de 35 % (460 millions d’internautes), ce qui signifie que les deux tiers de la population ne sont pas connectés et ne pourront pas bénéficier du service.

Source : www.wearesocial.com , reporting de septembre 2016

Autre interrogation majeure : la sécurisation des données. Une base de donnée contenant des informations aussi personnelles que les empreintes digitales et les comptes en banque de million d’individus constitue une cible de premier choix pour les hackers. La sécurité d’un tel dispositif nécessite donc des moyens de sécurisation très importants. Or, le 26 décembre dernier, soit 24 heures après le lancement de l’application , le site d’Aadhaar était déjà tombé …

A propos de Chloé MAIRE