C’est LA question qui a agité le petit monde du numérique pendant quelques mois et qui n’a toujours pas trouvé de réponse ; ou du moins de réponse juridique en ce qui concerne la bataille que se livrent l’entreprise Apple, dirigée par Tim Cook, et le FBI avec à sa tête James Comey.
 
Rappelons que pendant plusieurs semaines le FBI et Apple, se sont livrés une lutte acharnée afin de savoir si oui ou non Apple devait aider le FBI, et débloquer ainsi l’accès de l’iPhone d’un des suspects de la fusillade ayant eu lieu à San Bernardino en décembre 2015. Tim Cook n’a jamais répondu favorablement à cette demande, considérant que l’exploitation d’une porte dérobée bénéficie autant aux services de police qu’aux personnes malintentionnées, et met en danger la vie privée de ses utilisateurs.
Après les révélations d’Edward Snowden et le scandale de l’affaire Prism, Apple avait été en première ligne des critiques, la firme de Cupertino était accusée, comme d’autres géants du web, de favoriser l’accès des données de ses utilisateurs aux services des renseignements américains.
Suite à ces révélations, on sait désormais que les éléments stockés sur les serveurs d’Apple, ou de tout autre entreprise de nouvelles technologies, sont interceptables par la NSA.
 
L’affaire de San Bernardino diffère en ce qu’elle concerne essentiellement les éléments stockés (en local) sur un appareil, et non les éléments stockés sur les serveurs de la firme à la pomme.
Cependant la justice n’a pas eu l’occasion de trancher sur ce cas d’espèce, le FBI ayant trouvé la solution ailleurs, à savoir par l’intervention d’un tiers, qui a développé le firmware tant attendu par le FBI et ainsi permis l’accès aux données du téléphone.
De son coté Apple a souhaité avoir accès à la faille de sécurité exploitée par ce fameux tiers (la société israélienne Cellebrite), réponse laissée lettre morte par le FBI ; la question étant de savoir si cette fois-ci la justice a les moyens de contraindre le FBI d’informer les entreprises sur les failles de sécurité que comportent leurs appareils.
 
D’un autre coté, la réponse d’une astreinte forcée des entreprises technologiques de fournir une backdoor sur les appareils n’a elle non plus, toujours pas trouvé de réponse juridique. Et c’est tant mieux dirons certains, car l’enjeu est de taille, cette réponse aboutirait à se positionner sur le pouvoir de contrainte que pourrait exercer les autorités de police sur les fabricants de solutions technologiques.
A ce titre la demande du FBI se fonde sur la possibilité qu’offre le All Writs Act datant de 1789 et permettant à un tribunal d’exiger la collaboration d’une tierce partie pour aider les autorités dans leurs affaires en cas de force majeure et lorsqu’aucun autre outil juridique n’est disponible.
Si à terme cette affaire se retrouve devant la Cour Suprême statuant en faveur du FBI, les autorités auront la possibilité de contraindre n’importe quelle entreprise de coopérer peu important le fond de l’affaire : terrorisme ou droit commun.
Apple n’est pas la seule entreprise visée dans cette affaire. Le service de messagerie instantanée WhatsApp, détenu par Facebook, s’est lui aussi retrouvé dans la tourmente judiciaire.
Sur le sol brésilien cette fois-ci, et pour une affaire de criminalité organisée, la police voulait avoir accès aux échanges d’une personne poursuivie. L’entreprise ne pouvant répondre favorablement à la demande depuis qu’elle exerce le chiffrement de bout en bout, elle ne stocke plus les échanges sur les serveurs de l’entreprise – ceux ci ne font plus qu’y transiter- et sont stockés en local sur le téléphone.
De plus en plus de solutions technologiques offrent un système de chiffrement « en local » sur les appareils, ce qui rendrait le travail des services de police plus contraignant.
 
Sur le terrain de la surenchère technologique, le match Sécurité versus Vie Privée fait balle neuve en attendant le prochain jeu.
 
 
Célie Zamora

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